MULTIPLE PHOTOSÇA S’ACHETE COMME DES PETITS PAINS A SANDINIERY
DU FUUSA* A GOGO, POUR UN SUCCULENT DESSERT
La rue Sandiniéry ne désemplit pas. Normal, c’est le coin où sont exposés tous les fruits provenant du Maroc, de la Guinée Conakry, et autres pays producteurs. Commerçants guinéens et acheteurs sénégalais se côtoient à longueur de journée dans ce petit marché où la conjoncture a fini de s’installer aussi un business peu orthodoxe. Les fruits pourris, jadis jetés à la poubelle, sont subitement commercialisés. Qui les achète ? A quel prix et pourquoi ? Grand-Place a mené sa petite enquête.
Décidément, on aura tout vu à Sandaga. Les marchands de fruits de la rue Sandiniéry se frottent bien les mains. Ils ne se limitent pas à la vente des fruits frais, ils y associent d’autres produits pas du tout frais. Ces produits périmés sont exposés dans des caisses et mis à l’écart pour dissimuler toute mauvaise interprétation à première vue.
Ces pourritures sont, de nouveau, présentées en marchandise saine et proposée à la consommation lorsque des acheteurs viennent s’approvisionner. Cette vente de fruits impropres à la consommation se fait à quelques encablures de la police centrale, en plein centre-ville.
Devant ce cadre géographique qui encadre ce marché la pertinente question qui taraude alors est de savoir comment des personnes peuvent acheter ces fuusa (mandarins pourries) et à quelle fin ?
Au marché Sandiniéry, lieu de convergence des vendeurs et consommateurs de fruits de toutes sortes, l’environnement répond au cadre commercial avec des mandarines écrasées qui jonchent le sol, des pousse-pousses stationnés de manière anarchique ne laissant aucun passage aux piétons.
De l’autre côté se dégagent des fumées provenant des pots d’échappement des voitures sur une forte bousculade. Ainsi, si certains choisissent bien les fruits qu’ils vont présenter à leur famille, d’autres se préoccupent, pour le moins, de l’état des fruits.
L’essentiel est d’en avoir une bonne quantité afin d’offrir un dessert aux «nombreux» membres de la famille. C’est du moins ce qu’explique l’élégante dame trouvée sur les lieux insalubres de la rue Sandiniéry en train de faire des achats.
Habillée d’une robe taille «mame rose» avec des garnitures multicolores, un foulard assorti à ses chaussures et à son sac bleu, madame Goudiaby témoigne : «Je vis dans une famille très élargie ; mon mari est à la retraite et je dois subvenir à tous les besoins avec mon maigre salaire. Mon cadet me réclame souvent des fruits et je suis obligée d’en acheter pour tous, sinon mes belles-sœurs peuvent me réprimander».
Cela n’est quand même pas une raison suffisante pour servir des fruits impropres à la consommation. Et la dame s’empresse de montrer un fruit à moitié pourri. «C’est juste une partie qui est pourrie ! J’ai bien choisi dans le panier les fruits acceptables. J’en achète tous les jours, à ma descente», nous signale cette mère de famille.
A DAKAR, LE SERVICE D’HYGIENE ANNONCE UNE OPERATION COUP DE POINT
Sandiniérie et tous les autres marchés, où il y a la commercialisation des produits impropres à la consommation, seront nettoyés et lavés à grande eau. L’adjudant chef Mor Sarre Gaye du Service national d’hygiène, qui annonce une opération coup de point, parle de problème de santé et de salubrité publique qu’il faut vite régler.
Aujourd’hui le phénomène de la mise en circulation des produits alimentaires variés se généralise de plus en plus et envahissent les marchés dakarois. L’adjudant Mor Sarre Gaye de la sous section régionale du service d’hygiène du département de Dakar ne semble pas être indifférent devant ce phénomène qui menace la santé des populations. Ce chef de service rassure avant de dénoncer le comportement de certains vendeurs. «D’abord il faut garder la sérénité car notre mission est de protéger la population contre tous ces aliments impropres à la consommation.
Et aujourd’hui avec l’occupation anarchiques des marchés, on voit des vendeurs qui exposent sur leurs tabliers ces produits dangereux», dénonce l’adjudant qui soulève le manque d’éléments au niveau de leur service.
«Nous n’avons pas un grand effectif pour aller sur le terrain. C’est ce qui rend un peu difficile nos opérations car le travail sur le terrain doit se faire avec un bon effectif», déplore le chef de service hygiène de la sous section du département de Dakar.
Aujourd’hui, soucieux de la santé et de l’hygiène de la population, l’adjudant Gaye annonce une opération coup de point pour traquer ses vendeurs de produits.
«Malgré les descentes que nous faisons sur le terrain tous les mercredis et vendredis de chaque mois, nous allons désormais accélérer les descentes sur les marchés de chaque localité. Car ces produits constituent un danger avec la fréquence de ces bactéries qui sont souvent source de maladie», a indiqué l’adjudant Mor Sarre Gaye.
Qui ajoute: «Les consommateurs sont les grandes victimes parce que si on avale un aliment c’est déjà entrer dans notre ventre et ça ne peux plus sortir. Et ces aliments pourris contiennent des bactéries qui peuvent se développer longtemps dans les organismes du consommateur et d’un bout à l’autre ça peut lui être fatal».
LA SANCTION VA DE 9 A 39 MILLE FCFA, SELON L’ADJUDANT CHEF GAYE
Une sanction pécuniaire d’un montant jugé dérisoire par les autorités du service national d’hygiène. C’est ce qu’encourent les vendeurs de produits avariés. M. Gaye estime que la peine infligée aux auteurs, pour refouler ce phénomène qui constitue un danger menaçant les consommateurs sénégalais, est loin d’être sévère.
Ce qui, du coup, favorise sa mise en circulation et devient finalement un business pour certains vendeurs. «Je trouve anormale ces sanctions car un consommateur qui a déjà consommé ces aliments avariés ne peux plus les faire sortir.
Et on nous dit que les fautifs ne risquent que des sanctions pécuniaires avec des amandes allant de 9 à 39 mille francs Cfa. C’est peu», regrette l’adjudant chef Mor Sarr Gaye. Non sans faire appel au législateur pour l’application d’une peine plus significative à l’endroit des auteurs de ce phénomène qui risque de causer autant de dégâts aux consommateurs sénégalais