«LE ‘TAIS-TOI OU SORS’ EST D’UN AUTRE AGE»
IBRAHIMA SENE, MEMBRE DU COMITÉ CENTRAL DU PIT
Dans la ligne de mire des «apéristes» et des membres de «Macky 2012», au même tire que le Secrétaire général de la Ligue démocratique (Ld), Ibrahima Sène du Parti de l’indépendance et du travail (Pit) dit ses vérités, dans un texte, que nous reproduisons in extenso.
«Exprimer sa ‘différence’ ne veut aucunement dire ‘être dehors’. Le ‘tais toi ou sors’ est d’un autre âge. Et surtout, Il faudrait vraiment que l’on cesse de dire une chose et son contraire. En effet, quand dans ‘Bby’, nous saluons une ‘décision du chef de l’Etat ou du gouvernement’ que nous jugeons ‘bonne’, on nous accuse, de ‘se taire’, parce que l’on aurait la ‘bouche pleine de couscous’. Et quand nous portons une ‘critique’ sur tel ou tel aspect de la ‘politique du chef de l’Etat’, l’on nous rétorque que ‘nous jetons du sable dans le couscous’.
Cette façon de juger nos actes est non seulement contradictoire, mais elle reflète surtout le déficit de culture politique de leurs auteurs. Ils ne peuvent pas comprendre que, quand on est dans un vaste rassemblement comme ‘Bby’, l’on est en présence de diverses sensibilités politiques mues par une volonté commune de prendre en charge les problèmes du pays et des Sénégalais.
C’est pourquoi, je n’ai pas vu dans ce que Monsieur Ndoye de la Ld, ou moi, avons dit, ce qui pourrait être taxé de ‘tirs sur le régime’.
Puisqu’on est différents, et en groupe, s’il y a divergences, il faudrait les exprimer, en interne, si les conditions de concertations s’y prêtent, mais aussi, pour l’opinion afin que nul n’en ignore. Si vous ne les exprimez pas, vous ne participez pas à ancrer la démocratie dans les moeurs politiques, et vous n’assumez pas votre rôle dans la réalisation des objectifs communs qui justifient l’existence même de ce vaste rassemblement.
Nos critiques ne savent pas qu’une ‘politique de large rassemblement ‘, c’est en même temps ‘l’unité des contraires et la lutte des contraires’, et que ce type de rassemblement ne se renforce, et n’est efficace dans la résolution des problèmes qui l’interpellent, que dans cette ‘dialectique des contraires’.
C’est pour cela, que les Sénégalais doivent, à mon sens, comprendre, ce qui s’est passé au Mali, pour en tirer toutes les leçons. Voilà un pays qui a connu deux alternances démocratiques saluées du monde entier, et même qui était souvent présenté en Afrique comme modèle.
Mais, lors de la seconde alternance démocratique, le large rassemblement des forces politiques et de la société civile, autour du président de la République, a confondu ‘consensus’, et ‘alignement derrière sa vision’, et ‘soutien’ à son ‘programme’, à tel point que, tout ce qu’il faisait était applaudi, et gare à ‘celui qui mal y pensait’ !
C’est ce ‘consensus mou’ qui a eu raison, et de l’Etat malien, et de sa démocratie exemplaire, et qui est à l’origine de la tragédie qu’il a connue ! Il ne faudrait, donc, faire en sorte que notre deuxième alternance ne connaisse le même sort que celui du Mali, à force de laudateurs et de flagorneurs. Ni le Sénégal, ni notre démocratie, ni le Président Macky Sall, n’en ont besoin.
S’il y a des problèmes, il faut que, comme partenaires, l’on se ressaisisse, pour se regarder en face et se dire la vérité, parce que nous voulons réussir ensemble. Nous avons ce Sénégal à construire, et nous sommes tous interpellés, vous, journalistes, nous hommes politiques et société civile. Si nous perdons de vue la nécessité d’éviter ce qui s’est passé au Mali, par esprit étroitement partisan, ou esprit de courtisans, évidemment, nous en récolterons les conséquences aussi dramatiquement qu’au Mali.
Donc, il faudrait cesser de voir en toute expression de différences, une ‘rébellion’ ou du ‘sable versé dans le couscous’. Il faudrait plutôt y voir un ‘cri d’alarme’ et non l’expression d’un mécontentement quelconque envers le régime».