«TOUS CEUX QUI METTRONT LEUR CARRIERE PERSONNELLE EN AVANT AU DETRIMENT DU PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE ME TROUVERONT SUR LEUR CHEMIN»
MAME MBAYE NIANG, PRESIDENT DU CONSEIL DE SURVEILLANCE DE LA HAUTE AUTORITE DE L’AEROPORT
La brouille entre le Premier ministre Aminata Touré et le président du Conseil de surveillance de la Haute autorité de l’aéroport (Haalss) Mame Mbaye Niang est loin de s’estomper. Après avoir été privé de ses indemnités de logement et de carburant sur décision de sa tutelle (Primature), le président du Conseil de surveillance de la Haalss décoche des flèches à Mimi Touré, demande la suppression du poste de Premier ministre et tresse une couronne de lauriers au Coordonnateur du Bosse Mohammed.B.A Dionne qui, annonce-t-il, ne risque pas d’être invivable. L’allusion est directe. Entretien.
L’as : moins de deux ans seulement après son arrivée au pouvoir, l’apr est secouée par de vives querelles de positionnement. en tant que responsable des jeunes de l’apr, comment vivez-vous cette situation ?
Mambaye Niang : C’est une situation qui nous interpelle tous. Nous ne pouvons pas être insensibles à la violence en général, et aux facteurs qui la font naître en particulier. Cela dit, il faut distinguer les causes conjoncturelles des causes structurelles inhérentes à toute forme d’organisation humaine dynamique, surtout de nature politique. La violence, d’où qu’elle vienne, est à bannir ; elle est à condamner avec fermeté. Et il faut déplorer cette situation. Cependant, il importe de placer dans leur contexte les actes de violences qui se sont récemment produits. Nous sommes dans un contexte préélectoral et qui dit élection dit aussi compétitions entre responsables. Tout ça est louable, mais il faut que cela se déroule dans un climat sain pour permettre l’expression plurielle. Cela montre aussi que notre parti intéresse un grand nombre de Sénégalais qui s’identifient à nos projets et aux orientations du président de la République Macky Sall. Cela nous rassure d’autant que jusque-là, la situation est maîtrisable. Je vous rappelle une vérité scientifique : la violence existe et existera toujours dans les organisations politiques. Il faut juste que les dirigeants s’emploient à lui donner une place résiduelle dans nos différents choix et options de traitement des différends qui pourraient exister lors de compétitions comme celles vers lesquelles on s’achemine, et ne pas en faire la voie privilégiée du règlement des conflits.
Les locales, c’est dans quelques mois et dakar est une importante ville. au nom de la dynamique unitaire de bby, êtesvous prêts à laisser la mairie entre les mains de Khalifa sall ?
Nous ne sommes pas trop attachés aux destins personnels, au sort des individus. Nous sommes dans une dynamique d’ensemble, dans un souci patriotique de développement du Sénégal. Nous serons avec ceux qui comprendront que ce n’est pas leur avenir qui se joue, mais le destin du Sénégal. Donc la question ne sera pas une question de personne, excusez-moi. Le Président de la République est en train de créer un nouveau pôle urbain, autour de Diamniadio. Le train de banlieue, le tramway, la nouvelle cité des affaires, tout cela fait partie du portefeuille projet du Président de la République pour notre capitale, comme son idée de faire de la ville de Thiès le cœur industriel du Sénégal. Ce n’est pas chasser les marchands ambulants ou paver Dakar notre ambition, c’est plus sérieux que cela. C’est positionner Dakar, Diamniadio comme un nouveau Brazilia, une nouvelle capitale propre, normée selon les exigences d’une capitale moderne. Quand vous survolez Dakar, sa beauté, cette presqu’île unique au monde, vous vous dites mais quel gâchis ! Parce qu’au lieu de chasser les ambulants comme des malpropres, il vaut mieux créer de l’activité économique, industrielle, leur créer des espaces adaptés pour l’exercice de leurs métiers, sans gêner le commerce classique. Les ambulants existent partout et font même le charme de certaines cités touristiques mondiales. Rio, le long de Copacabana, New York, San Francisco, Hong Kong, toutes ces villes ont un charme parce que l’activité marchande existe dans son aspect pédestre. On y vend des parapluies, des montres, des teeshirts, des cadeaux, parfois de la pacotille. On ne peut pas refuser aux Sénégalais à Dakar une activité acceptée à New York, parce que simplement ailleurs cette activité est mieux encadrée. Donc, dans notre vision il faut une intégration réussie et non une exclusion. Je suis contre toute forme de stigmatisation et les marchands ambulants sont en train d’être stigmatisés, alors qu’ils sont la résultante de mauvaises politiques de Jeunesse et d’emploi.
Vous êtes le président du conseil de surveillance de la haute autorité de l’aéroport. comment jugez-vous l’actuelle gestion aéroportuaire ?
Je résumerai la situation par un manque notoire d’ambitions, avec lequel il faut rompre. Nous aurons une véritable politique aéroportuaire quand nous serons dotés de nouvelles infrastructures qui nous permettront de mieux positionner notre pays, en tant que hub dans la sous-région et en Afrique. Nous formerons des mécaniciens d’avion, des ingénieurs, des techniciens de l’aviation civile et militaire,
pour que plus jamais, pour une simple révision, un simple contrôle, nous ne soyons obligés d’aller jusqu’en Europe ou en Amérique. L’Ethiopie le réussit bien. Les Chinois et les Asiatiques en général y vont pour la qualité de la main-d’oeuvre et son coût bas. Pourquoi pas nous ?
Récemment, il a été fait état de la décision du premier ministre aminata touré de supprimer vos indemnités de logement et de carburant. Qu’en est-il réellement et qu’est-ce qui s’est passé ?
Je ne peux pas croire qu’elle (Mimi Touré, Ndlr) descende à un tel niveau. Nous sommes en République et nous devons être plus sérieux. Ma personne compte peu et ceux qui me connaissent savent que je ne suis pas motivé par l’argent, mais plutôt par l’idéal pour lequel je me suis toujours battu, pour la transformation positive de notre pays. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois qu’on me coupe des indemnités. Sous le régime de Wade, lorsque Karim Wade était ministre des Transports, j’avais été affecté à Saint-Louis et toutes mes indemnités avaient été coupées. On me reprochait d’être proche de Macky Sall qui était dans le collimateur du pouvoir d’alors. J’ai tenu bon jusqu’à la victoire finale. Je ne suis pas comme ces politiques qui transigent ou qui vendent leurs positions pour leur bien-être. Je ne céderai pas. Des sacrifices, s’il faut en faire je les ferai car j’en ai déjà fait. Mieux vaut mourir avec ses idées que de vivre avec les idées d’autrui. Ces valeurs renforcent notre foi. Donc ceux qui pensent me combattre en faisant cela ne connaissent pas encore ma capacité de résilience et mon engagement au combat. Qu’ils se préparent donc à une longue bataille, parce que je ne leur céderai aucun pouce. Je serai avec ceux qui serviront le Sénégal avec désintéressement et le chef de l’Etat avec loyauté. Tous ceux qui mettront leur carrière personnelle en avant au détriment du président de la République et du Sénégal me trouveront sur leur chemin. C’est tout ce que je peux en dire. Le reste est un débat de personnes, je ne verserai pas dans des querelles de borne fontaine, je ne céderai pas à cette forme de politique politicienne hideuse de notre espace politique. Je ne suis pas pour cela, je suis pour le débat constructif.
Avez-vous reçu des explications de la part de la primature au sujet de cette décision ?
Oui, mais bien après. Je suis un cadre de ce pays, je gagnais bien ma vie avant l’arrivée de Macky Sall au pouvoir. Je ne suis pas venu à ses côtés pour gagner des indemnités quotidiennes. Je suis venu à ses côtés en tant que cadre déjà affirmé, parce que je croyais et je crois encore en l’idéal pour lequel il combattait. Cela, avant ceux qui sont venus par la suite pour recevoir des perdiem au quotidien.
Que comptez-vous faire pour être rétabli ?
M’en remettre à Dieu, à sa grâce qui m’accompagne, à la bénédiction et aux prières de mes parents.
Il y a quelques mois, vous demandiez la suppression du poste de premier ministre. etes vous toujours dans cette dynamique ?
Je suis cohérent et je veux toujours le rester. D’ailleurs, d’éminents observateurs m’ont rejoint dans mes positions. J’ai dit que depuis notre indépendance, la position est, en elle-même, conflictogène. Nous avons un président de la République qui connaît bien ses dossiers, pour avoir été directeur de société, conseiller spécial, ministre, ministre d’Etat, Premier ministre puis Président de l’Assemblée nationale. Il ne s’essaie pas aux affaires, il les connaît. Il a donc tendance à avoir un style de management directif, parce qu’il est jeune et il a conscience de sa mission, des attentes des populations. C’est lui qui a été élu, qui rendra compte. A côté, vous avez des gens désignés à des fonctions d’exécution et de coordination et qui, prenant goût au commandement, finissent par se proclamer roi à la place du roi. J’ai dit que la fonction de Premier ministre a un mode d’emploi, comme Abdou Diouf a bien su nous l’enseigner, se l’appliquer, en comprenant que le seul attributaire du suffrage des Sénégalais est le président de la République. Voilà ce que j’ai dit, et tout cela est encore plus marqué quand on a le sentiment qu’on détient le monopole des compétences pour être Premier Ministre alors qu’on sait que des milliers de Sénégalais plus engagés, plus compétents, plus sérieux, plus rompus aux rigueurs de l’administration auraient pu occuper cette fonction. Des femmes valeureuses, brillantes se sont battues sans avoir jamais eu la chance d’être portées à ce niveau de responsabilité. Je vais le répéter pour que mes propos servent de viatique à tous ceux qui seraient habités par la même ambition. Macky Sall n’a pas souffert des années durant, bravé le régime de Wade, fait le tour du Sénégal sur l’asphalte, le sable et la poussière, pour après se laisser traiter de la sorte. Et que ceux qui sont tentés par cette voie aventureuse sachent que personne ne les suivra. Les Sénégalais ont choisi Macky Sall à 65%. Ce devrait être assez dissuasif, à moins que l’on soit aveuglé par son ambition démesurée.
Mohamed dionne, ministre et coordonnateur du Bosse doit-il être considéré comme un vice-premier ministre ?
Il faut percevoir cette nomination comme une volonté du président de la République de s’assurer du suivi et de l’exécution correcte du Plan Sénégal Emergent (Pse). Aussi, la personne choisie peut bénéficier d’un préjugé favorable car ayant déjà servi le Président Macky Sall quand il était à la Primature. Il est réputé sérieux et rigoureux. Mieux, il a dû avoir toute la confiance du Président parce que les deux hommes se connaissent. Ce qui est plus rassurant avec cet homme rompu à la tâche est qu’il sera au dessus de toutes ces querelles politico-politiciennes. Je suis sûr qu’il ne se mettra pas à dos la moitié du gouvernement et nos alliés. Votre proximité avec le couple présidentiel, surtout la Première Dame, est un secret de polichinelle. Si bien qu’on soupçonne la Première Dame d’être derrière vos fracassantes sorties. Je jouis de leur affection fraternelle comme beaucoup de nos camarades et j’essaie de la mériter, par la loyauté que je leur manifeste. Mais comme je vous l’ai dit, je suis un cadre de ce pays, j’ai mes choix, mes positions que je défends. Ils peuvent désapprouver certains de mes choix, mais les respectent parce qu’ils sont ouverts. Je ne leur demande pas ce que je dois dire, soyez rassurés.