«MACKY SALL NE CROIT PAS À LA CULTURE»
OUZA DIALLO, ARTISTE MUSICIEN
On le connaît pour son franc-parler. Et Ouza Diallo n’a raté aucune occasion pour dire ses vérités. Rencontré, hier, à la sortie d’une audience avec le ministre Mbagnick Ndiaye, il déplore que le chef de l’Etat «ne croit pas à la culture».
«Même chanson d’Orphée …»
«Je suis venu voir pour échanger avec le ministre Mbagnick Ndiaye et partager un peu mon expérience et mon expertise. Je ne lui jette pas des fleurs, ce n’est pas dans mes habitudes. Mais il a été très simple. Depuis l’avènement de Macky Sall, c’est le ministre humble, simple et ouvert que j’ai rencontré. Je suis là pour l’écouter». «La musique sénégalaise n’est pas du tout mal, mais il faut qu’on diversifie. Comme l’a si bien dit M. Le ministre. Je lui ai dit ça, lors de l’inauguration du pôle de la Francophonie. J’étais sidéré, franchement. J’ai vu qu’on refait la même chanson. On réécoute la même chanson d’Orphée, depuis 60 ans. D’où il faut diversifier avec d’autres ethnies, les Bassaris, les Mankagnes, etc.
Bref, on est en phase avec le nouveau ministre. C’est pourquoi, quand je suis venu je lui ai exprimé ma sympathie. C’est comme ça que je vois les choses. Parce que moi, je n’ai rien encore à attendre de cette musique. J’ai tout donné (il se répète). Ce qui me reste, c’est de donner des conseils à ce genre de ministre, qui sont tellement humbles et bien ouverts.
Mbagnick, un «roots»
«Je suis là pour apporter une touche sur le plan culturel. Mais concernant la gestion de la culture, je l’ai dit devant tout le monde, à l’avis de beaucoup de musiciens, Macky Sall ne croit pas à la culture. Je demande au ministre de faire tout son possible pour que Macky Sall revienne sur le plateau pour respecter un tout petit peu la culture. Parce que tout le monde parle de ça. J’en fais partie et je l’ai dit devant le ministre».
«Mbagnick a de très bonnes idées. Je sais que c’est un ‘roots’. C’est très important un ministre ‘roots’. Je ne lui jette pas de fleurs, je n’ai pas l’habitude. Je ne suis pas venu chercher ici quoi que ce soit. C’est parce que je sais qu’il peut nous apporter quelque chose, il est simple et ouvert. Et c’est un ‘roots’ qui croit à la culture africaine. Je ne parle pas de culture sénégalaise».
«Donc c’est possible de discuter avec lui et d’amener notre expertise. Je profite de l’occasion pour demander au Président de tous les Sénégalais de nous laisser, encore une fois, ce ministre- là continuer et terminer ses idées. Ce n’est pas parce qu’il est parent à moi que je le dis. Mais moi j’aime les gens simple».
«Yahya Jammeh m’écoute»
«Depuis Coura Ba Thiam et l’ancien feu Alioune Sène, je n’ai pas vu un ministre pareil dans le département de la Culture. Voilà un ministre avec qui on peut faire beaucoup de choses au niveau de la culture sénégalaise. Il écoute les musiciens et il est ouvert. Ce qui me fait dire qu’il peut apporter à la culture sénégalaise».
«Il faut vraiment qu’on l’aide, qu’on l’appuie et qu’on demande au Président Macky Sall de nous le laisser encore. Qu’on essaie d’ici deux ans encore et qu’il ne faut tout changer, à chaque fois». «En tant que doyen de la musique, ce qui m’intéresse chez Mbagnick, c’est son sens de l’écoute. Je suis en phase avec lui et je l’encourage. Si on dit qu’Ouza est un ami de Yahya Jammeh, c’est parce qu’il m’écoute. Il écoute ce que je dis. Ma vie, c’est comme ça. J’aime les gens ouverts et qui écoutent. Mbagnick est simple et ne se considère même comme un ministre, quand vous êtes ensemble (…)»
Le problème du «mbalax»
«Le ‘mbalax’ n’est pas tellement connu sur le plan international (….) Il n’a pas de rythme international. Peut-être avec les grands qui sont là, avec le temps et l’appui du ministre de la Culture, on va trouver une alternative en ce qui concerne le ‘mbalax’. Il n’y a que les Sénégalais et les Sénégambiens qui apprécient le ‘mbalax’. C’est pourquoi, il faut appuyer les autres ethnies. Parce qu’elles ont un rythme universel arrivent à s’épanouir sur le plan international ».
Différend You-Thione
«Je n’ai pas aimé. Ce se sont des grands de la musique sénégalaise. Il faut rester sur l’arbre à palabre et discuter. Quand je suis revenu du Burkina et que j’ai entendu cet imbroglio, je n’ai pas aimé. J’ai même dit que je vais appeler Thione pour qu’il mette de l’eau dans son thé et voir Youssou. Ce sont de grands griots modernes. Il faut une réconciliation. Il faut qu’on se calme. En tant que vieux, on n’a pas ce droit. Ce sont des vétérans, des doyens de la musique».