«Pape Diop ne parle que pour exister, tout ce qu’il a dit est faux»
LAT DIOP, DIRECTEUR DE LA DDI DEMONTE LE PRÉSIDENT DE CONVERGENCE BOKK GIS GIS

La sortie du patron de la Convergence démocratique Bokk Gis Gis le week-end dernier à Thiès pour dénoncer la politique économique du nouveau régime a suscité une vive réaction. Le directeur de l’Investissement du ministère de l’Economie et des Finances est monté au créneau pour apporter la réplique à l’ancien président du Sénat. Chiffres à l’appui, Lat Diop démonte les «allégations mensongères» de Pape Diop.
Accusé de compromission avec Macky Sall, Pape Diop veut se dévêtir de ce manteau lugubre. Pour ce faire, il se montre de plus en plus critique à l’endroit du gouvernement. Dans la capitale du rail le week-end dernier, il a dépeint un tableau sombre du Sénégal où «on recourt à des emprunts obligataires pour renflouer les caisses parce que les bailleurs de fonds ont fermé le robinet». Pape Diop de marteler: «on n’assiste plus aux signatures de conventions auxquelles Ablaye Diop nous avait habituées».
Une assertion qui ne cadre pas avec la réalité, si l’on en croit le directeur de la Dette et de l’Investissement (Ddi). Lat Diop a puisé dans les archives pour démentir de manière cinglante l’ancien édile de Dakar : «D’avril 2011 à mars 2012, le Sénégal, sous Wade, a obtenu en terme de convention de prêts et de don 436 milliards.
En revanche, de mars 2012 à juin 2013, le volume des prêts et dons se chiffre à 486 milliards». Soit une progression de 50 milliards. De quoi bomber le torse. Selon le directeur de la Dette et de l’Investissement, sous Wade, l’essentiel des conventions était conclu à des taux onéreux, en violation de l’Instrument de soutien à la politique économique (Ispe) définissant la politique d’endettement prescrite par le Fonds monétaire international (Fmi).
C’est pourquoi, explique notre interlocuteur, dès son arrivée à la tête du département des Finances, Amadou Kane a dû revenir sur certains prêts et conventions pris «pour enrichir les autorités d’alors». «Pape Diop est en train de parler pour exister. Tout ce qu’il a dit est faux. Présentement, nous travaillons à rééquilibrer les agrégats macro-économiques pour que les efforts puissent être ressentis par les populations.
La dette représentait 40% des recettes fiscales sous Wade. Nous avons fait une économie de 13 milliards sur le service de la dette à la suite du reprofilage», a dit Lat Diop. Autre preuve que l’économie est en train de «reprendre du poil de la bête», le taux de croissance du Pib est à 3,5 contre 2,1 en 2011. Pour le Ddi, l’inflation est à son niveau le plus bas puisqu’elle est présentement de 1,4 contre 3,4 en 2011. «C’est un arbre qui pousse dans la forêt, on ne l ‘entend jamais. C’est quand il tombe qu’il fait du bruit», a-t-il dit avant d’inviter à la patience pour pourvoir inverser la tendance. Dans le même temps, il a indiqué que le Sénégal bénéficie de la confiance des bailleurs de fonds. «La signature du Sénégal est devenue plus sûre et plus crédible. Il est devenu plus attractif.»
«Des investisseurs viennent et repartent sans investir»
Il y a toutefois une évidence qui crève les yeux. La plupart des investisseurs privés désertent le Sénégal pour d’autres pays comme le Ghana. Un phénomène que déplore le directeur de la Dette et de l’Investissement. «L’investissement privé mérite d’être recadré.
C’est le secteur pourvoyeur d’emplois et de richesses par essence. Cependant, beaucoup d’investisseurs viennent, mais repartent sans investir, parce que les gens ne sont pas encadrés. Ce n’est pas le rôle du ministère des Finances, c’est d’autres structures de l’Etat qui sont chargées d’accompagner et d’encadrer ceux-là. On a pourtant un pays très attractif avec un environnement des affaires propice où la justice est indépendante. Le Président Macky Sall accorde une importance capitale à l’indépendance de la justice. Il faut qu’on réorganise le secteur et c’est la clé du développement, le rôle de l’Etat étant de sécuriser et d’encadrer les investisseurs.»