«NOUS DEVONS ECARTER CEUX QUI SONT AUX COTES DE WADE ET QUI RECHIGNENT A TOUTE IDEE D’INSUFFLER UNE NOUVELLE DYNAMIQUE AU PARTI»
MAMADOU LAMINE KEITA AU LANCEMENT DU MEMORANDUM
Le vent du changement va-t-il souffler au sein du Parti démocratique sénégalais (Pds) ? Rien n’est sûr. Cependant, Modou Diagne Fada, Aïda Mbodj et Cie ont pris leur courage à deux mains en lançant hier leur mémorandum pour le renouvellement des instances du Pds afin de lui permettre de se requinquer, en perspective de la présidentielle de 2017. Seulement, les théoriciens de la réforme risquent de buter sur les tenants du statu quo. Et on assistera sans doute à un combat mortel à l’issue duquel le Pds se relèvera difficilement.
«L’heure du courage a sonné» au Parti démocratique sénégalais (Pds). Et c’est parti pour un combat épique entre les réformateurs et les tenants du statu quo. En effet, Modou Diagne Fada et Aïda Mbodj ont lancé, hier, leur mémorandum pour réclamer le renouvellement des instances du parti et des changements dans la manière d’administrer le Pds. Le lancement s’est fait en grande pompe, en présence de nombreux militants et responsables (notamment l’ancien ministre Habib Sy, des maires, d’anciens sénateurs, entre autres).
Selon le maire de Bignona Mamadou Lamine Keita, le Pds ne pouvant plus jouer son rôle de locomotive de la démocratie, le moment est venu de se pencher avec courage sur les nouveaux défis et engagements que le Pds doit prendre «(…) Notre parti ne peut plus différer le débat sur son devenir, son organisation, ses textes, sa nouvelle offre car, (…) attendre c’est laisser la place aux autres ; d’où le sens du présent mémorandum, expression d’un engagement militant de ses signataires qui tiennent à rappeler les valeurs fondatrices de leur grand parti», déclare l’ex-ministre de la Jeunesse qui lisait le mémorandum. Faisant un diagnostic sans complaisance du fonctionnement du parti, Mamadou Lamine Keïta estime que le Pds souffre d’une léthargie profonde de ses structures, surtout à la base où elles ne sont pas renouvelées depuis plutôt deux décennies. «Dans beaucoup de localités, les responsables ne sont plus actifs, ils ont quitté ou ne sont plus de ce monde et au même moment, il y a l’émergence d’autres leaders représentatifs», ajoute-t-il.
«Le Pds peut rêver d’un avenir radieux, à condition de rompre les amarres de l’immobilisme» C’est pourquoi le maire de Bignona estime que l’heure est arrivée de donner la parole à la base réduite au silence parce que le sommet du parti a longtemps monopolisé la parole. «Le Pds peut rêver d’un avenir radieux, mais à condition de rompre les amarres de l’immobilisme. Nous devons écarter ceux qui sont aux cotés de Wade et qui rechignent à toute idée d’insuffler une nouvelle dynamique au parti. Ces personnes en mal de représentativité, ne disposent présentement que du maintien du statu quo comme unique moyen de survie dans un parti où une frange importante appelle de tous ses voeux au renouvellement des instances», souligne-t-il. Sans les citer nommément, Mamadou Lamine Keita accuse les partisans du statu quo d’avoir fait abandonner à Me Wade le congrès ordinaire du 8 août 2014. Leur volonté, selon M. Keita, est de tuer le Pds en le maintenant dans une léthargie qui le vide progressivement de ses militants. «La vie du Pds ne saurait se résumer à des réunions du Comité directeur où l’on se retrouve pour répéter les mêmes choses depuis 2012. Le Pds traverse une période tumultueuse de son histoire faite d’angoisses et de questionnements majeurs liés à son avenir. Les querelles de clochers et les coteries partisanes sont le lot dans nos rangs, en lieu en place d’un débat fécond», peste l’ancien ministre de la Jeunesse. À en croire le maire de Bignona, les défenseurs du statu quo continuent de manoeuvrer pour que rien ne bouge. Mais c’est peine perdue, selon Mamadou Lamine Keita. «Car leurs agissements ne sauraient nullement entamer la dynamique irréversible qui se met en route dans le parti», indique-t-il.
AVONS NOUS LE DROIT DE NOUS COMPORTER COMME DES ENFANTS GÂTÉS …?
Ce qui est désolant aux yeux de Mamadou Lamine Keita et Cie, c’est que leurs contempteurs réduisent le débat à de simples accusations de demander à Me Wade de passer les rênes du parti. «Seul un congrès est habilité à se prononcer sur cette question. En attendant, Wade est et reste le secrétaire général national. Que personne ne compte sur nous pour poser des actes déloyaux à son égard», martèle-t-il.
Loin de démordre contre leurs pourfendeurs, Modou Diagne Fada et Cie soulignent qu’il y a deux types de personnes parmi ceux qui travestissent leurs propos. «Il y a ceux qui ont peur de disparaître et ceux qui veulent continuer à faire de Wade leur bouclier. Nous nous demandons si nous avons le droit de continuer à nous barricader derrière Wade pour refuser d’aller au combat. Avons nous le droit de nous comporter comme des enfants gâtés, incapables d’assumer le destin de la famille ? La réponse est non», s’exclame le maire de Bignona. Pour lui, la fierté du «pape du Sopi» serait de voir un jour ses enfants perpétuer son oeuvre.