«IL Y A TROP DE LAISSER-ALLER A L’APR. JE METTRAI FIN A LA RECREATION TRES BIENTOT»
LE PRESIDENT SALL DESAVOUE «MACKY 2012» ET MENACE SES PARTISANS
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La sortie virulente de la Coalition «Macky Sall», vendredi dernier, demandant aux leaders de la Coalition «Benno bokk yakaar» de prendre leur retraite pour une période de 10 ans, a fait réagir le chef de l’Etat. A la faveur d’un «ndogu» offert à la presse, samedi dernier, le Président Macky Sall a désavoué ses alliés de la première heure. Il les invite à avoir du respect pour les alliés. Mieux, dira le patron de l’Alliance pour la république (Apr), il y a trop de laisser-aller dans le parti. Et il promet d’y mettre un terme. Le chef de l’Etat a également profité de cette rencontre avec la presse nationale, pour se prononcer sur l’actualité politique.
Renouvellement du mandat de Niasse
«Entre le président Moustapha Niasse et moi, il n’y a qu’une confiance absolue entre nous deux. Il n’y a aucun problème et nous pensons qu’il fait très bien son travail en tant que président de l’Assemblée nationale. Je le dis en tant que le président de notre coalition 'Benno bokk yakaar'. Je le dis, également, en tant que président de l’Apr. Il a notre confiance, il a ma confiance, et si nous devons renouveler, il sera renouvelé. Il n’y a pas de mystère là-dessus. Et ce que j’ai dit au moment où nous faisions l’investiture pour les Législatives, on l’a fait sur des bases d’arrangement politique, selon des critères convenus d’accords parties. Et vous avez vu qu’un parti comme ‘Rewmi’ a 10 députés, Pds a eu 12 députés malgré le départ de Wade, le Ps 20 et l’Afp 21, l’Apr 67 députés à peu près. Voilà la composition qui a été faite. C’est sur ces bases que nous sommes allés ensemble dans un groupe dit ‘Bby’ par le respect de nos engagements respectifs. Que chaque année, on renouvelle le mandat du président de l’Assemblée nationale, je ne vois pas où est le problème. Et le problème ne pourra pas venir de nous. Donc, le président Moustapha Niasse, je peux considérer qu’il n’est pas menacé par cette mesure. Mais essayez (Ndlr : les journalistes) de raisonner maintenant à l’inverse. Si à la base de cet accord électoral qui a été fait, on dit, on y va, c’est cinq ans tout de suite. Les réflexes qui peuvent naître, je ne dis pas qui vont naître de cette nouvelle configuration et de ces sûretés accordées, peuvent générer des crises qui peuvent aboutir à la dissolution de l’Assemblée. Ce qui veut dire une crise institutionnelle. A-t-on besoin aujourd’hui de cela parce que simplement, il y a des politiciens qui sont pressés ? Ils pensent qu’on doit les mettre dans un confort. La marque de fabrique du Sénégal, aujourd’hui, c’est sa stabilité politique. C’est ça qui nous caractérise, une démocratie apaisée où, malgré la compétition, nous savons qu’il y a des fondamentaux. Et c’est le plus important. Regardez ce qui se passe en Afrique du Nord et autour de nous. Nous ne devons pas, parce que nous avons des ambitions personnelles, mettre en péril le modèle de stabilité. Donc, nous allons attendre le rapport de la Commission nationale de réforme des institutions, quand elle aura fini son rapport, elle me le livrera en tant que président de République. Là aussi, il est important que les rôles soient clarifiés. La politique dans notre démocratie et dans notre Constitution, elle est définie par le président de la République (…). Lorsque la Commission de réforme va soumettre son rapport, nous allons l’apprécier, voir la suite à donner. Certainement, les questions de l’Assemblée vont être intégrées et nous verrons la mise en œuvre dans le cadre des suites à donner. En ce moment, lorsque nous irons aux prochaines Locales, ce sera en connaissance de cause. Ceux qui voudront se coaliser le feront. Par conséquent, ils pourront avoir la même liste et assumer les choix qui ont été arrêtés. Mais il n’y a aucun problème entre le président Moustapha Niasse et l’Apr. Et vraiment, il ne nous effleure même pas l’esprit de faire autre chose, aujourd’hui en tout cas, que de le reconduire dans ses fonctions lorsque le moment arrivera. Donc, ce débat doit être dépassé. Mais il y a toujours des gens qui veulent créer de faux problèmes pour dévouer la question de l’Assemblée. Donc, pour le moment, qu’on laisse l’Assemblée tranquille, elle fait son travail et attendons que les conclusions soient données sur la réforme des institutions et nous verrons la suite à donner».
Les «charlatans» et le remaniement ministériel
«La question du remaniement ministériel, elle revient souvent. Et dans nos pays, vous savez, il suffit simplement que le Président donne l’impression qu’il y a un remaniement que tout s’arrête. ça ce n’est pas souhaitable. Moi, si j’étais ministre, comme je l’ai été par le passé, je ne me suis jamais soucié de remaniement. Et je me mets au travail jusqu’au moment où on me dit : il est mis fin à vos fonctions. Ça n’arrivait pas souvent, mais une fois quand même on m’a destitué. Ça peut arriver dans la vie, mais il faut assumer. Donc, quand on est ministre, on doit travailler sans état d’âme. Ce qui vous met là, c’est la confiance du président de la République. Pourquoi voulez-vous spéculer ? Même s’il est en week-end, on dit, il s’est retiré. Il est en train de revoir ses ministres. Non ! Ça, c’est de la fragilité d’esprit. Il faut travailler, le Président lui il a son agenda, c’est lui qui apprécie. Si le travail du gouvernement lui convient, il n’y a pas de problèmes, il continue. S’il a envie d’échanger, il sort (…) Vous croyez que ça peut me retenir, lorsque je dois changer quelqu’un de mon entourage ? C’est encore mal me connaître. Parce que véritablement, j’ai conscience que je travaille pour le Sénégal. Si une position n’est pas bien tenue, je la change sans état d’âme. Ça ne doit pas changer les rapports avec la personne. Mais, si elle le conçoit comme tel, qu’à cela ne tienne. Je le fais pour l’intérêt supérieur du pays. Pour le moment, le conseil que je vous (Ndlr : aux ministres) donne, travaillez sans vous soucier de ce que le Président fait. Le Président a son agenda, les ministres n’ont qu’à faire leur boulot. Comme ça tout le monde est tranquille. Certainement aussi, y a beaucoup de charlatans qui vont faire croire qu’il y aura un remaniement imminent, mais c’est peine perdue».
Le ralliement de Me Nafissatou Diop de Rewmi à l’Apr
«Je n’ai débauché personne. J’ai reçu Mme Nafissatou Diop. C’est une femme honorable et respectable, qui est une notaire connue dans ce pays. Nous avons discuté, elle m’a indiqué qu’elle voulait travailler avec moi. Ce que moi j’ai souhaité aussi. Donc, nos deux volontés se sont croisées, elle a accepté de venir travailler à mes côtés. Moi, j’ai besoin aussi de femmes, comme des Sénégalais de tout bord, qui peuvent venir m’accompagner dans la mission qui m’est confiée. Nous avons besoin de compétences dans tous les domaines. Alors qu’elles soient politiques ou non politiques d’ailleurs. Quelqu’un qui considère qu’aujourd’hui, elle veut changer de cap, vous voulez que je lui dise : non, je ne vous reçois pas ! ça n’a pas de sens. Ce n’est pas une question de débauchage. Je l’ai accueillie avec beaucoup de plaisir et je souhaite d’ailleurs que les gens qui sont autour de moi puissent lui faire montre de la même ouverture. J'ai déjà fait appel pour tous ceux qui, en tout cas, considèrent que dans la section temporelle que nous vivons aujourd’hui, au moins d’ici 2017, il y a un président de la République qui est là, qui a envie de travailler. Ceux qui veulent travailler avec lui doivent venir travailler avec lui. Que ce soit dans le gouvernement, dans le parti, dans la société civile. Parce qu’appuyer un chef d’Etat pour faire avancer le pays, on peut le faire de plusieurs manières. Donc, je l’accueille avec beaucoup de plaisir et je lui souhaite la bienvenue».
Retraite anticipée pour dix ans de Niasse, Tanor…
«S’agissant de la sortie qui a été attribuée à la Coalition ‘Macky 2012’, je l’ai lue dans la presse, je voudrais me démarquer de cette position. Parce qu’elle ne respecte pas mes alliés. On ne peut pas dire à des alliés : ‘prenez votre retraite’. Ce n’est pas une façon correcte de parler à ses partenaires. Et puis, ça n’a pas de sens. Donc, si réellement les alliés veulent m’aider, il ne faut pas qu’ils agissent ainsi. C’est la meilleure manière de desservir un président de la République.
Comment on peut dire à mes alliés : ‘prenez une retraite anticipée’. Ça frise le sabotage ou en tout cas la maladresse. Je considère que c’est de la maladresse, mais je réfute ces façons de parler aux gens. Il faut respecter les gens. Il faut discuter avec les gens et trouver des compromis. Ce n’est pas mon discours et ce n’est ma méthode de travailler. Donc, là-dessus, je voudrais rassurer les alliés pour leur dire que le compagnonnage doit se faire dans le cadre d’un respect mutuel et dans le cadre de la fraternité. Tous mobilisés autour des intérêts du Sénégal. Les Sénégalais ont sanctionné l’arrogance le 25 mars. Il y a trop de laisser-aller dans le parti (l’Apr), mais je vais tout régler. Je mettrai fin à la récréation, et très bientôt d’ailleurs. A bon entendeur salut !».