«Macky Sall doit de démissionner de la direction de son parti, le quinquennat pour le président de l’Assemblée nationale est une hérésie constitutionnelle»
Me EL HADJI DIOUF, CANDIDAT A LA MAIRIE DE KAOLACK

Un des challengers de Madieyna Diouf au poste de maire de Kaolack où il se trouvait ce week-end, Me El Hadji Diouf, a jeté un pavé dans la mare du Président Macky Sall en s’opposant à son idée de mettre fin au cumul des mandats électifs et nominatifs. Pour le bouillant député-politicien, le vrai débat aujourd’hui constitue la démission de Macky Sall de la direction de l’Alliance pour la République (Apr) pour se mettre au dessus de la mêlée. Foncièrement contre le retour du mandat du président de l’Assemblée nationale à cinq ans, il a glissé un tacle appuyé à Idrissa Seck et Abdoulaye Bathily et levé un coin du voile sur une discrimination qui prévaut à l’hémicycle de la Place Soweto.
Comme toutes les fins de semaine depuis qu’il a annoncé sa candidature pour le poste de maire de Kaolack, Me El Hadji Diouf a effectué ce week-end une descente dans la capitale du Saloum pour remobiliser ses troupes et faire la cour aux populations. Partout où il est passé, il a décliné ses ambitions municipales et s’est défini comme le messie venu «sauver la Ville de Kaolack.»
«Ce qui est dangereux, c’est le fait que Macky Sall cumule son mandat de président de la République et son statut de chef de parti»
En allant à la rencontre des populations, Me El Hadji Diouf n’a pas lésiné sur les promesses. Il s’est engagé à «redorer le blason d’une ville dont l’image a été ternie par la gestion catastrophique des différents maires qui se sont succédé après Valdiodio Ndiaye.» Interpellé sur l’idée émise par le Président Macky Sall de mettre fin au cumul des mandats électifs, il se montre corrosif et marque sa totale désapprobation. Pour lui, cette idée est sous-tendue par un besoin de partage du gâteau à une clientèle politique.
«Pourquoi subitement, Macky Sall cherche à caser coûte que coûte ses militants en voulant ouvrir l’ère du partage des strapontins ? Cette idée doit immédiatement être rangée dans les tiroirs. Pourquoi vouloir empêcher des ministres, Pca ou députés charismatiques dans leur terroir, qui se soucient des problèmes de la population de pouvoir briguer des mairies ou communautés rurales ?», tonne Me El Hadji Diouf qui estime que cela va favoriser l’avènement de «médiocres» à la tête des maires et autres collectivités locales.
Il considère qu’il n’y a aucun danger dans le cumul des fonctions électives. Ce qui n’est pas le cas d’un président de la République qui cumule ses fonctions de chef de l’Etat avec celles de leader de parti politique. C’est pourquoi il invite Macky Sall à démissionner de la direction de l’Apr et à s’ériger en arbitre du jeu politique. «Il doit inaugurer une nouvelle ère et prendre une posture de neutralité», assène-t-il.
«Le mandat de 5 ans est une hérésie constitutionnelle depuis Senghor; Bathily et Idy passent complètement à coté»
Si cela ne dépendait que de lui, Moustapha Niasse ne ferait pas plus d’un an au perchoir. D’autant qu’il se fait le défenseur ardent de la loi Sada Ndiaye. Par conséquent, il ne s’est pas montré du tout tendre avec les tenants de l’autre ligne. Pour lui, «Idrissa Seck et Abdoulaye Bathily sont complètement passés à côté.» A l’en croire, le quinquennat pour le président de l’Assemblée nationale est une hérésie constitutionnelle, depuis Senghor, que la loi Sada Ndiaye a réglée. «En toute chose, malheur est bon», indique-t-il tout en écartant le retour à un mandat de cinq ans pour le président qui est un simple député comme les autres.
Fixer le mandat du président de l’Assemblée nationale à cinq, déplore Me Diouf, «c’est fortifier un député alors que la logique voudrait que les députés tous élus au suffrage universel ne soient pas dans une inégalité à propos de leur traitement salarial. Les Sénégalais oublient que le pouvoir législatif, ce n’est pas le président de l’Assemblée nationale seulement, mais plutôt l’ensemble des 150 députés qui votent les lois et règlements. On se doit de renforcer tout le monde avec équité, et non de vouloir engraisser un président qui a une caisse noire de 500 millions, une dotation inépuisable en carburant, un salaire de 6 millions.» Il trouve anormal qu’un député simple soit doté de 100 litres d’essence, alors qu’à côté le président de groupe parlementaire, un membre de bureau ou un président de commission se retrouve avec 1000 litres et deux millions de plus sur son salaire.
«Il y a des sous députés qui mendient à d’autres»
Très en verve, Me El Hadji Diouf poursuit son réquisitoire contre Moustapha Niasse. Il soutient que les conseillers, le secrétaire général de l’Assemblée nationale ainsi que les membres du cabinet du président sont mieux lotis que ceux qui les emploient, c’est-à-dire les députés.
D’un ton qui laisse transparaitre un profond dépit, il affirme :«l’Assemblée nationale est le siège de l’injustice. Comment peut-on comprendre qu’un député puisse avoir deux véhicules, un salaire de deux millions et que le président se retrouve avec quatre millions de plus au moment où d’autres trinquent ? C’est sur ce plan que j’interpelle Moustapha Diakhaté et non pas sur des polémiques stériles. Il y a des sous députés qui mendient à d’autres. C’est dans ce misérabilisme à côté de l’opulence qu’on attend le pouvoir et non pas sur un mandat de cinq ans. L’Assemblée, ce n’est pas un député nommé président par ses pairs, mais plutôt toutes les 150 personnes choisies par le peuple. Vouloir remettre les cinq ans, c’est une farce», s’offusque Me Diouf.