À QUELQUES SCANDALES PRÈS...
Le pillage de nos ressources halieutiques est curieusement considéré au Sénégal comme une réalité abstraite. Au grand dam d'ailleurs des communautés de pêcheurs qui, depuis la nuit des temps, vivent des produits de la mer. Certes, on peut leur faire grief d'utiliser encore aujourd'hui des pirogues de fortune. Mais, la faute incombe principalement aux différents régimes qui n'ont jamais initié de politique de modernisation du secteur de la pêche. Puisque le Sénégal a largement les possibilités de devenir un pays exportateur de produits halieutiques. En lieu et place, les élites politiques ont toujours privilégié une solution de facilité, en accordant à tour de bras des licences de pêche, en dépit de tout bon sens. Et souvent, en violation de la loi. Car, à y regarder de près, ces accords ont jusqu'ici été sous-tendus par des logiques de captation des deniers publics. C'est le lieu de souligner la faillite des gouvernants qui, jusqu'à présent, se sont illustrés par leur cupidité, une mauvaise gouvernance et la mise en péril de la sécurité alimentaire des Sénégalais.
Ces accords de pêche charrient derrière eux des scandales qui n'ont jamais été élucidés, malgré les différents rapports qui épinglent la gestion du secteur. Le rapport de Greenpeace, publié en mars 2012, intitulé : “Main basse sur la sardinelle : Le scandale des autorisations de pêche au Sénégal, un drame en 5 actes” est édifiant sur l'inconscience qui a toujours prévalu dans la gestion de nos ressources halieutiques. L'organisme international y dénonce une “kleptocratie” maritime”. Plus grave, le document met en lumière les tentatives de légitimation d’activités de pêche illégales au regard de la Loi sénégalaise, par de hautes autorités du régime sortant.
Lueur d’espoir
En accordant de manière inconsidérée et irrationnelle des autorisations de pêche illicites à des chalutiers pélagiques étrangers, un coup fatal a donc été donné à un pan important de l'économie. Les conséquences sont dramatiques. Car, il faut le souligner, le drame de l’immigration clandestine, par le truchement des pirogues, communément appelé “Barça ou Barsax”, on ne le dit pas assez, trouve sa source dans la précarité qui s'est emparée des communautés de pêcheurs, avec la rareté des ressources halieutiques pillés par les bateaux étrangers. Leurs fils sont les premiers à avoir envisagé et fait la traversée de l'Atlantique, pour une vie meilleure sous d'autres cieux. Des milliers de jeunes Sénégalais ont été engloutis par la mer.
Faut-il donc désespérer de nos dirigeants ? La question mérite d'être posée. Même s'il faut saluer la pugnacité de l'actuel ministre de la Pêche Ali Haïdar qui tente de faire changer les choses. Sous ce rapport, l'arraisonnement du bateau de pêche russe, pour pêche illégale, est une lueur d'espoir pour des millions de Sénégalais.