«LE DAGE DU MINISTERE DES SPORTS ME DOIT UN TOTAL DE 39 844 300 FRANCS»
BABA TANDIAN, PRESIDENT DE LA FEDERATION SENEGALAISE DE BASKET
Malgré les allégations du Dage du ministère des Sports, le président de la Fédération sénégalaise de basket persiste que l’Etat lui doit des dettes. D’ailleurs, il chiffre le montant total à 39 844 300 francs et décide de ne plus se substituer à l’Etat.
Monsieur le président, sur quoi vous basez-vous pour réfuter les allégations du Dage et le ministère des Sports selon lesquelles ils ne vous doivent aucun sou ?
Les preuves que j’ai sont aussi simples et claires. Je ne sais pas quelle mouche a piqué le Dage. C’est la première fois, depuis que je suis à la fédération, que je vois un Dage qui se permet de communiquer sur des choses qu’il ne maîtrise pas. C’est la première fois que je vois un Dhc qui parle dans la presse. C’est comme s’ils n’ont pas de chef. Je pense que le ministre des Sports et le Directeur de cabinet ne sont pas au courant de leurs sorties. Parce que c’est insolite.
Le Dhc a plus accusé la Direction technique et le secrétariat de la fédération. Moi je gère mon département qui est le département financier et l’organisation pour que tout se passe bien et qu’il n’y ait pas de fausse note. Je gère deux équipes nationales, une compétition internationale de matches amicaux. Vous avez vu les Français qu’on a fait venir. Tout ça rentre dans le cadre de la préparation de l’équipe nationale. Et quand on dit préparation, cela veut dire que tout cela est à la charge du ministère. Je me permets tout simplement de répondre au Dhc sur ce volet-là qu’il a brossé.
Comment vous gérez les équipes nationales ?
Les Français sont arrivés. Les Tunisiens, les Maliens qui sont aussi là, c’est une charge totale de plus de 40 millions. C’est nous qui avons pris la charge. Et pourtant, c’est une préparation de l’équipe nationale. Par le passé, c’est une enveloppe financière. La dernière campagne des filles à Prague, lors du championnat du monde, on a décaissé 100 000 euros pour leur préparation en Europe. Et ça, je l’ai dit sur le contrôle d’Ameth Dieng. Et je pense qu’on doit pouvoir financer le tournoi de Dakar. Car, on a accueilli cinq équipes pour préparer nos équipes nationales. Mais ils ne peuvent pas le financer. Et nous n’avons pas attendu, on ne leur a même pas demandé. On leur avait demandé de loger l’équipe de France. Ils avaient accepté, mais ils n’avaient pas d’hôtel.
Répondez à la question sur les allégations du Dage ?
Je crois qu’il a la mémoire courte. Si lui, il ne le dit pas, je rappelle que ce monsieur, en 2011, quand on allait à Bamako, il a failli faire une crise cardiaque à Faustin. C’est à l’aéroport que le ministre s’est rendu compte que le Dage, au lieu de 56 millions qu’il aurait dû récupérer pour l’Afrobasket féminin, l’envoyé du ministère était parti avec moins de 11 millions. Faustin n’avait même pas de quoi payer son hôtel. Parce qu’il ne l’avait même pas prévu.
Je me pose la question de savoir comment le Dage a pu survivre à ce fait. Parce que je m’attendais pas, au retour de Faustin, qu’il occupe toujours son bureau. Et pourtant, il est toujours là. Je veux tout simplement lui rappeler qu’en 2011, quand il est revenu de Bamako, il a fait faire une reconnaissance de dette à Faustin pour une valeur de 12, 4 millions. C’est l’argent que j’ai prêté à Faustin pour payer la prime des demi-finales des «Lionnes». Et quand il est revenu de Bamako, il m’avait promis de me rembourser. Jusqu’au moment où je fais cette interview, il ne m’a jamais remboursé cette dette. Et pourtant c’était dans sa gestion.
Quels griefs avez-vous contre ce gestionnaire des finances ?
Je vous fais une confidence, c’est lui qui m’a informé que Faustin allait être débarqué. Et s’il ne me signe pas le document, je vais perdre les 12 millions et quelques. Quand Faustin faisait ce document, il était dans le bureau du ministre. (…) Quand il dit qu’il ne me doit pas de l’argent, je crois que quelque part, il y a problème. C’est très grave pour un Dage. Il dit qu’il ne me doit pas de billets d’avion. Si, il me doit un billet d’avion. Après le Championnat d’Afrique, c’est moi qui ai payé de ma poche Yacine Diop pour 1 million 200 francs.
Aujourd’hui, si j’additionne tout ce que le Dage me doit, c’est 39 844 300 francs. Dans les détails : 9 000 000 que j’ai avancé à l’hôtel Océan qui ne veut pas prendre de bon de commande du ministère qui lui doit de l’argent depuis la gestion de 2011 ; Il me doit 3 5 00 000 qu’on a donné à l’auberge Mame Ndiaré pour les «Lionnes» qui sont ressorties pour des problèmes de commodité ; et pour les billets d’avion des U18, c’est 10 140 300 francs ; si j’ajoute les 12, 4 millions qu’on me devait sur l’Afrobasket de Bamako, le Dage du ministère des Sports me doit un total de 39 844 300 francs. Sans compter maintenant d’autres détails. Je suis même fatigué d’aller les lui demander. S’il veut me le rembourser, je suis preneur.
Il y a d’autres choses qui normalement sont dévolues à l’Etat. Mais, nous avons trouvé des systèmes. Si on n’avait pas le bus offert par un sponsor, ce sont eux qui devaient louer le bus pendant 21 jours à raison de 100000 par jour. On les a fait faire des économies. Et on fait des économies partout.
Mais on vous oppose le droit de vous substituer à l’Etat ?
Oui, il a raison que je n’ai pas cette prérogative. C’est tout simplement que je voulais bien faire. Quand je dis que je ne peux pas me substituer à l’Etat, c’était une façon de dire. Je ne veux pas qu’on me tire le grand boubou. A un moment donné, j’explose. Ce n’est pas que je suis contre eux, mais plutôt contre ceux qui m’interpellent. Comme il le dit, à partir de lundi, j’ai décidé de ne plus me substituer à l’Etat. Si effectivement Baba Ba trouve que je n’ai pas à lui prêter de l’argent, il n’y a pas de problème. Il a raison, je ne lui prêterai plus.
Dans ce cas, qui sera le grand perdant, la fédé ou l’Etat ?
C’est à lui maintenant d’endosser le risque et le péril. A partir de lundi, il va tout endosser. Il l’a dit ouvertement, tout le monde l’a lu. Je pense que quand on dit quelque chose, on doit avoir les moyens de sa politique. J’ai un droit de regard sur mes équipes nationales, jusqu’à la fin du tournoi international. Au lendemain du tournoi international, il n’a qu’à les prendre en charge (...)
Ne pouvez vous pas attendre jusqu’à la fin des compétitions pour prendre du recul ?
Sûrement pas, monsieur Baba Ba, le Dage aurait dû attendre jusqu’à la fin des compétitions. Parce que, quand on n’a rien, on n’attaque pas les gens froidement. On n’est pas délégataire de pouvoirs pour aller voler l’argent pour venir aider l’équipe nationale. L’équipe nationale c’est du ressort de l’Etat. On se démène comme de beaux diables pour trouver des solutions. Parce que, parfois, ce sont des solutions urgentes à cause des lenteurs des procédures de l’Etat. Quand on trouve des solutions intermédiaires pour parer les lenteurs de l’Etat, ils doivent nous féliciter au lieu de nous décourager.
On accepte avec humilité et je ne mettrai plus le doigt dans l’affaire des équipes nationales. J’ai déjà averti les entraîneurs et les délégués. Maintenant, c’est comme ça.
Comment Tandian vit toutes ces difficultés en se substituant à l’Etat ?
C’est la passion et l’amour de bien faire et de réussir. Parce que je l’ai dit, toutes les activités de cette fédération, les gens ne voient pas une équipe collective mais plutôt Tandian. C’est la divinité qui l’a voulu comme ça. Il y a beaucoup de bruit autour de ma personne, mais je fais face.
Peut être un jour je vais mourir au milieu de Marius Ndiaye. C’est fort possible. C’est pour vous dire tout simplement l’envie de bien faire. Je suis critiqué, insulté. Je ne pouvais pas imaginer - qu’après avoir résisté à la fronde des détracteurs de ce basket-là, pendant deux ans et demi - qu’aujourd’hui, que les choses se sont calmées, de voir un autre front s’ouvrir avec des personnes que je suis censé aider, soutenir. Financer l’équipe nationale et attendre que le ministère décaisse ou règle, ça c’est aider la tutelle. C’est ce que je suis en train de faire. Je pense que le ministre le sait.
Le Dage m’a envoyé un message pour me dire que j’ai pris l’autorité sur moi d’amener des filles et d’acheter des billets avec Air France pour les envoyer au championnat du monde. Je crois que le Dage ne connaît pas le problème qu’on avait en face.
On dit que vous avez su trouver une solution pour que l’équipe nationale ne soit pas forfait ?
Le Dage ne peut pas le savoir. Je lui réponds aujourd’hui. Si je n’avais pas acheté les billets d’avion pour que les filles partent avec le vol d’Air France, elles seraient toujours-là. Le lendemain, si je n’avais pas démissionné, on n’aurait plus parlé de basket. Puisque la sanction nous la connaissons. C’est une amende de 100 000 francs suisse, environ 80 millions qu’allait payer l’Etat. Et le Sénégal serait rayé de toutes compétitions internationales, en 2013. Il dit qu’ils avaient une solution le lendemain (…)
Si les filles n’avaient pas quitté le jour où elles ont eu leur visa et avec tous les problèmes du monde, on allait être forfait pour deux matches. Et le Sénégal serait la risée du monde. J’ai cautionné à hauteur de 9 millions 500 000 sachant que le lendemain elles pouvaient partir sans dégâts, sans que ça ne pose de préjudice. Si on avait attendu comme il le préconisait, ce serait deux forfaits et il aurait perdu son argent pour rien. Parce qu’elles n’auraient pas joué. Ce serait aussi la risée de Fiba-Afrique.
C’est parce que j’ai un compte à Air Sénégal qu’on a accepté de donner les billets et de trouver une solution miracle pour faire voyager l’équipe. D’ailleurs, je dois payer à Air Sénégal au plus tard, le 17 août. J’attends toujours.