«Aucune organisation professionnelle de journalisme n’acceptera que l’Etat définisse les genres rédactionnels»
MAME LESS CAMARA RECADRE LE GOUVERNEMENT
A la faveur d’un panel organisé par la Convention des jeunes reporters du Sénégal, hier, Mame Less Camara, le journaliste formateur n’a pas pris de gants pour s’insurger contre l’immixtion du gouvernement dans certaines questions qui interpellent exclusivement les journalistes. Interpellé hier, au sortir du panel animé par son confrère Tidiane Kassé, le juriste Bouna Manel Fall et lui, Mame Less Camara, s’est fortement démarqué de la volonté affichée par l’Etat de mettre de l’ordre dans les revues de presse. Et c’est pour dire qu’«aucune organisation professionnelle de journalisme n’acceptera que l’Etat définisse, les genres rédactionnels».
Journaliste et analyste politique, il a affirmé que mettre de l’ordre dans les revues de presse, cela «relève de la corporation, ou (…) à la rigueur des écoles de journalisme». Il dit penser, en ce sens, «qu’il est imprudent pour un gouvernement de s’immiscer dans des choses aussi intimes à la corporation que la revue de presse. Après la revue de presse, qu’est-ce qu’on va faire, on va réglementer les reportages, les enquêtes, (…) non ! Je pense qu’il y a des secteurs dans lesquels il faut mettre de l’ordre», a indiqué Mame Lesse Camara.
Il a souligné, d’ailleurs, que «ce qu’il faut concernant la revue de presse, c’est, beaucoup plus, ouvrir des discussions sur un certain esprit». Il dit être favorable à l'ouverture d’un débat, «si on fait de la revue de presse, avec l’objectif de prendre prétexte littéralement d’un article pour faire un commentaire orienté vers la malveillance, vers les images négatives, systématiquement la moquerie». Mais, poursuit-il, l’Etat ne peut pas s’amuser à définir ce que c’est qu’une revue de presse. Je pense qu’il vaut mieux renoncer à cette idée et aller vers les rédactions pour discuter avec elles de la possibilité d’avoir des revues de presse plus fidèles à l’esprit du texte, parce qu’effectivement, certaines revues de presse dérivent totalement par rapport à l’intention première du journaliste, dont il cite les articles.
Cela est vrai, dans la forme il y a une manière de théâtraliser qui n’est pas mauvaise, si c’est la manière pédagogique de faire passer un texte français dans une autre langue, une autre culture. Parce que le passage du français au wolof, (…) c’est aussi le passage d’une culture à une autre. Lorsque ce qui est écrit veut être rendu avec une certaine théâtralisation, mais c’est avec des éléments constitutifs de la manière dont cela peut se faire», indique-t-il.
Seulement, note M. Camara, «quand on veut donner de la percussion, faire du théâtre autour du texte écrit en français» surtout en wolof, il est évident que celui qui fait la revue de presse se retrouve «à faire du Mbande, à faire du kassak, à faire du xaxaar, du taxuraan». Ce qui, pour lui, n’est pas en soi quelque chose qu’il faut bannir. Pour Mame Less Camara, l’essentiel pour que ceux qui s’adonnent à cela, c’est surtout de savoir «à quoi ils se livrent».