«CES SOUS-COALITIONS QUI SONT UN MOYEN DE CHANTAGE ET DE PRISE D’OTAGE DOIVENT DISPARAITRE»
ME EL HADJI DIOUF SUR LE FONCTIONNEMENT DE «BBY»
Après son intervention musclée, lors de la rencontre entre le chef de l’Etat et les leaders de «Benno bokk yakaar» (Bby), Me El Hadji Diouf revient à la charge par rapport au fonctionnement de ladite Coalition. Le leader du Parti des travailleurs et du peuple (Ptp) estime que les sous Coalitions qui sont dans «Bby» n’ont plus leur raison d’être. Dans l’entretien qu’il nous a accordé, le tonitruant avocat aborde également d’autres sujets d’actualité.
Le Président a récemment rencontré les leaders de «Benno bokk yakaar», et vous avez eu, d'ailleurs, à cracher vos vérités à cette occasion...
Dans mon intervention, j’ai montré que les Coalitions «Benno Siggil Senegaal» et «Benno ak Tanor» sont devenues caduques. Si les gens veulent maintenir ces deux Coalitions dans «Benno bokk
yakaar», c’est une confusion grave, mais c’est comme si ces Coalitions qui avaient comme candidat Moustapha Niasse et Ousmane Tanor Dieng, n’avaient pas comme candidat Macky Sall qui fut le candidat de tout le monde au deuxième tour. Dès lors que ces Coalitions, au deuxième tour, sont allées se fondre dans «Benno bokk yakaar», elles n’existent plus. On ne doit plus parler de ces Coalitions. C’est un moyen de chantage pour dire à Macky Sall : «J’ai plusieurs partis dans ma Coalition. Donnez-moi tant de ministres, donnez-moi ceci, donnez-moi cela». Alors que c'est des gens qui n'osent pas aller seuls aux élections comme El Hadji Diouf. C’est trop facile d'être toujours derrière le Président. Il faut mettre un terme à ces sous Coalitions et créer une autre grande Coalition où le seul candidat est Macky Sall. Si nous devons le réélire en 2017, ces sous Coalitions qui sont un moyen de chantage et de prise d’otage doivent disparaître. Parce que Macky est pris en otage par ces sous Coalitions qui n’ont pas le droit de vivre, parce qu’ils ont échoué. Elles se sont suicidées, au profit de la grande Coalition qui a permis l’élection de Macky Sall et la défaite d’Abdoulaye Wade.
Qu'attendez-vous concrètement de Macky Sall ?
Il faut que Macky Sall soit plus conséquent, qu’il dise la vérité à ses partenaires. Je l’ai dit à cette réunion-là. Il faut que Macky Sall traite directement avec les chefs de partis partenaires, s’il veut être réélu. Tous les partis sont d'égale dignité. Ils n’ont pas besoin d’être derrière un chef d'un autre parti pour négocier avec le Président. Que le Président arrête les intermédiaires, les présidents des sous Coalitions-là. Non. Tous les partis qui souhaitent travailler avec le Président sont d’égale dignité. C’est des partis, on ne les appelle pas sous partis. La Constitution les appelle partis politiques. Que le Président soit plus conséquent et moins frileux. Il n’a qu’à prendre ses responsabilités et dire niet à ces soi-disant dinosaures, dont l’avenir politique appartient au passé. Ils n’ont plus d’avenir politique. Leur avenir politique est brisé. Moi, j’exige toujours de la considération et du respect. Je ne serais l’esclave de personne. Je suis un allié, mais jamais un esclave. Donc, si demain, je ne me retrouve pas dans la Coalition, si demain, cette Coalition continue de fonctionner en privilégiant d’autres intérêts, en mettant des gens finis, des dinosaures, devant la jeunesse, devant nous, je suis prêt à quitter la Coalition, pour aller seul à la Présidentielle. Je suis un homme de principe, de dignité. Je n’accepterais pas cette formule qui met des leaders de parti au-dessus d’autres leaders de parti au sein de la même Coalition. S'il y a dans «Benno bokk yakaar» des colonels et des caporaux, moi, je ne serais jamais un caporal.
Parlons maintenant du référendum que le Président compte organiser pour réduire son mandat. Le fait que Macky Sall ne s'empresse pas a fait sortir l'opposition de ses gonds. Vous en dites quoi ?
Quel est leur problème, ces gens de l’opposition ? Ce n’est pas eux qui réduisent leur mandat. C’est lui qui veut le réduire, et il n’est même pas obligé de le faire. Il est élu pour 7 ans. Moi, je lui ai dit : «Quel droit vous avez pour réduire votre mandat, mais c’est une trahison. Vous n’êtes pas élu pour 5 ans». Mais, lui, il m’a dit qu’il va réduire son mandat. Mais, en droit pur, la Constitution lui a donné 7 ans. Il n’a pas à réduire son mandat. Mais, les gens qui sont autour de lui, qui se proclament alliés, ce sont ceux-là qui veulent sa place, avec leurs Assises nationales. Moi, j’ai toujours fustigé les Assises, je suis un ennemi irréductible des Assises que je n’ai jamais reconnues. Ce sont ces «assissards» qui le poussent à diminuer son mandat. Comment il va le faire ? Ce n'est pas le problème de l'opposition. Mais, Macky ne peut pas imposer sa volonté au peuple sénégalais, même s’il a peur de revenir sur ce qu’il a déjà dit. Non. Les Sénégalais peuvent dire qu'ils l'ont élu pour 7 ans. Mais, comme il veut réduire son mandat, on ne peut pas être plus royaliste que le roi. On le laisse réduire son mandat et assumer son choix, mais il n’est pas tenu de le faire. C’est un homme qui a 7 ans et qui a l’humilité de réduire son mandat, parce qu'il ne veut pas revenir sur la parole donnée. L’opposition n’a pas voix au chapitre sur cette question.
Vous êtes l'avocat de la Première dame qui fait l'objet d'une plainte de l'association des jeunes marabouts citoyens qui l'accuse d'enrichissement illicite. On vous a entendu proférer des menaces...
C'est une accusation très grave. Ces jeunes, instrumentalisés, manipulés, par une opposition très mal en point, ont pris des risques qu’ils doivent assumer. Et j’entends les envoyer tous en prison. Parce qu’ils ne peuvent pas montrer l’enrichissement de madame Marième Faye Sall. Ils sont ignares, dès lors qu’ils parlent d’enrichissement illicite en visant la Première dame qui n’occupe aucune fonction publique, qui ne peut pas être déférée devant la Crei. Madame Faye Sall n’est pas un agent de l’Etat, n’a pas occupé de fonctions étatiques. Les fondations ne vivent que de dons. Ça prouve que ces gosses ne comprennent rien, ils sont nuls. Toutes les fondations ne vivent que de dons. Et dire que c’est formellement interdit de prendre des dons, ça montre qu’ils sont ignorants. Ils ont tout inventé pour déplacer, aujourd’hui, le débat judiciaire. En voulant occuper les médias, pour qu’on ne parle plus de ceuxlà qui sont poursuivis pour enrichissement illicite, ils ont été ridicules. C’est de la pure diversion. C’est pourquoi j’entends être féroce sur la question. Nous sommes dans une République, et force doit rester à la loi et à la dignité humaine. On ne permettra plus à qui que ce soit de s’attaquer gratuitement à la Première dame dans le but d’atteindre son mari. La plainte que nous allons déposer est une exigence républicaine. Que ces gens-là sachent que nul n’est au-dessus de la loi. La loi est impersonnelle et générale, et cette loi va s’exercer avec toute la rigueur nécessaire pour décourager des actes pareils. Ces jeunes là font partie de ceux qui peuplent la salle d’audience de la Crei et qui ont choisi leur camp. Que l’opinion ne se laisse pas manipuler.
Quels sont les délits que vous visez ?
C’est les délits de diffamation, de calomnie, de mensonge, de dénigrement systématique, et plus grave, de diffusion de fausses nouvelles tendant à porter atteinte au moral des populations. C’est extrêmement grave. Et je pense que l’article 80 doit pouvoir s’appliquer.
En tant que membre du pool d’avocats de l’Etat dans l’affaire de la traque des biens mal acquis, comment expliquez-vous la stratégie que les conseils de Karim Wade sont en train de dérouler ?
Ils ont tout fait pour retarder le procès. Ils ont même plaidé plusieurs fois le renvoi. Un grand philosophe disait que l’action de l’homme est guidée par l’intérêt ou la folie. Ils ne sont pas fous. La vérité, c’est qu’ils ne veulent pas de jugement. Du dilatoire, rien que du dilatoire. Le refus du débat contradictoire.
Comment vivez-vous les attaques que vous subissez lors du procès et les huées que vous essuyez ?
Celui qui fait peur est attaqué, hué, saboté, insulté. Tout ça, je le vis avec plaisir. Si je n’étais pas l’empêcheur de tourner rond, celui-là qui dérange, la défense ne se serait pas comportée de la sorte. Je remercie le bon Dieu. J’aime ce que je fais, j’aime mon travail d’avocat. Je suis un avocat, et j’ai prêté serment. Je ne vais jamais trahir mon client. Par conséquent, j’entends exercer mon métier avec loyauté et dignité, sans aucune complaisance. Donc les huées, les cris, toutes ces tentatives de déstabilisation, vont échouer lamentablement. Parce que personne ne peut m’impressionner. J’exerce ma profession, sans aucune crainte. Rien ne peut passer avec El Hadji Diouf. Je reste de marbre. Et ma cravache est toujours là.
Par rapport à l’issue du procès, vous êtes toujours confiant ?
Trop confiant même. Moi, toute ma vie, c’est la bataille, pour la manifestation de la vérité. Je suis un partisan de la vérité, je n’ai pas d’autre ami. Mon ami véritable, c’est la vérité. C’est le camp de la vérité que je choisis toujours. En plus de la dignité et de la loyauté.
Vous faites également partie des avocats de l’ancien Président tchadien, Hissène Habré. Récemment, le Tchad a décidé de ne plus extrader des présumés complices de votre client. Votre commentaire ?
Le Tchad n’a jamais décidé d’extrader qui que ce soit. C’est une affaire sénégalosénégalaise ? Il n’y a pas de chambres africaines, c’est des chambres sénégalaises extraordinaires créées par Aminata
Touré dite Mimi sur la base d’un faux document. Seul le président de la République peut négocier des engagements internationaux. Me Alioune Badara Cissé, ministre des Affaires étrangères à l’époque, ne peut donner mandat au ministre Aminata Touré. Plus grave, elle fait du faux en disant que c’est Alioune Badara Cissé qui lui a donné mandat. Aminata Touré avait un agenda. Elle voulait se faire un nom pour retourner aux Nations-unies, pour prendre la place de Macky Sall. Déby fait du cinéma. C’est un montage. On a désigné Habré comme complice, mais où sont les auteurs principaux.
Aucun autre Etat africain n’a envoyé un juge aux chambres africaines extraordinaires. Même le Tchad. Il n’y a que l’argent de Déby. La France et la Belgique ont donné des miettes. C’est Déby qui doit être arrêté. Pourquoi ils ne le font pas ? Qui paye commande. C’est lui qui avait la haute main sur la sécurité. Habré ne savait rien, Déby savait tout. Les chambres africaines doivent être dissoutes, parce qu'elles n'existent pas légalement. Mimi Touré a ridiculisé le Sénégal. Se rendant compte que Habré doit être immédiatement libéré, Reed Brody est allé chercher des sénateurs américains pour leur dire de féliciter Macky Sall, comme si on venait d'arrêter Habré. C'est ridicule. C’est de la manipulation. Ils savent qu'ils ont perdu le combat. Le vrai combat, Habré l'a gagné. C'est celui de la vérité et de la dignité. Celle qui l'a menée en prison, Mimi Touré, est en train de chômer. La main de Dieu est passée par là. La justice immanente est arrivée. Mimi Touré est sanctionnée. Habré doit être libéré. Dieu est le meilleur des juges, et il a déjà tranché.