«Je ne sors pas, je n’ai pas de copain, ni rien. Je n’ai même pas une amie»
RAMATOULAYE CLEMENTINE SARR ALIAS GUIGUI, ARTISTE-CHANTEUSE
Très sexy dans sa tenue orange rouge, Guigui, la nouvelle star de la musique sénégalaise, de son vrai nom Ramatoulaye Clémentine Sarr, est une belle nymphe, qui évolue dans le pop-mbalax et veut s’imposer sur la scène musicale. Dans cet entretien, l’enfant de la Petite Côte revient sur son enfance, ses études, sa passion, ses projections, entre autres. Entretien…
La musique, une passion depuis sa tendre enfance
De son vrai nom Ramatoulaye Clémentine Sarr, Guigui, jeune chanteuse qui vient de mettre sur le marché un single intitulé «Li ci mbeuguél», dont le clip est déjà diffusé par les télévisions, est une native de Grand-Yoff, mais originaire de Joal Fadiouth, sur la Petite Côte. «Je suis Sérère bon teint, issue du département de Mbour», lance-t-elle avec un petit sourire.
Elle est artiste compositeur, mais également agent commercial dans une entreprise de la place. Titulaire d’une licence, elle est inscrite en Master de management dans une école de formation à Dakar. Elle dit avoir été dauphine à Miss Oscar des vacances en 2006 et nourrit un grand amour pour la musique. Une passion qu’elle a pu vivre grâce à son coach vocal, Adolphe Coly.
«J’ai toujours aimé la musique qui est une passion que j’ai voulu toujours développer. Mais c’est en 2012 seulement que j’ai commencé à réaliser ce rêve, avec ce premier bébé sorti le 8 mars dernier», confie-t-elle. La musique, c’est pour elle, «une passion, et si ça ne dépendait que de moi j’allais faire une carrière dans la musique depuis. Parce que depuis ma tendre enfance, j’ai voulu toujours faire de la musique».
Une enfance assez stable avec «une éducation rigoureuse. «Car, dit-elle, (ses) parents tenaient à (ses) études». Elle se déclare aussi très casanière. «Je ne sors pas, je n’ai pas de copain, ni rien. Je n’ai même pas une amie. Non j’en ai une seule, c’est ma mère», lâche Guigui.
Son objectif : apporter une «touche nouvelle» à la musique sénégalaise
«C’est une touche nouvelle que je veux montrer par rapport à ce qui se fait actuellement dans le milieu de la musique sénégalaise», tient-elle à préciser pour expliquer pourquoi elle prend le contre-pied de ses aînés dans le métier. «A chaque fois, on voit les mêmes choses, les mêmes types d’habillement, les mêmes sonorités… Moi, j’ai voulu innover et j’ai mixé le mbalax avec le son rnb, la salsa, le zouk, etc. Si vous écoutez la chanson que j’ai sortie, il y a tous les rythmes et toutes les sonorités», explicite-t-elle en soutenant que c’est la meilleure manière d’exporter la musique sénégalaise au-delà de nos frontières. Assumant, elle clame : «Je veux que la musique de Guigui soit dansée par le monde entier. Pourquoi pas jusqu’en Indonésie (rires…)».
Et pour parvenir à ce résultat, Guigui s’est choisi un look qui fait débat. Mais là aussi, elle assume et dit vouloir «faire tout à (sa) manière, selon (son) feeling. En tout cas différemment de ce que l’on voit tous les jours».
«Une artiste doit se démarquer des autres, montrer qu’elle est capable de faire des choses que personne d’autre n’osera faire. Moi, j’ai osé et j’assume», assène Guigui qui fait remarquer que «quand on voit Guigui, on voit les stars américaines, là on parle de nationalité. Mais si une tierce personne vous demande, elle est de quelle nationalité, automatiquement on dira que c’est une Sénégalaise. Donc, ça fait mode, la musique est universelle. Autant les Sénégalaises se retrouvent dans la musique américaine, autant ces derniers doivent s’approprier de notre musique. Et vu d’une certaine manière, ça n’a rien à voir avec le look».
C’est dans ce sillage qu’elle souligne qu’elle a opté pour le pop-mbalax. Mais son look ne signifie en rien qu’elle soit dépaysée. Elle se dit sénégalaise et fière de l’être, mais reste ouverte aux autres cultures. «Le monde est maintenant un village planétaire», fait-elle remarquer.
Le look : la carte d’identité de l’artiste
Pour Guigui, «le look est très important chez l’artiste, tout comme son produit». Le mélange de sonorités, c’est une chose qu’elle approuve bien. «On a vu des artistes américaines venir au Sénégal prendre nos sonorités et les mixer avec leur beat. Pourquoi pas nous n’allons pas faire la même chose, comme ce que j’ai fait dans ce single», fait-elle noter.
Affronter les obstacles du métier pour une assurance de soi
Interpellée sur l’évolution de la musique sénégalaise, Guigui se dit satisfaite. «Car, fait-elle savoir, ce sont des Sénégalais qui ont réalisé mon single et même les sonorités».
Aussi, ce qui importe pour elle, «c’est d’avoir le feedback et d’avancer dans ce qu’(elle) fait». «C’est une révolution que je veux faire, montrer à nos frères aînés qui nous ont précédés que nous voulons apporter notre touche, marquer notre empreinte dans la musique sénégalaise», indique la jeune chanteuse.
Par rapport aux éventuelles tentations et autres dérives du métier, elle se dit être «assez forte» pour faire face à tout cela. «Les risques, il faut les affronter et savoir les dépasser. On nous l’apprend en management d’ailleurs. Il faut prendre des risques pour avoir une assurance de soi. C’est pourquoi moi, je n’ai peur de rien, j’avance, je fonce en ouvrant grand les yeux».
Née d’un père pilote et d’une mère agent municipal, Guigui tient peut-être la musique de son grand-père qui, selon elle, du moins selon ce que son père lui a rapporté, était un grand chanteur. Pourtant, ses parents ne voulaient pas qu’elle fasse de la musique. Mais c’est une passion qu’elle a voulu développer. «Comme mes parents ne voulaient pas que je fasse de la musique, ils ont toujours privilégié mes études», confesse-t-elle. «Et j’ai fait ce qu’ils voulaient et maintenant que je suis en Master, je travaille et je suis en train de réaliser mon rêve à moi. Je peux même dire que grâce à la musique, j’ai pu pousser mes études».
Le travail et la carrière de chanteuse s’avèrent être contradictoire pour certains. Guigui relate, à cet effet : «La vie est un risque. Et moi, tout ce que j’entreprends, je l’assume. Par la grâce de Dieu, j’ai eu cette force-là et mon travail ne m’empêche pas de suivre ma passion. D’ailleurs, j’ai même surpris mes collègues, c’est quand ils ont vu la vidéo qu’ils ont su que je chantais. Car, je n’ai jamais prêté le flanc dans mon lieu de travail. Personne n’a su que je chantais. Même dans mon quartier, une amie de ma mère a dit ouvertement à cette dernière qu’elle pensait que je ne parlais même pas (rires…)».
Artiste, un engagement pour le développement social
Pour la nouvelle star, «la musique avant tout fait développer l’économie d’un pays». C’est dans cette optique qu’elle signale qu’il faut rompre avec certaines pratiques, telles que «passer son temps à chanter l’éloge des hommes riches, des politiques, des marabouts, entre autres, pour espérer avoir quelque chose en retour». A son avis, il faut que les artistes participent de manière engagée au développement social du pays.
Aussi, se demande-t-elle : «Pourquoi ne pas avoir un député artiste au niveau de l’Assemblée nationale ?» Elle se dit aussi émue par la nomination de Youssou Ndour comme ministre. «Il est quelqu’un de très engagé», ajoute-t-elle en révélant ne rêver désormais que d’une chose : «Devenir ministre de la Communication ou de la Culture du Sénégal». Elle lance, par ailleurs, un signal fort à l’endroit des jeunes qui aspirent à devenir artistes. Ce, afin qu’ils n’abandonnent pas leurs études pour une passion. «Cela me désole de voir quand quelqu’un ne parvient pas à réussir dans la vie, qu’il verse dans la danse ou dans la musique pour boucher un trou». Elle prône le social, en lieu et place des festivités ostentatoires de bon nombre d’artistes.
Sa vie privée : une énigme qu’elle préfère taire
Pour ce qui est de sa vie côté cour, Ramatoulaye Clémentine Sarr ne veut piper mot. «Je ne veux pas en parler. Sinon, les gens ne vont pas s’intéresser à ce que je fais, à ma musique. Mais seule ma vie privée les captivera. C’est pourquoi, je préfère taire ma vie privée pour le moment». Néanmoins, elle voit «l’homme parfait comme Dieu (rires). Je veux un dieu, je ne vais pas dire un homme galant, riche, beau, charmant, pieux, taille élancée, moyenne, courte… Mais je veux un dieu», pouffe t-elle.
Souleymane Faye, Malouida et Beyonce, ses idoles
Pour ce qui est de son album, elle confie que «c’est pour bientôt, je travaille là-dessus. Mais actuellement, je prépare un second single qui va accompagner ce tout nouveau bébé que je viens de lancer. Il y aura beaucoup de sonorités et il faut s’attendre à quelque chose de choc, de boom».
En définitive, elle stipule qu’elle «déteste la pauvreté. (Qu'elle) a été témoin de gens qui ont tellement souffert devant (elle) et (elle) ne pouvait rien faire pour elles... Si cela ne dépendait que d’(elle), tout le monde serait heureux».
Pour Guigui, la musique sénégalaise est sur le bon chemin. Ses icônes sont «Souleymane Faye et Malouida au Sénégal et Beyonce ailleurs». Elle dit savoir préparer presque tous les plats pour le plaisir des palais et déclare être «un cordon-bleu ». Mais son plat préféré, c’est le «Borokhé» avant d’ajouter savoir bien le danser.