«J’ai toujours dans la tête que je vais au stade pour gagner»
MODOU LO, CHEF DE FILE DE L’ECURIE ROCK ENERGIE
C’est au terrain de football de l’Unité 10, en plein air, que Modou Lo s’est entraîné. Cela, pour les besoins de l’Open presse dans le cadre de la promotion de son combat du 30juin prochain contre Modou Lo. Très relaxe et enthousiaste, le Roc des Parcelles assainies a dirigé la séance pendant près d’une heure. Sans manquer de galvaniser la foule nombreuse avec des démonstrations de boxe. Peu bavard, comme à son habitude, Kharagne Lo, dont tous les mouvements sont surveillés par des préposés à la sécurité des lieux, promet la victoire à ses supporters auprès de qui, en plus de la bénédiction de Dieu, il sollicite des prières.
Qu’est-ce que vous pensez de cette mobilisation spéciale des supporters autour de vous ?
Je salue les journalistes et les supporters qui ont fait le déplacement cet après-midi (hier). Je crois qu’ils sont nostalgiques de leur lutteur. Mais qu’il sache que c’est réciproque. C’est pourquoi, on a prévu pour eux cette séance d’entraînement dans mon fief. Alors qu’on fait le travail ailleurs avec des séances très matinales.
Les supporters attendent de vous une victoire. Est-ce que ce ne sera pas une pression supplémentaire ?
Non, je ne le pense pas. Parce que nous offrons habituellement la victoire. Et on travaille dur pour leur faire plaisir. Tout ce que j’entreprends, je le fais en pensant aussi à eux. Ce qui nous oblige à redoubler d’efforts pour qu’ils se rapprochent plus de nous. On leur demande de continuer à prier pour la victoire. Nous avons besoin de cette victoire, le 30 juin. Et s’il plait au Bon Dieu, les prières seront exaucées.
Peut-on s’attendre à un Modou Lo, qui va toujours attaquer et chercher à marcher sur l’adversaire ?
S’il plaît à Dieu, on verra Modou Lo attaquer et gagner. C’est ce que nous préparons. Nous avons confiance qu’on obtiendra le résultat attendu. Cette confiance, nous la tenons du travail fait. C’est aussi une forte conviction. Dès que j’encaisse l’avance pour un adversaire donné, j’ai toujours en dans la tête que je vais au stade pour gagner. Je crois fermement à la force du travail et au bon état d’esprit.
Pour la première fois, votre adversaire est donné favori et vous êtes placé en position de challenger ?
J’ai l’habitude de vivre ces situations. C’est rare que je sois placé en position de favori. Que Dieu nous protège. Ce n’est plus le plus essentiel. Qu’on soit favori ou challenger, c’est la réalité du terrain qui compte.
On vous connait vivace. Mais est-ce que l’augmentation de votre volume de poids ne sera pas un handicap ?
Pourtant, mon poids n’a pas augmenté. Rien que ce matin (hier matin), on a travaillé sur la rapidité.
Qu’est-ce que ce combat vous inspire concrètement ?
On ne pense qu’à une seule chose, se présenter et au stade et gagner. Rien de plus. Je sais que mon adversaire est coriace. Mais on va l’affronter avec le même état d’esprit. On ne pense qu’à la gagne.
D’habitude vous travaillez dans des endroits fermés. Est-ce que la confiance qui justifie de cet espace en plein air ?
Ce n’est pas parce que nous sommes confiants qu’on a choisi ce lieu. Nous avons été toujours ouverts au public. Depuis que le préfet a interdit les écoles aux écuries de lutte, nous avons choisi cet endroit pour nous entraîner. Et nous sommes toujours là. Même si le plus gros du travail se fait dans la matinée. Nous sommes venus ici pour communier avec les supporters.
Combien de séances d’entraînement faites-vous quotidiennement ?
Nous effectuons trois séances par jour. La première, c’est à l’aube entre 5 heures et 6 heures. Ensuite, nous entrons en salle pour des exercices spécifiques. Mais il faut dire que le gros du travail est déjà fait. Il ne reste que le travail de maintien, d’endurance. On fait du maintien. On ne connaît que la lutte qui est notre métier. C’est pourquoi, on se met toujours au travail pour atteindre nos objectifs. On n’a pas attendu que le combat soit ficelé pour s’adonner au travail. Nous sommes toujours sur le terrain.
On vous a vu travailler la boxe avec votre coach. N’est-ce pas là une mise en garde à Eumeu Sène ?
N’oubliez pas nous sommes dans le domaine de lutte avec frappe. Et on travaille sur tous les plans pour avoir la victoire. Mon entraîneur de boxe se déploie beaucoup pour m’aider à me perfectionner. Tout le monde est à pied d’œuvre pour la recherche du résultat, à savoir la victoire. Nous travaillons, chaque jour, d’arrache-pied pour faire plaisir aux amateurs.
Qu’est-ce que vous avez ramené de votre séjour aux Etats-Unis ? Sachant que chaque combat nécessite un travail spécifique ?
Nous étions partis pour travailler. Concrètement, nous avons mis l’accent sur la vivacité et la rapidité. On dit que j’ai pris du poids. Mais contrairement à ce que les gens pensent, je supporte bien mon poids. Il n’y a pas de problème à ce niveau.
Votre adversaire a perdu face à Boy Kaïré que vous avez battu. Quel commentaire en faites-vous ?
Nous sommes dans le milieu de la lutte. La dernière fois qu’on s’est rencontré, à l’occasion d’un face-à-face, on se lançait des piques pour amuser la galerie. Mais ce n’est pas que nous avions des choses particulières à se dire. Je m’efforçais de le faire. Mais ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas très bavard. Tout ce que nous avons fait, c’est dans l’unique but de décrocher la victoire. Que Dieu nous entende et exauce nos prières. Une fois encore, nous ne visons que la gagne.
Il a battu Balla Gaye 2 qui vous a terrassé. Il a également gagné Lac 2 avec qui vous avez fait match nul …
La lutte réserve toujours des surprises. Mais je suis prêt à faire face à tous les défis pour remporter ce combat. Il n’y a pas de souci à se faire. On ne pense qu’à la victoire. C’est ce qu’il y a de plus important.
On peut dire que vous vous préparez à contrer l’adversaire ?
En tout cas, nous sommes dans notre coin en train de travailler. Nous travaillons les techniques d’attaque et de défense. Rien n’est laissé au hasard. Tout dépendra de son attitude et nous ferons face.
Est-ce que vous prenez en compte les sanctions du Cng par rapport aux potions mystiques versées à l’adversaire ?
J’ai tout prévu. Mais sachez que ça fait partie de la lutte. Je peux bien faire des choses sans que personne ne s’en rende compte. Mais si je mets mon argent sur quelque chose qui me sera d’une grande utilité, je n’hésiterai pas à respecter les consignes données. Cela vaut vraiment la peine, et je ne redouterai pas les sanctions du Cng.
Un supporter vous interpelle sur la particularité du «ngemb» d’Eumeu Sène dont on dit qu’il y a des objets élastiques. Est-ce que vous y prêtez attention ?
Bien sûr ! Et je ne pense pas ça puisse constituer un problème pour moi. Pour la plupart de mes combats, ce n’est pas la saisie du «ngemb» qui a entraîné la chute de l’adversaire. A plusieurs reprises, j’ai gagné sans m’agripper à un «ngemb». D’ailleurs, je suis plus à l’aise si l’adversaire n’a pas noué de «ngemb». C’est quand il y a un corps à corps que j’éprouve le besoin de toucher au «ngemb».
Est-ce que ce n’est pas mieux pour vous que le combat soit rapide ?
Franchement, nous on s’en remet à Dieu. Tout ce que les gens disent autour de ce combat peut constituer des détails qui ne seraient pas forcément déterminants (…) C’est la lutte que nous oppose et je ne dépasserai personne. Ce sont des semblables, je n’ai pas le droit de leur manquer de respect.
On dit que vous ne faites pas la promotion de vos combats alors que vous êtes populaire ?
Chacun a son style. Et moi, je ne suis pas bavard. Dieu sait que je m’efforce pour placer certains mots. Mais ce n’est pas ma nature d’échanger des propos aigres-doux.
Peut-on s’attendre à ce que Modou Lo s’assoie sur son adversaire à la fin du combat pour faire plaisir à ses supporters ?
C’est notre souhait le plus ardent. Et nous demandons aux supporters de jouer leur partition jusqu’au bout. Nous sollicitons leurs prières. Nous comptons sur tout le monde, même ceux qu’on ne connaît pas. Nous prions pour que Dieu nous offre la victoire.
Est-ce que vous connaissez votre adversaire, ses forces et ses faiblesses ?
Tout ce que je peux vous dire, c’est que nous le connaissons. Mes aînés le connaissent bien. Comme je l’ai dit, on se mettait dans un coin du quartier, chaque dimanche, pour suivre ses combats. Il a fait plusieurs combats que nous avons regardés. Et certains membres de l’écurie comme Mitrailleuse, Khadim Gadiaga, Mathieu, l’ont connu. On tiendra compte de tous les conseils prodigués. Mais concernant la stratégie de combat, je préfère réserver une surprise.
Mais Eumeu Sène n’est pas n’importe quel adversaire ?
Nous faisons de notre mieux pour être à la hauteur des attentes. Tout ce qui peut nous apporter la victoire nous intéresse à plus d’un titre. On se prépare en conséquence. C’est un adversaire que je respecte beaucoup. Et le 30 juin, on verra ce que ça va donner.
Pour le reste de la préparation, allez-vous poursuivre les entraînements ici ou vous changerez de lieu ?
Si ça ne dépendait que de moi, je vais communier chaque jour avec les supporters. Parce que j’ai plus besoin de les sentir à mes côtés. Le contact permanent avec les supporters a un impact réel sur moi. Mais nous avons souvent besoin de huis clos pour peaufiner notre stratégie. Qu’ils sachent que je suis de tout cœur avec eux. Franchement, les fans me manquent quelque fois.
On a vu un singe traverser le terrain. Qu’est-ce qui explique sa présence sur les lieux ?
Ce n’est pas un fait nouveau. C’est le singe de mon frère. Mais ça ne fait pas partie des trucs mystiques.
Quel enjeu représente ce combat pour vous ?
Pour ce combat, on ne vise que la victoire. C’est tout ce qu’on demande au Bon Dieu. Que tout le monde s’y mette en multipliant les prières. On lance un appel au soutien de tout le monde. C’est notre plus grand combat. Et on donne rendez-vous le 30 juin.
Quel appel lancez-vous aux supporters ?
Je leur demande de se mobiliser davantage et de ne pas oublier les nombreuses prières. A tous, même ceux que je ne connais pas ou qui ne me connaissent pas, je tends la main pour recueillir des prières afin d’obtenir la victoire.
Et à Eumeu Sène, votre adversaire ?
Je prie pour qu’il ait une bonne santé. C’est ce que je prie pour lui.
Etes-vous blindé mystiquement ?
(Rires). Les gars y veillent. Ce n’est pas un problème.
Les supporters se plaignent quelque fois des matches nuls ?
Mon ambition de tous les jours, c’est me mettre au dessus de l’adversaire. Mais ce sont deux lutteurs qui s’affrontent pour trois verdicts : la victoire, le nul et la défaite.
Qu’est-ce l’analyse de Mbaye Guèye vous inspire ?
Je suis maintenant vacciné et je prends l’habitude d’entendre ce genre de déclarations. Même contre Gris Bordeaux, il a fait une sortie pareille. Mais cela n’a pas empêché que je batte trois de ses poulains. Est-ce à dire qu’il n’a pas accompagné des lutteurs au stade ?
Mais vous n’avez pas battu Gris Bordeaux avec la manière ?
S’il était resté sur place, je l’aurais battu. Et puis une victoire compte toujours pour un lutteur. Quelle que soit la manière, c’est une victoire. Et j’insiste sur les prières.
Et votre état de forme pour ce combat ?
Comme je l’ai dit plus haut, on ne peut pas faire plus que ce que nous avons travaillé. A présent, on ne fait que du maintien. Et je rassure je ne suis pas stressé et je ne sens aucune pression. Ce combat ne m’empêche pas de dormir. Je renouvelle mon appel à la mobilisation des supporters pour la victoire, le jour J.
Vous ne craignez pas des scènes de violences entre les camps de Pikine et des Parcelles ?
Non, je ne le pense. La preuve, mes fans s’organisent pour éviter toute violence. D’ailleurs, ils se sont réunis pour travailler sur la sensibilisation. Ils travaillent pour la non-violence. Nous sommes pour la non-violence, c’est mon credo.