ÉBOLA: FIN DE L’ÉPIDÉMIE AU NIGERIA, LES EUROPÉENS VEULENT "MUSCLER" LEUR RÉPONSE
Luxembourg, 20 oct 2014 (AFP) - Le Nigeria est parvenu lundi à se débarrasser d'Ebola, au moment où les Européens veulent "muscler" leur réponse à l'épidémie qui sévit en Afrique de l'Ouest, en mettant sur pied des rapatriements d'urgence pour les travailleurs humanitaires.
L'Organisation mondiale de la santé a déclaré la fin officielle de l'épidémie au Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique, lundi, au terme d'une période de 42 jours --soit deux périodes d'incubation de 21 jours-- depuis la confirmation du dernier cas.
"Il s'agit d'une réussite spectaculaire qui montre au monde entier que l'Ebola peut être stoppé", a déclaré à Abuja le représentant de l'OMS au Nigeria, Rui Gama Vaz. La réaction très rapide des autorités et le déploiement d'équipes chargées de surveiller toutes les personnes entrées en contact avec des malades ont été des éléments-clés pour stopper la chaîne de contamination.
Vingt cas au total ont été dénombrés, dont huit morts, sur une population de 170 millions. Parallèlement, en Espagne, l'infirmière infectée dans un hôpital madrilène semble guérie. Un premier test, dont les résultats doivent encore être confirmés lundi, a indiqué dimanche soir que Teresa Romero, première personne à avoir contracté la maladie hors d'Afrique, n'avait plus le virus.
Alors qu'Ebola a fait plus de 4.500 morts, selon l'OMS, la présidente du Liberia, Ellen Johnson Sirleaf, avait exhorté dimanche "le monde entier" à "participer" à la lutte contre cette maladie "qui ne connaît pas de frontières".
Elle a réclamé "l'engagement de chaque nation (...) en mesure d'aider, soit avec des fonds d'urgence, des fournitures sanitaires ou de l'expertise médicale". C'est "un problème grave que nous ne devrions pas sous-estimer.
Ce n'est pas un problème qui va se cantonner à une seule partie du globe", a souligné lundi la chef de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, à son arrivée à une réunion des ministres des Affaires étrangères de l'UE à Luxembourg.
Les ONG réclament un dispositif garantissant l'évacuation vers l'Europe en 48 heures de leur personnel s'il était infecté. Sans cela, difficile de trouver des volontaires pour aller soigner des patients hautement contagieux dans des conditions difficiles.
- 'Plateforme européenne' -
"C'est un enjeu capital pour enrayer la progression de la maladie sur le terrain", a souligné un diplomate européen. Les ministres devaient se mettre d'accord sur un système de rapatriement mixte, à la fois par des avions privés d'une société américaine spécialisée, affrétés par la Commission européenne, et des appareils civils ou militaires, quelle que soit la nationalité de l'humanitaire tombé malade.
"C'est une crise sanitaire majeure. Il ne nous reste pas beaucoup de temps pour y répondre et empêcher qu'elle ne s'étende hors de tout contrôle", a prévenu le Britannique Philip Hammond.
Il a réitéré l'appel à augmenter à un milliard d'euros l'aide européenne, qui s'élève aujourd'hui à environ 500 millions, dont 180 apportés par la Commission.
Le ministre allemand Frank-Walter Steinmeier a plaidé pour la création d'une "plateforme européenne" pour que des pays n'ayant pas les moyens de mettre sur pied leur propre mission puissent contribuer à l'aide, avec des ambulances spécialisées, des laboratoires ou des lits.
Il n'est toutefois pas question d'envoyer sous l'égide de l'UE des militaires dans les pays touchés, comme l'a réclamé l'ONG Oxfam. Les Etats-Unis vont déployer 3.000 soldats au Liberia et la Grande-Bretagne 750 en Sierra Leone.
La France a préféré apporter une réponse civile en Guinée, où elle construit un centre de traitement en forêt équatoriale. Jeudi et vendredi, les chefs d'Etat et de gouvernement européens doivent discuter à Bruxelles d'un sujet brûlant alors que l'opinion publique se montre de plus en plus inquiète: éviter la propagation du virus sur le sol européen.
Après la France et le Royaume-Uni, la Belgique a mis en place lundi des contrôles sur les voyageurs venant de pays touchés par Ebola.
La température des quelque 200 passagers du vol Brussels Airlines en provenance de Conakry via Freetown a été contrôlée à leur arrivée à l'aéroport de Bruxelles-Zaventem vers 04H15 (02H15 GMT), a expliqué la porte-parole de l'aéroport, Florence Muls.
"Tout s'est très bien passé", a-t-elle commenté, précisant qu'aucun cas suspect n'avait été détecté. Aux Etats-Unis, où des contrôles de température sont également en place dans certains aéroports, le président Barack Obama a appelé samedi la population à "ne pas céder à l'hystérie".