«LE FAIT QUE LE CHEF DE L'ETAT NE DIRIGE PLUS SON PARTI SERAIT UNE CATASTROPHE»
DR YOUSSOU NDIAYE DE L'APR SUR LES PROPOSITIONS DE LA CNRI
Membre de la Convergence des cadres républicains (Ccr), Dr Youssou Ndiaye rejette, à l'image de la plupart de ses camarades de parti, la réforme qui voudrait que le président de la République ne dirige plus sa formation. Il ne manque pas d'arborer sa casquette de Directeur de l'hôpital Abass Ndao pour réagir à la sortie du maire de Dakar sur la gestion de l'infrastructure sanitaire précitée.
Le rapport que la Commission de réforme des institutions (Cnri) vient de remettre au président de la République suscite moult commentaires...
ll n'y a pas lieu d'en faire tout un débat. C'est un rapport destiné au chef de l'Etat. Au vu de son parcours politico-administratif et des valeurs qu'il incarne, je ne doute pas qu'il saura prendre la bonne décision. Mais, d'ores et déjà, je voudrais dire que je suis foncièrement contre le fait que le chef de l'Etat ne dirige plus son parti. Cette proposition n'est pas pertinente à mes yeux. Le Sénégal n'a pas encore atteint ce niveau de maturité politique. C'est trop prématuré. Ce serait une catastrophe. Il faut que le président de la République puisse continuer à présider aux destinées de son parti.
Comment appréhendez-vous les élections locales, notamment dans votre fief, à Podor ?
Mais, très sérieusement, avec confiance, et en accord avec les militants et sympathisants de l'Alliance pour la République (Apr) qui sont, aujourd'hui, largement majoritaires à Podor. Nous sommes prêts à
gagner le maximum de collectivités locales. Cependant, nous comptons rester dans la logique de Coalition, avec tous les partis qui le voudront, notamment ceux de «Benno bokk yakaar».
En tant que Directeur du Centre hospitalier Abass Ndao (Chan), comment jugez-vous la sortie du
maire de Dakar, flétrissant la gestion de ladite infrastructure sanitaire ?
Ecoutez, je dois reconnaître que je n'ai pas entendu le maire flétrir, comme vous dites, notre gestion. Je rappelle qu'il assure la présidence du Conseil d'administration. Cependant, il a fait part d'une option qui voudrait que la ville acquiert pour le Chan du matériel médical en lieu et place d'une subvention
inscrite et nécessaire au fonctionnement de l'hôpital et conforme à l'esprit de la loi portant décentralisation et transfert des compétences, mais aussi à celles portant réforme hospitalière.
Le maire a aussi fait part de l'argent qu'il donne et qui ne servirait qu'au paiement de primes et d'heures supplémentaires ?
En tout état de cause, si c'est une option du Conseil municipal, cela constitue la preuve de la totale méconnaissance du statut du Chan qui est un Etablissement public de santé, donc, une personne morale de droit public dotée d'une autonomie administrative et financière, et dispensé de tout contrôle à priori. La conséquence, c'est que personne n'a le droit de parler au nom et d'agir pour le compte du Chan, encore moins de se substituer à lui, pour acheter quoi que ce soit. Ce qu'on est en droit d'attendre des tutelles, c'est une subvention qui serait inscrite au budget, approuvée et votée par le Conseil d'administration. C'est la loi. Maintenant, en ce qui me concerne, je n'ai jamais reçu une quelconque subvention venant de la ville de Dakar. En 2012, on a été très près de recevoir une première tranche de 100 millions inscrits au budget et voté par le Conseil d'administration, quand, contre toute attente, on nous a dit que nous ne recevrions pas un seul franc, mais du matériel.
Et cela s'est passé dans un contexte marqué par une crise qui n'a pas facilité les choses. Je rappelle qu'on a inscrit dans le budget du Chan 200 millions qu'en 2011 et 2012. Et nous n'avons rien reçu. En 2013 et 2014, aucune inscription n'a été faite.
Que pensez-vous de la politique de santé du pouvoir ?
Très pertinente dans son approche et dans sa conception. Et le concept de la Couverture maladie universelle (Cmu) le démontre amplement, même s'il a souffert d'une incompréhension auprès des acteurs, de certaines autorités et de la population. La Cmu est la traduction d'une double approche :institutionnelle et économique. Ces deux approches couvrent les besoins des services de soins et èglent la problématique du financement de la prise en charge des malades. Il est heureux et louable que le Président y ait associé des initiatives de gratuité qui touchent les cibles les plus vulnérables.