«Plus de la moitié des Sénégalais estiment que l’économie est mal gérée»
RESULTATS DE L’ENQUETE AFROBAROMETRE 201
Afrobaromètre Sénégal a publié hier les résultats de sa quatrième série d’enquêtes, en marge d’un atelier portant sur le thème : «La reddition des comptes : perception du citoyen». D’après ces résultats, plus de la moitié des Sénégalais n’adhèrent pas à gestion actuelle de l’économie, mais approuvent la poursuite de la traque des biens mal acquis.
Dans le but de promouvoir une bonne gouvernance politique, économique et sociale, le réseau Afrobaromètre, présent dans 35 pays africains libéralisés significativement au plan démocratique, mène des enquêtes périodiques. Les résultats de ces enquêtes permettent de rendre compte de la perception des citoyens sur la qualité de la gestion de la demande sociale par leurs gouvernants. L’enquête, selon le Professeur Mouhamadou Sall, a couvert un échantillon représentatif de 1200 citoyens, qui ont la majorité et qui ont été choisis de manière aléatoire. «Cet échantillon donne des résultats avec une marge d’erreur de + ou – 3%, pour un degré de confiance de 95%», a-t-il précisé.
Mauvaise gestion de la politique économique et sociale
Après quinze mois de gestion de l’Etat par Macky Sall, plus de la moitié des Sénégalais estiment que l’économie est mal gérée (51,5%), contre 43% qui pensent le contraire. Dans le cadre de la réduction des inégalités sociales, l’enquête d’Afrobaromètre indique une mauvaise perception des politiques sociales du gouvernement par la majorité des populations. «8 Sénégalais sur 10 jugent négativement la politique gouvernementale en matière de réduction du fossé entre les riches et les pauvres, contre 17% qui apprécient positivement les efforts du gouvernement», affirme M. Sall. Même perception concernant les stratégies de création d’emplois développées durant la première année du mandat de Macky Sall.
Celles-ci sont négativement appréciées par 78% des citoyens, soit environ 8 personnes sur 10. Quant à l’accès aux soins de santé, 41,9% apprécient positivement les efforts entrepris par le gouvernement. N’empêche, 57%, soit près de 6 Sénégalais sur 10 trouvent que des améliorations doivent être apportés dans ce secteur. S’agissant de la sécurité alimentaire, 75% de la population désapprouvent la manière dont le gouvernement gère cette question. Et parmi ces 75%, 30% se disent très insatisfaits. En somme, 70 à 80% des citoyens réprouvent la gestion de plusieurs secteurs, notamment la santé, la création d’emploi, la stabilité des prix, la sécurité alimentaire, etc.
«Les audits sur les biens mal acquis doivent se poursuivre…»
D’après les résultats de l’enquête d’Afrobaromètre, 52% des Sénégalais sont intéressés par le mode de gestion de la cité, et seuls 32% affirment ne pas être intéressés. Il s’agit particulièrement de la gestion des ressources publiques et la reddition des comptes pour le régime précédent et celui en place. Le document révèle que 6 Sénégalais sur 10 pensent que les officiels qui commettent des délits de mal gouvernance restent impunis.
Selon les enquêteurs, ceci met à nu les problèmes de gestion de l’ancien régime sous lequel l’impunité semblait être érigée comme mode de gestion, même si quelque fois (6,2%), de hauts responsables ont été envoyés en prison pour mauvaise gestion. Cette impunité selon 70% des personnes interrogées est le facteur de la mal gouvernance dans la gestion des deniers publics.
Concernant les audits entrepris par le régime actuel, 40% des citoyens pensent qu’ils traduisent une volonté d’éclairer les populations sur la gestion des deniers publics, tandis que 16% estiment que c’est une volonté de mettre fin à la mal gouvernance. Plus de 6% de l’échantillon trouve que c’est un moyen d’anéantir les adversaires politiques, alors que 4,5% estiment que c’est une opération politique destinée à se détourner des vrais problèmes de l’heure.
ABDOU LATIF COULIBALY, MINISTRE DE LA BONNE GOUVERNANCE
«Le gouvernement devait être impliqué dans la conduite de ces enquêtes»
Pour le ministre de la Bonne gouvernance, les enquêtes commanditées par Afrobaromètre sont certes d’une importance capitale, mais il a précisé toutefois que le gouvernement devait être impliqué dans la réalisation de cette étude. «Puisque ce travail est à priori destiné au gouvernement, il est bon qu’au moment d’engager ces études-là, nos techniciens puissent échanger avec ceux qui les ont conduites, ne serait-ce qu’au plan méthodologique. Il est très bon qu’il y ait une adaptation des instruments de recherche qui nous viennent de l’étranger avec ceux qui ont un rapport direct avec des structures et des scientifiques sénégalais», a-t-il suggéré. Il soutient que certaines questions de l’enquête ont été mal formulées, ce qui peut déboucher sur des conséquences importantes dans les résultats de l’étude.
Toutefois, il reconnaît que l’étude permettra au gouvernement de mieux connaitre ses faiblesses, de multiplier ses efforts et sa méthode de communication pour mieux renseigner les populations par rapport à ses différentes réalisations.