MULTIPLE PHOTOS« LA 2STV M’A BEAUCOUP APPORTE»
ÉVA TRA, STYLISTE – ANIMATRICE TV
A l’annonce de son départ de la 2STV, l’année dernière, nombreux étaient ceux qui la suppléaient de rester pour l’immense plaisir immense, dont elle seule avait le secret. Awa Traoré de son vrai nom devenue Éva Tra Diagne a su convaincre en image et en verbe un audimat très critique et suiveur. Son absence de l’écran pour un "moment" aura été bien remarquée sur la 2STV, la chaîne qui l’aura fait découvrir aux sénégalais. En effet, c’est le grand retour pour la "grande royale" qui compte apporter du sang vraiment chaud et très neuf à l’écran. Des concepts d’émission, Éva en à la pelle et compte les mettre au plaisir de ses admirateurs et admiratrices. Entre deux murs, elle s’est livrée au tutoiement de GRAND-PLACE. Echanges agréables.
GRAND-PLACE : Éva, qu’es-tu devenue, après ton départ de la télé ?
ÉVA TRA : Je suis restée moi même dans le style, dans l’esprit et le comportement. Le tout fait ÉVATRA. Cette Éva Tra, cette jeune dame qui vit sa vie, tranquille, entre la mode et la télé ; qui est née à Dakar, a grandi entre Fass, Gueule-Tapée et la Médina. Cette jeune fille qui a étudié entre Baudelaire pour sa préscolaire, Maurice Delafosse et Lamine Guèye, pour un cursus très simple. J’ai dû arrêter mes études en première pour faire une formation en stylisme chez "Maman" Collé Ardo Sow.
T’as eu une base solide apparemment et t’as choisi d’arrêter tes études ? Pourquoi ? T’as dû faire face à tes parents. Non ?
J’ai dû arrêter mes études parce que j’étais très passionnée par la mode, la coiffure, les tissus, les épingles et les chiffons. D’ailleurs, une anecdote. Mon père m’a dit au final : "j’aurais préféré avoir une fille juriste, écrivaine, mais puisque ton choix est porté sur le chiffon, bon vent" (Rire). Grande fut sa surprise quand il a vu ma première création, il n’en revenait pas et m’a tout de suite accordé sa bénédiction. Du tout alors… entre un père enseignant, littéraire, "senghorien" bon teint, une mère traditionnelle, mais très ouverte, qui tenait à l’avenir de ses enfants, ce n’était pas facile.
Ton départ de la télévision a surpris plus d’un. Comment tu as vécu cette situation et qu’en ont pensé tes proches, ton mari, ta famille ?
C’était juste une simple suspension d’activité le temps de favoriser, de consolider d’autres projets qui étaient déjà en cours. Et présentement j’ose dire que cela s’est avéré salutaire. Alhamdoulilah… Quant à ma famille, il faut dire que les avis étaient partagés. Mais tout est bien qui fini bien. Ce break, j’en avais besoin.
Aujourd’hui, on parle de ton probable retour à la télé. Est-ce vrai? Et si tu reprends service, ce sera toujours pour la 2STV ou pour une nouvelle chaîne ?
J’irai là où le vent m’emportera ; le vent…(rires). J’irais à la télé qui voudra de mes prestations. Là où je serai tranquille, là ou j’aimerais être. Comme le dit l’adage, la direction du vent pas celui qui ne sait pas où il va. Par contre, par rapport à moi, à ma nature, je saurai dans mon choix intégrer les critères favorisant mon évolution dans la boîte que j’aurai á choisir.
Quels sont les mets que tu nous prépare pour ta reprise ?
Aaah ! Affaire à suivre "lepnako bamu feegn" (je garde le secret).
Il est dit que les célébrités femmes ne restent pas longtemps dans leur ménage. Que dis-tu de cela? Et quels conseils donnerais-tu pour résister à cette tendance ?
Grand, tu sais, il ne faut pas oublier que ces célébrités, hommes comme femmes sont tout d’abord des personnes capables d’avoir des "chichis", des "bobos", des ennuis et qui mènent la vie comme tous, assujettis aux facettes tantôt "nekh" agréable), tantôt "nakhari" (désagréable) et qui sont inhérentes à notre quotidien. Quand on est convaincu de son choix, on l’assume et assumer son choix, c’est tout faire pour le rendre agréable, vivant, etc. Et tout faire pour l’éloigner de toute connotation matérielle parce que d’aucuns pensent déjà que célébrité rime avec narcissisme, chiffre, calcul et folie. C’est tout faux. Quant à cette tendance, je préfère noter constat à la place : comme nous sommes éducateurs, pour nous, tendance s’inscrit dans le parfait.
Éva Tra, est-ce une marque ?
Les 2 mots collés constituent la marque. Ce qui nous conduit à parler de Bamanan Style qui est ma maison de création. Bamanan, c’est un mot bambara qui signifie bambara (quelqu’un qui refuse). Le style Bamanan existe, on a même des masques qui portent ce nom, avec des antiquaires qui te le diront. Raison pour laquelle, il m’arrive de travailler avec les signes Bamanan, très différents des écritures chinoises qu’on a tendance à mettre sur nos habits, ne connaissant pas la signification. Les signes Bamanan (les Dogons) existent et parlent. Pour ceux qui sont curieux, ils peuvent faire des recherches sur la culture des Dogons.
Ta création semble s’ouvrir à l’extérieur ?
Ma création est ouverte à toutes les cultures africaines, car moi je crois au panafricanisme et au respect de toutes les cultures. Je suis à chÉval entre trois cultures : un père guinéen, une mère malienne, moi sénégalaise, enfin africaine. Tu vois un peu l’Afrique que je symbolise. À travers l’habillement qui est un langage à lui tout seul, qui démontre son appartenance ethnique ou religieuse et parfois, transmet un message. L’Afrique étant toujours à la mode – c’est ma conviction – c’est ma façon à moi d’assumer mon africanité.
Quels ont été les moments les plus forts de tes débuts dans le stylisme ?
Mon défilé avec Promo Import. Mais, aussi, quand une amie m’a invité à présenter une collection au Méridien, pour son agence de voyage. C’était la première fois. C’était inoubliable et c’est à partir de ce moment que j’ai compris que seul le travail paye. Et j’y crois. Instruit ou non instruit, riche ou pauvre, il faut travailler. Et chaque jour est important dans notre vie. Alors, les temps forts, finalement, c’est chaque jour que Dieu nous donne. Al hamdulillah.
Éva, tu es à mi-chemin entre ton boulot de styliste et la télévision. Comment lies-tu les deux ?
Très difficile. Mais, quand on aime ce que l’on fait, avec un peu de courage et d’abnégation, on y arrive : je crois profondément au travail. Je te le répète, il faut toujours bosser. Figure-toi, il m’arrive de quitter les ateliers à minuit ou à des heures plus tardives, parce que simplement, tout le monde sait et les femmes ne me démentiront pas, le marché est saturé. Donc, il faut beaucoup créer, avoir un style différent, original, être compétitif, avoir sa propre griffe, pour mieux maintenir sa place. C’est après mon travail que je fonce à la maison, pour m’occuper de ma famille.
Tu sembles bien organisée. C’est une nature chez toi, la méthode ?
Je suis sûre que sans organisation et méthode, on ne s’en sortira jamais ; mais, il faut dire que je suis bien entourée par ma famille, mon mari qui me soutient à merveil ; mes amis qui me soutiennent sans limite et qui n’hésitent pas à même venir me prendre mes outils de travail pour me demander de rentrer (elle rigole).
Tu disais qu’elles étaient toutes belles, les femmes. Qu’est-ce qui fait la beauté d’une femme, selon toi ?
C’est un tout. Ce sont, d’abord, les valeurs et vertus, parce qu’on ne peut pas parler de beauté sans parler d’éducation. Une femme doit être naturelle, bien éduquée, rester elle-même, assumer sa féminité de A à Z. C’est cela le comportement de tous les instants avant la beauté physique. Sans cela, on ne peut pas parler de beauté. La beauté d’une femme, c’est un ensemble.
Éva, est-ce que les Sénégalais s’habillent bien ?
Oui ! Les Sénégalais ont beaucoup de goût. Ils sont raffinés.
Comment doit-on s’habiller selon toi ?
Il faut s’habiller selon sa stature, son physique et ses goûts. Cependant, il est important de tenir en compte la sensibilité des valeurs et des codes sociaux des gens autour de nous. C’est important. Se faire rejeter à cause d’un style vestimentaire, c’est moche. Il faut souvent penser aux autres, car même si l’habit ne fait pas le moine, on reconnaît toujours le moine par son habit.
Éva, on taquine nos autorités. Est-ce qu’ils sont à la mode ?
Tout d’abord, elles n’ont pas à suivre la mode ; car la mode peut ne pas être de leur temps. Je précise déjà que je n’ai pas de leçon à leur donner. Mais, je sais simplement qu’une autorité n’est pas une star… qui est censée faire rêver ; alors que l’autorité doit être en phase avec l’image de son pays. Cela ne voudrait pas dire casser son style, parce que le style est aussi important.
Les costumes portés par nos ministres et autres célébrités... Tu trouves qu’ils sont "in" ?
"In" ou "out" (rires aux éclats !), l’essentiel, c’est d’avoir un style. Je les regarde rarement. Mais, ils doivent rester sobres, sans être fantaisistes ; surtout pas d’extravagance.
Éva, c’est qui ta clientèle ?
Ma clientèle, ce sont les gens de culture, les femmes classiques et sobres.
Un mot sur la télé… qui t’a montré au monde entier, la 2STV ?
La 2Stv m’a beaucoup apporté… Chaque week-end, par le biais de l’émission "Elle sont toutes belles", j’avais une nouvelle amie, des gens m’aiment, me côtoient, les belles dames, les grands-mères, les jeunes, les grands-pères, tout le monde me témoigne sa sympathie. Je leur dois beaucoup.