«MARY TEUW NIANE MENE LE PRESIDENT DROIT AU MUR»
SEYDI ABABACAR NDIAYE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SAES
Le Syndicat autonome de l’enseignement supérieur (Saes) est très remonté contre la manière dont s’est tenu le Conseil présidentiel sur l’enseignement supérieur du mercredi 14 août 2013. Seydi Ababacar Ndiaye et ses amis ont déjà rejeté certaines décisions dont l’Université virtuelle et le décret sur l’orientation des nouveaux bacheliers. Ils soutiennent mordicus que le ministre de l’Enseignement supérieur mène le Président droit au mur.
D’aucuns voyaient dans les onze décisions présidentielles à l’issue du Conseil présidentiel sur l’avenir de l’enseignement supérieur une sortie de crise pour les universités sénégalaises. Que nenni ! Le Saes, en conférence de presse hier, a démonté partiellement ces décisions en attendant de produire un mémorandum chargé de donner une appréciation globale. Déjà dans la forme, Seydi Ababacar Ndiaye n’a pas apprécié la manière dont ils ont été impliqués. «Nous avons joué un peu le rôle de figurant au Conseil présidentiel. On nous a mis au même niveau que n’importe quelle autre organisation et nous n’avons eu que cinq minutes de temps de parole», tacle d’emblée le secrétaire général du Saes.
«Le ministre est en train d’abuser le Président»
Concernant les décisions du Conseil, le Saes rejette déjà quelques unes dont le décret sur l’orientation des étudiants. Pour les universitaires, ce décret contient les germes de la violation de l’autonomie des universités. «Si on permet au ministre d’orienter lui-même les bacheliers, les commissions d’orientation dans les facultés n’ont aucune raison d’être. C’est un décret grave qui viole la loi sur l’autonomie des universités. Ce décret fait du ministre un super recteur et c’est dangereux. Le ministre de l’Enseignement supérieur est en train d’abuser le Président», lâche Seydi Ababacar Ndiaye.
Le Saes n’admet pas non plus le projet de mettre en place une Université virtuelle sénégalaise, parce que les conditions ne s’y prêtent pas et ce serait une instabilité pour l’enseignement supérieur. «Il faut qu’on explique clairement aux parents et aux bacheliers qu’ils sont roulés dans la farine. Ce que le ministre va faire, c’est mettre certains bacheliers dans l’Université virtuelle sénégalaise. Ils disent qu’ils vont créer des espaces numériques ouverts pour connecter les bacheliers dans les universités publiques, ce, dans un pays sans électricité. C’est extrêmement dangereux et porte déjà les germes des perturbations qui auront lieu l’année prochaine», prévient le secrétaire général du Saes.
Plan d’action stratégique en début d’année
Par ailleurs, les membres du Saes rejettent le choix du recteur de cette université. «Le recteur de l’Université virtuelle n’a pas rang de professeur, n’a pas de doctorat. Ils ont pris un businessman pour diriger l’Université virtuelle. Pédagogiquement c’est inacceptable et le Saes ne l’acceptera pas», renchérit Moustapha Sall, chargé des revendications.
Par ailleurs, ce dernier a laissé entendre que la paix dans les universités passera par le règlement de la question de la retraite des enseignants et de la réforme des titres. Sinon, l’année prochaine, ils promettent de dérouler un plan stratégique. «Vous verrez que les étudiants seront dans les rues parce qu’ils n’auront pas d’enseignants. Les sacrifices que nous faisions, c’est fini maintenant», avertit-il.
REVELATIONS - LE SAES MOUILLE MARY TEUW NIANE
Lors de cette conférence de presse, s’il y a quelqu’un qui en a pris pour son grade, c’et bien Mary Teuw Niane.
Pour Seydi Ababacar Ndiaye, les autorités parlent de reddition des comptes et de transparence partout, mais sans donner l’exemple elles-mêmes. De ce fait, le Saes continue à demander où sont passés les 5 à 7 milliards injectés dans le privé pour prendre en charge des bacheliers et le bilan financier de l’argent qui a été utilisé durant tout le processus de la Cnaes.
Seydi Ababacar Ndiaye, continuant son interpellation, demande quelle suite sera donnée à l’audit des universités où il a été noté une mauvaise gestion généralisée, «y compris la gestion du ministre actuel quand il était recteur de l’Ugb».
«Est-ce qu’on peut continuer à faire confiance à des dirigeants qui ont été épinglés par différents rapports ? Il y a aussi un autre document commandité par l’actuel recteur de l’Ugb au niveau de la Délégation pour la réforme de l’Etat et de l’assistanat technique (Dreat), qui épingle le même ministre.
Ce document à montré que l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur, quand il était recteur à l’Ugb, son jeu favori c’était de créer des postes de responsabilité, de direction. Il en avait créé dix-neuf dans une petite université comme l’Ugb et il y avait des conséquences sur la masse salariale car tous ces directeurs avaient l’équivalent d’un million d’indemnité.
Ces manquements devraient édifier qu’il faut faire les bonnes enquêtes et prendre les individus qu’il faut pour les missions importantes. Quelqu’un qui dirige une simple université et qui a ces types de comportement, on lui confie le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Il y a lieu de se poser des questions», a dit Seydi Ababacar Ndiaye.
«Il mène le Président droit au mur»
Ce dernier dit attirer l’attention du Président car un ministre qui traîne autant de casseroles ne peut mener à bien cette mission. «Nous n’avons pas un ministre mais un super recteur qui veut tout contrôler. Il n’a aucun respect pour le Saes, alors qu’il maîtrise plus que n’importe quel ministre, toutes nos revendications en tant qu’ancien recteur.
S’il est devenu ministre c’est grâce au Saes. En tant que directeur d’Ufr à l’Ugb, on lui a sauvé la vie. Il était malade et on a été les seuls à l’aider en l’évacuant pour qu’il se soigne. Mais il nous amène presque à regretter ce geste en nous créant beaucoup de problèmes. Avec sa manière de faire, l’avenir est sombre et il mène le Président droit au mur», révèle Seydi Ababacar Ndiaye, très en colère contre son ministre de tutelle.
Par ailleurs, pour le Saes, avec l’augmentation des frais d’inscription des étudiants, il faudra continuer à généraliser les bourses. «Il faut que le président de la République sache que quand il venait de derrière Fatick, n’eût été la bourse, il n’allait pas pouvoir bénéficier de l’enseignement supérieur. Ce n’est pas aux étudiants ou aux parents de remplacer l’Etat. C’est à l’Etat de trouver des moyens pour financer l’enseignement supérieur», considère M.Ndiaye.