À QUI PROFITE LE DOING BUSINESS ?
Le Doing Business est sensé rendre crédibles les pays ayant obtenues de bonnes notes aux yeux des investisseurs étrangers. Ce qui fait qu’il demeure un instrument au service du secteur privé, notamment du secteur privé international. Telle est l’analyse du journaliste Tidiane Kassé qui invite les journalistes à essayer de comprendre certains concepts importés dont le Doing Business.
Les médias ont vivement critiqué les autorités sénégalaises lors de la publication du dernier rapport du Doing business. Le Sénégal a régressé de 12 places par rapport à 2012 pour se classer 166e sur 185. Pas satisfait de cette position, le pouvoir a remis en question la fiabilité de ce ranking avant de temporiser. Résolu à corriger les points négatifs soulevés par le rapport pour aller de l'avant.
Les médias ont trouvé tout naturellement matière à débattre. Consacrant une bonne place à la critique de cette contre-performance du Sénégal, ils n’ont presque pas questionné cet instrument de mesure de la qualité de l’environnement des affaires dans les différents pays concernés. Mais en vérité, à qui profite le Doing Business ?
Pour le journaliste Tidiane Kassé, le Doing Business n’est qu’un instrument à la solde du secteur privé, notamment du secteur privé international. C’est un instrument de ‘’déstructuration de l’économie et de la structure de l’emploi. Est-ce de cela que nous avons besoin comme développement ?’’, s’interroge-t-il.
Le directeur de publication de Waa Sport intervenait lors d’un séminaire tenu ce week-end au Centre d’Études des Sciences et Techniques de l’Information (CESTI) intitulé : ‘’L'information et la communication pour le développement durable. Les enjeux d’une réappropriation des concepts de l’après Rio+20 et de l’agenda de développement post-2015.’’
Quand le représentant du FMI critique une politique de l’Etat du Sénégal, constate Kassé, les médias, à l’unisson, vont se focaliser sur les critiques du patron du FMI sans s’intéresser à ce que propose le FMI. ‘’Alors que lorsqu’on applique ces politiques, on sait ce que ça donne’’, relève-t-il. D’après lui, il est nécessaire que les médias africains et sénégalais en particulier interrogent de plus en plus bien des concepts qui viennent d’ailleurs.
Il cite entre autres des concepts tels que le Programmes d’ajustement structurel (PAS), le Document stratégique de réduction de la pauvreté (DSRP), la dévaluation, développement durable...
Tidiane Kassé interpelle directement les panélistes sur la place de la formation des journalistes sur les questions liées à l’environnement, au développement durable qui sont des problématiques importantes pour le devenir de l’humanité.
Abondant dans le même sens pour parler du Doing Business, Cheikh Tidiane Dièye, directeur exécutif d’Enda Cacid souligne que les Africains doivent avoir leur propre instrument. Il faut, selon lui, de l’auto-évaluation comme le Sénégal l’a fait avec le PSE.
En clair, pour Kassé et Dièye, le Doing Busines n’est pas véritablement au service des Africains. Quand bien même ses partisans estiment qu’une bonne classification dans les indices peut être un visa pour lever des fonds sur les marchés internationaux.
Cela est d’autant plus vrai que ‘’la Chine n’est pas le champion du Doing Business, mais c’est le pays qui attire le plus d’investissement étrangers prouvé’’, relève Cheikh Tidiane Dièye.
Prétexte du séminaire
Au début des années 2000, sous l’égide des Nations-Unies, les pays sous-développés se sont vus proposer les Objectifs du millénaire pour le développement (OMD). Leur atteinte est sensée les sortir de la pauvreté et améliorer les conditions de vie de leurs populations.
Cent quarante-sept (147) chefs d'État et de gouvernement et 189 pays se sont engagés en 2000 dans la Déclaration du Millénaire à faire du droit au développement une réalité pour tous et à mettre l'humanité entière à l'abri du besoin dès 2015. Mais à la veille de cette date buttoir, les objectifs sont loin d’être atteints. Mais à un an de l'échéance que les Etats se sont fixés, force est de reconnaitre que beaucoup de pays n'atteindront pas ces objectifs.
Dans la foulée, un nouveau paradigme a émergé toujours sous l’égide des Nations-Unies. Il est intitulé ‘’Objectifs du développement durable (ODD)’’. Il s’agit du plan d’action de l’après-2015. Ce nouveau paradigme prendra en compte les OMD qui n’auront pas été attients en 2015.