«FAIRE DE L’APPRENANT LE CENTRE D’INTERET, C’EST REVENIR A LA PREOCCUPATION DE TOUTE ŒUVRE EDUCATIVE»
MACKY SALL, PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE
L’élève doit être, pour le Président Macky Sall le centre d’intérêt du système éducatif. Telle est, selon lui, la préoccupation de toute œuvre éducative dont la mission première et la fonction fondamentale est d’instruire, de former, d’éduquer.
La grande famille éducative sénégalaise s’est réunie, hier, à l’occasion de la cérémonie solennelle de distribution des prix aux lauréats du Concours général, 2013, pour fêter l’excellence. L’édition de cette année qui a pour thème : «Centralité de l’élève dans le système éducatif : Quels rôles et responsabilités pour les acteurs et les partenaires», a été un moment fort pour le président de la République du Sénégal, Macky Sall, qui, pour la première fois depuis son accession à la magistrature suprême, préside la cérémonie de remise des prix aux lauréats du Concours général, de revenir sur la place que doit occuper l’élève dans le système éducatif sénégalais.
«Faire de l’apprenant le centre d’intérêt, c’est réellement revenir à la préoccupation de toute œuvre éducative dont la mission première et en même temps la fonction fondamentale, est d’instruire, de former, d’éduquer et de rendre meilleur un citoyen autonome et intégré dans la société humaine», déclare le Président Macky Sall. Qui, d’ailleurs, n’a pas manqué de signifier que «la centralité de l’apprenant constitue le nouveau paradigme pour une éducation et une formation de qualité à tous les niveaux du système éducatif».
Ainsi, reconnaissant que la centralité de l’élève, ainsi que les rôles et responsabilités des acteurs et des partenaires, «est imposée par les réalités d’un monde en perpétuelle mutation», Macky Sall indique : «Remettre l’élève au centre du dispositif éducatif est en réalité une responsabilité collective que je considère comme un devoir : le devoir de génération». C’est la raison pour laquelle, il incite les enseignants à aider les jeunes à affronter le futur. «Nous devons tous, aux plus jeunes, de les préparer aux mutations du monde et de les aider en les dotant des aptitudes nécessaires à la construction de leur propre destin pour une vie meilleure», lance-t-il tout en soulignant que la responsabilité des enseignants est d’«une importance capitale».
A cet effet, il ne manque pas de soutenir que «la centralité de l’élève implique une évolution du rôle des enseignants, notamment pour ce qui est de la méthode d’enseignement et de prise en charge des revendications syndicales».
Toutefois, saluant l’esprit de responsabilité qui a prévalu ces dernières semaines pour éviter que les examens de fin d’année soient compromises, le chef de l’Etat déclare : «Je veillerai personnellement à ce que l’Etat facilite ce dialogue qui doit être mené dans la sincérité, la vérité et la volonté de trouver ensemble des solutions durables face aux défis du secteur». Et, comme solutions, le Président a demandé au Premier ministre de travailler sur des concertations nationales sur l’éducation, la formation et la recherche avec tous les acteurs et partenaires de l’école et de l’Université. «Les termes de références des assises de l’éducation sont déjà définis par le ministère de l’Education. Je viens de nommer l’ancien recteur de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad), le Pr Abdou Salam Sall, pour les présider».
RUPTURES DANS LE SYSTEME EDUCATIF SENEGALAIS
Macky Sall va décupler, dès 2014, la dépense publique par élève
Dans le contexte difficile que traverse l’école sénégalaise et qui a empêché de célébrer la cérémonie de remise des prix du Concours général l’année dernière, le Président Macky Sall, pour faire face aux défis futurs, a appelé à des ruptures dans le système éducatif sénégalais.
«Le moment est venu pour l’école sénégalaise d’assurer les ruptures nécessaires urgentes et salutaires afin de mettre en place l’école du futur qui doit consolider la restauration de la citoyenneté et des valeurs de la République», a dit le Chef de l’Etat, hier. Cette école de la République, à en croire le Président Macky Sall, «sera un espace de transmission, d’acquisition des valeurs morales, civiques, patriotiques et de compétences professionnelles et sociales pour (notre) jeunesse et les générations futures». Elle doit être, renchérit-il, «le fer de lance de l’émergence du Sénégal». Dès lors, renseigne le Président, il y a lieu de s’investir dans la tâche de protéger les élèves et leur offrir de réelles perspectives d’avenir. C’est en ce sens, qu’il soutient : «Le principe de centralité de l’élève oblige l’Etat à développer une politique de proximité, d’équité et de qualité pertinente et adaptée».
C’est dans cette perspective que le président de la République du Sénégal a décidé, dès 2014, décupler dans le budget de l’Etat, la dépense publique par élève. De même, il a décidé de transférer directement aux établissements des moyens substantiels de prise en charge des besoins des écoles. En ce sens, affirme-t-il, les politiques de déconcentration et de décentralisation appliquées à l’éducation pourront ainsi permettre à chaque acteur de jouer sa partition pour une école de la réussite dans l’excellence.
«Mon ambition est d’assurer la mise en œuvre de véritables politiques locales d’éducation qui intègrent les demandes locales, les potentialités et spécificités de chaque terroir» et «de moderniser et développer l’éducation, la formation et la recherche pour la qualité et l’excellence». Cela nécessite, d’après lui, l’apaisement durable du climat social et un consensus sur les grandes options, les stratégies, les actions prioritaires et les ressources à mobiliser.
Toutefois, pour mieux assurer la rupture, Macky Sall a lancé un appel à l’endroit de la jeunesse. «Je lance un appel à toute la jeunesse sénégalaise pour qu’elle se mobilise autour du défi du développement national en jouant d'ores et déjà la part qui lui revient et qui consiste à bien se former et à épouser les valeurs cardinales de vertu, de discipline et de rigueur».
AMADOU MAHTAR MBOW, PREMIER MINISTRE DE L’EDUCATION NATIONALE DU SENEGAL
«Nous, du temps où nous enseignions notre préoccupation essentielle c’était le succès de nos élèves»
«L’acquisition du savoir n’est pas toujours aisée, ça demande parfois de très grands efforts. Je dirais même toujours». Tels sont les maîtres mots que le parrain de l’édition 2013 du Concours général, Amadou Mahtar Mbow a prononcé, hier, à l’endroit des lauréats et lauréates.
Pour l’ancien ministre de l’Education nationale du Sénégal et premier Directeur général noir de l’Unesco, qui a encouragé les lauréats et lauréates du Concours général 2013 à persévérer et à aller toujours de l’avant, «l’éducation est essentielle pour un individu, mais également pour un peuple». «Et, on peut dire que plus l’éducation et la formation sont élevées dans une société, plus la société à des chances de résoudre ses problèmes et d’aller de l’avant. L’éducation c’est la base de tout et c’est grâce à l’éducation qu’un peuple peut également progresser», déclare le patriarche.
Celui qui fut le premier ministre de l’Education nationale du Sénégal indépendant n’a pas omis de jeter un regard critique sur les enseignants d’aujourd’hui et sur le rôle qu’ils doivent jouer à l’endroit de leurs élèves. «Evidemment, en tant qu’éducateur, j’ai eu, pour ma part, les plus grandes satisfactions qu’ait pu avoir un éducateur dans cette vie. Je disais tout à l’heure, nous, du temps où nous enseignions notre préoccupation essentielle, c’était le succès de nos élèves. Quand un seul élève échouait pour nous, c’est déjà un échec. Parce qu’on voudrait que tous nos élèves réussissent», souligne Amadou Mahtar Mbow.
Il rappelle ainsi que les enseignants étaient respectés dans le monde. Car, indique M. Mbow, seuls eux avaient droit au nom de ‘Monsieur’ ou de ‘Madame’. «Un enseignant était Monsieur, une enseignante était Madame. Aujourd’hui, la fonction s’est banalisée un peu», se désole le pédagogue.
Par ailleurs, l’ancien ministre a exhorté les lauréats et les lauréates, comme d’ailleurs tous les jeunes qui sont à l’école, à redoubler d’effort, à se hisser toujours au niveau de l’excellence, parmi les meilleurs. «Que les élèves puissent profiter d’une éducation, qui soit une éducation de qualité et qu’ils réussissent», souhaite Amadou Mahtar Mbow, parrain du Concours général 2013.
BOURSES D’ETUDE A L’ETRANGER, ORDINATEURS, IPAD, CHEQUES, COMPTES BANCAIRES
Ces récompenses pour honorer les meilleurs des meilleurs
Ils étaient au départ 1281 candidats, dont 645 en classe de Première et 636 en Terminale, à composer dans 26 disciplines : littéraires, scientifiques, techniques. Au finish, seuls 95 ont obtenu des distinctions au Concours général sénégalais, édition 2013. Parmi ces 95 lauréats et lauréates, 4 élèves se sont fait les plus distingués. Il s’agit des jeunes pensionnaires du Prytanée militaire de Saint-Louis, Ibrahima Kane (meilleur élève en classe de Première) et Mamadou Diop (meilleur élève en classe de Terminale). Et parmi les filles, l’on peut citer Ndèye Sall (2ème meilleure élève en classe de Terminale) de Yavuz Selim et de Sokhna Diarra Mbacké du Lycée Thierno Saïdou N. Tall.
Cette dernière, sacrée meilleure élève en classe de Terminale, a eu haut la main le baccalauréat Série S1 avec la mention très bien. 2ème prix de philosophie, 1er accessit en Sciences physiques, cette jeune élève de 19 ans, qui entend faire des études supérieures en Mathématiques-informatiques, a eu beaucoup de cadeaux. Parmi ces présents, on peut citer une bourse d’étude au Canada, des ordinateurs portables, un Ipad, des chèques, un compte bancaire, un lot de livres, un billet d’avion, entre autres récompenses. Contente, elle dira : «Ces récompenses permettent d’oublier tous les sacrifices consentis».
Le pensionnaire du Prytanée militaire, Mamadou Diop est lui aussi sacré meilleur élève en classe de Terminale. Âgé de 20 ans, cet enfant de troupe a lui également décroché le Bac avec la mention Bien. 1er prix en citoyenneté et droit de l’homme, 2ème accessit en philosophie, Mamadou Diop, qui a reçu de nombreux présents des mains du président de la République du Sénégal et de d’autres personnalités, va voir son rêve le plus cher se réaliser : celui de faire de la diplomatie.
«Dans l’avenir, je compte m’investir dans la diplomatie. Pour moi, ça constitue une voie qui mène au développement d’une nation», déclare Mamadou Diop avant d’ajouter comme projet à court terme : «Je projette de faire des études en lettre et Sciences sociales au lycée Henry 4 de Paris, un des plus grands lycées de préparatoire de la France». Fier de ces distinctions, le futur diplomate de conseiller à ses cadets, «à défaut de suivre (ses) traces, de faire mieux».
La deuxième meilleure élève de Terminale est Ndèye Sall de Yavuz Sélim. 2ème prix Sciences Physiques et 2ème accessit Mathématiques, Ndèye Sall est l’élève qui a eu le plus de présents : billet d’avion, ordinateurs, Ipad, chèques, comptes bancaires, bourse d’étude au Canada… Etude supérieure assurée dans une prestigieuse université de Canada, Ndèye Sall opte pour des études en Génie civil.
Toutefois, il faudra souligner qu’en plus des cadeaux offerts par différentes entreprises, des ambassades et des ministères de la République, le chef de l’Etat, Macky Sall, a offert 106 ordinateurs portables aux lauréats et lauréates, mais aussi aux professeurs-encadreurs. Le parrain, Amadou Mahtar Mbow, quant à lui, a aussi offert des cadeaux aux quatre meilleurs élèves.