ÉBOLA : DEUXIÈME SOIGNANT CONTAMINÉ AUX ÉTATS-UNIS

Washington, 15 oct 2014 (AFP) - Une deuxième soignante a été contaminée par le virus Ebola aux Etats-Unis, accentuant les craintes sur la capacité des pays dans le monde à se protéger contre cette épidémie qui a fait des milliers de morts en Afrique de l'Ouest.
Ce nouveau cas a contraint Barack Obama de convoquer mercredi une réunion d'urgence à la Maison Blanche.
Le président américain doit par ailleurs évoquer la question lors d'une conférence vidéo prévue mercredi avec le Premier ministre britannique David Cameron, le président français François Hollande, la chancelière allemande Angela Merkel et le Premier ministre italien Matteo Renzi.
Le deuxième cas au Texas annoncé mercredi concerne une soignante qui s'est occupée d'un Libérien mort d'Ebola dans un hôpital de Dallas. Une première infirmière qui traitait le même patient y a déjà été infectée.
Avant même l'annonce de ce second cas, la polémique avait rebondi aux Etats-Unis sur l'insuffisance des mesures de sécurité prises pour éviter la propagation du virus.
Le directeur des Centres américains de contrôle et de prévention des maladies (CDC), Tom Frieden, avait émis l'hypothèse d'un manquement aux procédures pour expliquer le premier cas.
Mais un syndicat d'infirmières a répliqué mardi qu'aucun protocole n'avait été fourni pour traiter les patients touchés à l'hôpital de Dallas. "Ce qui s'est produit, peu importe les raisons, est inacceptable", a réagi le directeur de l'Institut américain des allergies et des maladies infectieuses (NIAID), le Dr Anthony Fauci.
"Il n'est pas acceptable que deux personnes soignant un malade, parce qu'elles ont été exposées, aient été infectées", a-t-il ajouté, précisant que les personnels de santé allaient bénéficier de davantage de formations pour tenter d'éviter de futures contaminations.
Autre élément inquiétant, les CDC ont précisé que la seconde soignante infectée avait pris un vol intérieur un jour avant de ressentir les premiers symptômes. Les autorités ont demandé aux 132 personnes à bord du vol 1143 de Frontier Airlines entre Cleveland et Dallas/Fort Worth du 13 octobre de contacter les CDC.
Les Etats-Unis ont instauré des contrôles dans cinq de leurs grands aéroports internationaux, mais ils ne concernent que les passagers sur des vols en provenance du Liberia, de Guinée et de Sierra Leone, les trois pays les plus touchés par l'épidémie.
Selon les autorités sanitaires américaines, un total de 76 personnels de santé ont pu se trouver exposés au virus Ebola quand ils traitaient le patient originaire du Liberia décédé à Dallas.
- Pas de plan -
Le monde est en train de perdre la guerre contre Ebola, a de son côté averti l'ONU, alors que l'OMS craint jusqu'à 10.000 nouveaux cas par semaine prochainement en Afrique de l'Ouest.
L'épidémie "est loin devant nous, elle va plus vite que nous et elle est en train de gagner la course", a lancé Anthony Banbury, chef de la mission des Nations unies chargée de coordonner la réponse d'urgence à Ebola (UNMEER), lors d'une réunion spéciale mardi du Conseil de sécurité.
L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a dit craindre une explosion dans les trois pays d'Afrique de l'Ouest où se concentre l'épidémie et où le taux de mortalité peut atteindre 70%.
"Début décembre, on pourrait avoir de 5.000 à 10.000 nouveaux cas par semaine" au Liberia, en Sierra Leone et en Guinée, contre un millier actuellement, a affirmé mardi le docteur Bruce Aylward, directeur général adjoint de l'OMS. Il a mentionné un nouveau bilan global de 4.447 morts pour 8.914 cas recensés.
"Soit nous arrêtons Ebola maintenant, soit nous devrons affronter une situation sans précédent et pour laquelle nous n'avons pas de plan", a renchéri M. Banbury.
"Nous avons besoin de 7.000 lits dans les centres de traitement, mais à cette date selon nos prévisions, nous n'en aurons que 4.300 environ" et sans le personnel nécessaire pour les gérer, a-t-il ajouté.
Seule éclaircie, l'OMS pourrait déclarer en revanche vendredi la fin de l'épidémie d'Ebola au Sénégal et lundi au Nigeria si aucun nouveau cas n'y sont détectés d'ici là.
Sur le terrain, les Etats-Unis ont promis 5 millions de dollars au Liberia pour indemniser ses personnels de santé, en première ligne face à Ebola, a déclaré la présidence libérienne mercredi.
Cette contribution a été annoncée par l'administrateur de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) Rajiv Shah après une rencontre mardi avec la présidente Ellen Johnson Sirleaf, au second jour d'une grève des personnels de santé dont le mot d'ordre a depuis été levé.
De son côté, le ministre norvégien des Affaires étrangères Boerge Brende, qui participait à cette rencontre, a annoncé un soutien logistique et financier accru.
Oslo va augmenter de 9 millions d'euros son aide, la portant à 39 millions d'euros, selon le ministère norvégien des Affaires étrangères.