«LE CHOIX DU KOSOVO SPORTIF OU FINANCIER, JE NE SAIS PAS»
ALAIN GIRESSE, SÉLECTIONNEUR NATIONAL
Si certains observateurs estiment que le Sénégal ne gagne absolument rien en jouant une rencontre amicale contre le Kosovo, Alain Giresse dit avoir fait contre mauvaise fortune bon coeur. Seul le Kosovo s’est manifesté pour en découdre avec les Lions.
«Je veux vous faire la présentation de la mise en place de ces deux matchs amicaux en cette période. La partie technique a besoin de ces matchs compte tenu du calendrier qui a été instauré pour les éliminatoires de la CAN-2015. C’est-à-dire, début des compétitions au mois de septembre. Et d’ici là, nous n’avons plus du tout de date FIFA qui permette de mettre en place des matchs amicaux. La Coupe du monde étant là, en grandissant un tout petit peu les vacances de l’intersaison, on a décidé de se glisser dans cet espace pour mettre en place des matchs amicaux. Et pourquoi nous avons deux rencontres ? Parce que cela permet d’avoir les joueurs plus longtemps et de donner du temps de jeu à tout le monde.»
«Face aux clubs, on ne pouvait pas revendiquer quoi que ce soit»
«Autant dans les matchs officiels nous sommes les décideurs par rapport aux clubs, autant les circonstances de mise en place de ces matchs ne nous sont pas favorables. Du point de vue des joueurs, c’est la période de vacances. Deuxièmement, nous sommes confrontés à des situations de championnat. C’est le cas des Norvégiens, notamment les joueurs qui participent à des playoffs, certains clubs envisageaient des tournées. Donc, tous ces éléments-là nous bloquent. Cela nécessite des négociations afin d’obtenir la disponibilité des joueurs. Je n’ai pas obtenu la disponibilité de la part de certains clubs. Je ne peux pas revendiquer quoi que ce soit parce qu’on n’est pas dans nos droits. Il y a eu le cas pour d’autres où ça a été possible parce que les négociations ont pu se faire. Et qu’il y avait de la compréhension de part et d’autre. Nous sommes concernés par des matchs amicaux et il y a des pays qui sont dans les préliminaires pour la qualification. Claude Le Roy n’a pas obtenu un de ses joueurs qui évolue à Reims pour participer à un match préliminaire que son équipe doit jouer contre la Namibie. Et pourtant, c’est un match officiel, mais il n’est pas en position de force. Ça, je veux le restituer parce que ce contexte a créé des difficultés que nous n’avons pas dans le cadre des matchs officiels.»
«Sur mon bureau, il n’y avait que le Kosovo qui s’était manifesté»
«Je voudrais aussi m’étendre sur le choix des adversaires. Et souvent, on m’a dit que j’ai choisi le Kosovo. Il faut qu’on sache que je n’ai pas choisi le Kosovo par rapport à d’autres. Sur mon bureau, il ne m’est jamais parvenu d’autres propositions de matchs amicaux autres que celle du Kosovo. Ne pensez pas que j’ai refusé l’Espagne ou le Brésil. Je n’ai pas eu d’autres possibilités de dire que ça serait bien de jouer contre telle ou telle autre équipe. Après le tirage au sort, il y a eu le Burkina qui était à la recherche d’un sparring-partner. Et il y a eu cette possibilité de jouer en Afrique aussi pour que certains de nos joueurs qui, mis à part le Maroc, ne connaissaient pas réellement l’Afrique. Voilà un tout petit peu comment la mise en place s’est effectuée en tenant compte de toutes ces circonstances qu’il y a. Je ne parle pas des indisponibilités des joueurs blessés. Je ne peux pas dire si le choix du Kosovo est sportif ou financier. Moi, je demande des matchs amicaux, après, je ne suis pas dans les négociations. J’ai vu que le Kosovo m’a été présenté. Je prends un match, mais les conditions ne m’engagent pas. Je suis dans la partie technique. Je me suis amusé à regarder un tout petit peu les matchs amicaux, il y a des affiches comme Algérie / Arménie, Italie / Luxembourg ou encore France / Jamaïque.
Sur le plan sportif, on ne parle pas trop du Kosovo parce qu’il n’a que deux ans d’existence. Son équipe nationale n’est pas inférieure. Les matchs amicaux doivent nous servir pour faire fonctionner notre groupe. Le Burkina était vice champion 2013, le Mali que nous avons joué est 3ème et la Zambie est championne d’Afrique 2012. On nous dit qu’on joue contre les petits adversaires. Pour qui on se prend ? Je suis désolé, c’est vraiment négliger ou sous-estimer la CAN.»
«En septembre, je n’imagine pas jouer ailleurs qu’à Dakar»
«Il y a des situations qui m’embarrassent. Je peux répondre sur les choix techniques. Mais quand on me demande si la pelouse sera prête d’ici septembre, là ce n’est pas de mon domaine de compétence. J’aurai du mal à vous répondre. Par rapport à ça, on est dans les projections, les souhaits et les désirs. Mais, je ne suis pas un technicien du jardinage. C’est comme si on me demandait si dans les matchs de qualification, j’aurais ce fameux avion quand il s’agit d’évoquer la logistique. J’ai fait une demande précise avec les dates et heures de départ d’un avion privé. Je suis maintenant dans le souhait, le désir et l’espérance. Voilà comment je vois les choses. Je n’imagine même pas de jouer à l’extérieur les matchs qu’on doit recevoir à domicile. Ça ne me vient même pas à l’esprit. Ce n’est pas moi, qui, ai le râteau, ma pelle tous les matins pour m’afférer autour de la pelouse. Je n’imagine pas jouer ailleurs qu’à Dakar. Quand ma voiture est en panne, c’est le mécanicien qui me répond ; moi, je suis incapable de savoir ce qui ne va pas. Quand les professionnels qui sont en charge de la réfection du stade confirment qu’il sera livré à temps je leur fais confiance. Je suis dans l’espoir et je m’appuie sur l’avis de ces derniers.»
«Je ne change pas d’avis sur la maturité de Diafra Sakho»
«Je ne change pas d’avis sur la maturité de Diafra Sakho tant qu’il ne l’a pas démontré. J’en ai parlé avec lui, avec ces responsables et avec ceux qui le connaissaient bien. Il y a une évidence pour tout le monde. On est en droit de se demander et de façon logique s’il passera le niveau de la L2 à la L1. Penser qu’en France, la L2 est pareille à la L1, c’est méconnaître totalement ces deux championnats. Il y a impérativement une différence de niveau. Ce n’est pas évident de passer de la L2 à la L1, comme il y a des joueurs qui ont du mal à passer de la L1 au niveau international. Avec Diafra Sakho, on est dans le même cas. Maintenant, est-ce que ça sera avec Metz en L1, où ailleurs ? Je crois que ce sera ailleurs. Et là, c’est luimême qui démontrera s’il a dépassé un palier. Mais, je ne peux pas changer mon avis tant que les faits n’ont pas démontré le contraire.»