«IL EST ANORMAL QUE LA TABLE DU CONSEIL DES MINISTRES SOIT IMPORTEE»
MAMADOU TALLA, MINISTRE DE LA FORMATION PROFESSIONNELLE, DE L’APPRENTISSAGE ET DE L’ARTISANAT
Le ministre de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Artisanat nourrit de grandes ambitions pour les secteurs de la formation professionnelle et de l’artisanat, qu’il entend complètement révolutionner. Hier, face à des journalistes à son ministère, Mamadou Talla a annoncé l’ouverture prochaine de six lycées professionnels et la mise en place d’une stratégie nationale de développement de l’artisanat. Convoquant la préférence nationale, il a estimé qu’il est anormal que les bureaux des ministères soient équipés avec des meubles importés.
Avec en viatique le programme «Yoonu Yokkuté», Mamadou Talla veut construire d’ici à 2016, six lycées professionnels dans les pôles régionaux de développement définis dans le programme de gouvernement du Président Macky Sall. De commun accord avec des entreprises dont la majorité a donné un avis favorable, le ministère de la Formation professionnelle, de l’Apprentissage et de l’Artisanat entend mettre sur le marché de l’emploi des jeunes bien formés, selon un format alternatif école-entreprise. Pour ce faire, le choix de la zone est tributaire du besoin du marché et de la disponibilité des ressources.
Ainsi, à titre d’exemple, le Sénégal oriental disposant de ressources minières abondantes, il y est prévu un lycée professionnel minier qui formerait le personnel pour occuper toute la chaîne, de la production à la commercialisation. Il en sera de même pour Matam, Fatick, Ziguinchor, etc. L’innovation est que les élèves auront une formation alternative entre l’école et l’entreprise. La zone de Mbour qui reçoit abondamment de touristes devrait abriter un lycée qui forme également un personnel adapté à ce marché.
Le lycée de Sandiara bientôt ouvert
C’est pourquoi, a expliqué le ministre, le lycée de Sandiara et celui de Fatick seront opérationnels dès la prochaine rentrée 2013-2014 pour mettre sur le marché la première promotion en 2016. Pour le patron de la Formation, il s’agit de former les jeunes à avoir un métier pour leur faciliter l’insertion dans le marché ô combien difficile de l’emploi, car moins de 5% des jeunes à la recherche de l’emploi affrontent le marché avec un diplôme professionnel», confie-t-il.
Au Sénégal, nous disposons de lycées industriels, mais pas encore de lycées professionnels. Les élèves qui iront dans ces écoles proviendront des daaras, des écoles classiques et même de la rue pour subir une formation diplômante, a plaidé Mamadou Talla qui pense que la Formation professionnelle doit être dynamique.
«Nous tendons vers une sénégalisation des meubles dans les ministères»
La révolution telle que voulue par le ministre de l’Artisanat veut s’appuyer sur un personnel qualifié. «Les menuiseries vont devenir de petites entreprises où l’artisan s’appuie sur des jeunes formés à faire le «design». C’est que pour lui, la commande publique doit être orientée vers le mobilier national pour favoriser le développement de l’artisanat local.
C’est en effet plus de dix-huit (18) milliards qui passent chaque année sous le nez des menuisiers au profit des meubles importés d’autant que les institutions de la République s’équipent avec de l’importé. «Ce n’est pas normal que l’Assemblée nationale utilise des meubles importés. Ce n’est pas non plus normal que la table du Conseil des ministres soit importée. Mais pour cela, il faudra que les menuisiers soient bien formés et bien équipés pour fournir un produit de qualité, dit-il. «Il faut une volonté politique réelle en donnant le signal dans le budget» a-t-il indiqué, en rappelant que le projet de mobilier national existait de 1994 à 2000, mais qu’il a été rangé aux oubliettes.
Dès lors, Mamadou Talla promet d’inverser la tendance, en privilégiant le consommer local dans les ministères et les écoles. Ce qui suppose toutefois, la formation des artisans, dans le but d’avoir des produits compétitifs et de tendre également vers la petite et moyenne entreprise.
D’ailleurs, dit-il, le gouvernement travaille sur une stratégie nationale pour le développement de l’artisanat. A terme, cette stratégie permettra de renforcer les chambres de métiers dont les textes sont désuets, tout comme les villages artisanaux qui ont perdu leur lustre. Mais il s’agit surtout de donner un nouveau souffle au secteur à travers la création des Sites d’exposition et centres commerciaux de l’artisanat (Seccat) et des zonart qui seront des lieux de production, d’exposition et de commercialisation de produits artisanaux.