«SI LE POUVOIR OPTE POUR LES PARTENAIRES TRADITIONNELS, ILS REMETTRONT LE PAYS SOUS AJUSTEMENT STRUCTUREL»
L’ECONOMISTE IBRAHIMA SENE SE PRONONCE SUR LE FINANCEMENT DU PLAN SENEGAL EMERGENT
Notre pays ne serait pas à l’abri d’un nouvel ajustement, si l’Etat décidait de recourir à l’argent de ses bailleurs traditionnels comme la Banque mondiale ou le Fmi pour financer le Plan Sénégal émergent (Pse). Ibrahima Sène qui a partagé cette inquiétude craint surtout pour les réformes imposées par ces institutions.
Le financement du Plan Sénégal émergent (Pse) est encore à l’ordre du jour. L’économiste Ibrahima Sène pense que l’Etat gagnerait plus à se tourner vers les investissements alternatifs plutôt que d’essayer les réformes que lui proposent les bailleurs traditionnels moyennant leur participation financière.
«Le Pse, comme l’a récemment résumé le Représentant résident du Fonds monétaire international (Fmi), c’est des investissements et 17 réformes. Mais son véritable problème, ce sont les réformes dont parle le Fmi, que le pouvoir tarde à présenter à l’opinion, au point qu’il persiste sur leur urgence», a dit M. Sène dans un entretien qu’il a accordé à votre canard.
Selon lui, le Sénégal doit absolument éviter des réformes. «Si le pouvoir opte pour le financement de ses partenaires traditionnels, il amorcera les 17 réformes préalables, qui, analysées à fond, remettent notre pays ‘‘sous ajustement structurel’’», explique M. Sène qui cite à titre d’exemples : «Il y aura des coupes sombres sur les dépenses budgétaires dites «improductives », notamment dans l’éducation publique, la santé publique, et les subventions pour l’électricité et les intrants des agriculteurs mais aussi les privatisations, notamment de la terre, et la flexibilisation accrue du marché du travail».
Ibrahima Sène se veut formel. Les Chinois sont l’alternative qui pourra être utilisé par l’Etat pour financer le Pse sans heurts sociaux. «Le gouvernement ne devrait pas perdre de vue la signification de la grève dont celle des travailleurs de «Dakar Dem Dikk», quelques jours seulement après la signature du Pacte social national de stabilité et d’émergence», a-t-il confié. Et pour lui, l’Etat doit en tirer la leçon suivante : «C’est le signal évident que les travailleurs n’hésiteront pas à se battre contre toute tentative de violer leurs droits garantis par le Code du Travail et la Sécurité sociale, comme les organisations paysannes ne laisseront pas leurs terres accaparées par l’agrobusiness».
L’économiste estime que l’Etat ne doit pas faire de fixation sur un financement qui viendrait de ses bailleurs traditionnels comme la Banque mondiale ou le Fmi. «Le choix des partenaires traditionnels pour financer le Pse n’est pas une fatalité, dès lors qu’il y a une alternative qui s’inscrit dans la préservation des acquis sociaux et économiques des populations», a-t-il dit.