ÇA ROULE POUR LES AUTOMOBILISTES, MAIS POUR LES RIVERAINS, C’EST LA GALÈRE !

S’il est indéniable que l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio est une infrastructure structurante qui participe beaucoup à l’amélioration de la mobilité dans la région de Dakar —  laquelle ne disposait jusqu’alors que d’une seule sortie reliant la capitale au reste du pays —, il n’en reste pas moins que cette voie de passage à grande vitesse comporte aussi de nombreux inconvénients pour les populations riveraines. Reportage…

Initiée par l’ancien chef de l’Etat, Me Abdoulaye Wade, pour  contribuer à résoudre l’épineuse question des embouteillages cauchemardesques qui faisaient souffrir les populations et se traduisaient par des dégâts incommensurables pour l’économie nationale, l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio a été inaugurée le 1er août 2013 par l’actuel président de la République, M. Macky Sall.

Ainsi, ce joyau avait pour principaux buts d’atténuer  le niveau de pauvreté, de limiter les effets des inondations, d’améliorer la mobilité, le niveau de vie et la santé des populations mais aussi d’augmenter le taux de scolarisation.

Toutefois, malgré l’utilité incontestable de cette infrastructure routière,  force est de constater qu’elle créée des désagréments incommensurables à l’endroit des populations des zones traversées et plus particulièrement celles de Guinaw Rail, Tivaouane-Diack Sao, Diamaguène Sicap Mbao etc.

En effet, un an après  son ouverture aux usagers que sont les automobilistes, les populations ne cessent de crier leur ras-le-bol contre cette autoroute de tous les dangers. Ibrahima Ndiaye, habitant de la commune de Tivaouane-Diack Sao et étudiant à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar nous déclare à ce propos :

« Nous reconnaissons l’utilité de cette autoroute. Cela dit, force est de dénoncer les désagréments causés par cet ouvrage sur notre quotidien. Si nous prenons par exemple le pont qui mène vers le lieudit ‘’Gouye gui’’, il n’est pas sécurisé car  il n’y a pas de barrière. Il s’y ajoute qu’il n’est pas non plus accessible aux personnes du troisième âge dont la mobilité s’en trouve réduite. Pis, nos petits frères et sœurs traversent ce même pont pour rallier l’école primaire Mbaye Diouf, or les voitures qui mènent vers Thiaroye et autres passent par cette même route. D’où les risques que courent ces écoliers. Enfin, l’insécurité a augmenté à cause de l’absence ou du manque d’électrification. De même, du fait du manque de canalisations, les dégâts causés par les inondations ont eu plus d’ampleur l’année dernière lors de l’hivernage. Car l’eau ne pouvait pas passer pour aller vers ‘’Gouye gui’’ où elle se déversait naturellement auparavant. Ce sont là autant de problèmes que ce « joyau » nous a créés. »

A Guinaw Rail, aussi, les populations se plaignent des dégâts collatéraux provoqués par l’autoroute à péage. Complaintes de Mamadou Lamine Loum, un  habitant du quartier :

« Nous sommes vraiment dans une prison à ciel ouvert. Car, depuis la construction de cette autoroute, nous ne pouvons plus vaquer facilement à nos occupations. Par exemple, pour nous rendre à un endroit aussi important sur le plan économique que le lieudit « Poste Thiaroye »,  nous sommes obligés de faire un vaste détour. Notre sécurité est aussi menacée du fait qu’il y a un manque énorme d’électrification dans  la zone, ce qui a favorisé une recrudescence des agressions et vols.  Il s’y ajoute qu’il se pose un problème de passerelle pour les piétons. En effet, pour rallier Poste Thiaroye, l’hôpital de camp Thiaroye ou autres, on est obligé de partager la route avec les véhicules et ce n’est pas sûr ».

La construction de l’autoroute Dakar-Diamniadio n’a pas non plus épargné la commune de Diamaguène Sicap Mbao qui a été divisée en deux parties par cette voie à grande vitesse.  A côté de ce problème de séparation, il y a celui posé par les voies de contournement pour rallier l’autoroute.

Car il faut, explique Souleymane Sall, un riverain, « pour venir chez nous, partir  jusqu’à Poste Thiaroye pour pouvoir prendre l’autoroute et redescendre vers notre commune. » Ce qui signifie pour lui une perte de temps pour quelqu’un qui veut aller vers Rufisque ou autres.

Selon d’autres riverains rencontrés, il devrait y avoir au moins une voie de contournement à Sicap Mbao ou Fass Mbao pour leur permettre d’accéder très facilement à l’autoroute.

D’autres inconvénients comme l’insécurité, le manque ou l’absence de passerelles, de canalisations et d’électrification sont aussi soulevés par les populations de la commune de Tivaouane-Diack-Sao et de Diamaguène-Sicap Mbao.

Autant donc dire que l’autoroute à péage Dakar-Diamniadio ne présente pas que des avantages pour les populations des quartiers et villages traversés. Loin de là !