À MONACO, GERMAIN S'ACCROCHE À SON RÊVE
A 23 ans, l'attaquant Valère Germain, qui découvre tardivement les joies d'être titulaire et buteur en Ligue 1 après avoir passé six mois dans l'ombre de Radamel Falcao, devrait encore être aligné à la pointe de l'attaque monégasque samedi à Lorient.
Fils de Bruno, ex-milieu de Marseille et du Paris SG à la fin du siècle dernier, Germain n'est pas un attaquant à la trajectoire fulgurante. Formé à Monaco, il a grandi lentement. S'il a disputé deux rencontres de L1 en fin de saison 2010-2011, participant à la défaite face à Lyon (0-3) qui scella la descente en L2, il n'a réellement débuté en professionnel qu'à 21 ans.
En deux saisons de L2 avec Monaco, son jeu, marqué par une intelligence de déplacement, lui a progressivement permis de devenir indiscutable, jusqu'à porter le brassard. Sous les ordres de Claudio Ranieri, ses 14 buts et sept passes décisives ont grandement aidé le club à décrocher le titre de L2.
L'entraîneur italien a vite apprécié cet homme discret et ce joueur travailleur. Aussi en début de saison, il l'a averti que, malgré sa récente prolongation de contrat, les venues de Falcao et Martial ne lui garantiraient pas le temps de jeu auquel il pouvait aspirer. Plusieurs clubs, dont Nice, ont alors flairé la bonne affaire. Mais Germain a décidé de rester, sans se plaindre. A la fin de la phase aller, le bilan est pourtant sans appel: son impact est famélique (6 entrées en jeu sans but).
"J'apprécie beaucoup Valère, précise alors Ranieri. Si je ne pensais qu'à moi, je lui demanderais de rester. Mais je souhaite sa progression. Il lui faut jouer. Je lui ai donc dit qu'il serait bien de le voir prêté en L1."
Une fois encore, plusieurs clubs de l'élite se manifestent. Mais la grave blessure de Falcao change la donne. Conjuguée à l'absence de Martial, touché à une cheville, ce coup dur pour le club et la sélection colombienne le relance. "Germain est un bon joueur. Sans Falcao, il reste. C'est normal", assure Ranieri.
Moutinho: "Un exemple"
Depuis, il a enchaîné deux titularisations en L1 (Toulouse et Marseille), et marqué son premier but. "Cela me fait plaisir de rejouer, savoure-t-il. Mon premier but en L1 contre Marseille, où je suis né, c'est magnifique. Je savais que c'était ma chance. Il fallait tout donner. J'avais un peu de pression".
Une fois de plus, il a su passer le test. Cela force le respect de ses coéquipiers. "Je ne suis pas surpris par Valère. Je le vois tous les jours à l'entraînement. Il donne le maximum. Même s'il n'est pas l'option privilégiée depuis le début, c'est un exemple. Je ne peux que le féliciter pour ce qu'il a apporté contre l'OM et espérer qu'il continue ainsi", témoigne ainsi Joao Moutinho.
"Cela me fait vraiment plaisir d'être encore important ici, surtout que j'ai vécu six mois difficiles, reconnaît Germain, soulagé. J'ai profité de deux blessures. Je savais que j'aurais ma chance. Mais la fenêtre a mis du temps à s'ouvrir".
Désormais, son objectif est de s'imposer en Principauté. "J'ai envie de montrer que je suis encore là, lance-t-il. A un moment, c'était difficile. Mais j'ai toujours voulu rester. Cela ne pouvait pas finir comme ça avec mon club formateur. Je ne suis jamais parti en prêt. J'ai envie de continuer le plus longtemps ici. A moi de m'accrocher pour continuer à jouer et marquer avec Monaco".