«LE VERDICT EST PÉNIBLE MÊME POUR LE PRÉSIDENT, MACKY SALL»
KALIDOU DIALLO, ANCIEN MINISTRE DE L’EDUCATION
L’ancien ministre de l’éducation du régime Abdoulaye Wade, Kalidou Diallo, se désole de la condamnation de Karim Wade, estimant que la sentence est pénible même pour le président Macky Sall.
Grand-Place: Que pensez-vous du verdict que la Crei a prononcé à l’endroit de Karim Wade ?
Pr Kalidou Diallo: Je fais partie de ceux qui ont toujours remis en cause la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Et je regrette que ce procès soit tenu dans certaines conditions d’iniquité. Le verdict est pénible pour moi et certainement même pour le président de la République, Macky Sall. Mais, dès qu’un jugement est prononcé, ici, après le rejet de toutes les exceptions, on peut considérer qu’il acquiert la qualité d’autorité de la chose jugée. C’est-à-dire, la force de la vérité légale. Cette décision de justice a, aussi, en même temps, force de chose jugée. Car elle n’est susceptible d’aucune voie de recours ordinaire (Appel), elle n’est pas suspensive et, est immédiatement et obligatoirement exécutoire. Ici, le juge a dit le droit dans le cadre strict et restrictif de la Crei, décriée par certains. Ce qui veut dire qu’au nom du droit, entendu au sens des droits de l’hommistes et des conventions internationales, et aussi pour le Parti démocratique Sénégalais (Pds) et ses alliés, le procès va se poursuivre, certainement à la Cour de Cassation, dans la rue, au niveau et dans les coulisses.
Quid de l’attitude du Chef de l’Etat, Macky Sall ?
En usant de la hauteur de sa position institutionnelle, tenant compte de tous les paramètres et en prenant une mesure d’apaisement, il prouvera ainsi sa volonté de réunir les Sénégalais sur l’essentiel. Ce qui renforce sa dimension d’homme plein de générosité et profondément humain. C’est vrai que la Grâce présidentielle dispense un condamné frappé d’une condamnation définitive mais ne fait pas disparaître la condamnation qui reste inscrite sur un casier judiciaire. Ce qu’il faut, dans ce cas de figure, c’est une amnistie qui supprime l’infraction mais qui conditionne l’effet au paiement de l’amende. Ici, c’est un acte législatif relevant de la compétence exclusive de l’Assemblée nationale, le préalable étant la sérénité, le dialogue inclusif, la concertation et le consensus au sein de la classe politique.
Quelles conséquences suite à la condamnation de Karim Wade ?
L’unité des libéraux autour du régime de Macky Sall, tant souhaitée par beaucoup de ses amis et sympathisants chez les populations se réclamant du libéralisme, peut être lourdement menacée au moment où ses alliés socialistes et de la gauche marxiste se retrouvent et s’organisent. Des leaders comme Idrissa Seck, pourrait sortir très rapidement de l’ombre et prendre la tête des défenseurs de Karim Wade et constituer ainsi une alternative à sa candidature. La prochaine présidentielle risque de ne pas être facile pour lui s’il ne prend pas, ici et maintenant, la décision majeure de créer un pôle présidentiel solide, sûr et ouvert assis sur une politique économique et sociale à la dimension de l’enjeu, et de prendre des mesures d’apaisement mettant ainsi le Sénégal et la population à l’abri des violences politiques et de toutes les tentatives de déstabilisation internes et externes.