ÉTUDIANTS OU MAÎTRES ÈS VIOLENCE ?

Le sujet mériterait un mémoire, une thèse d’Etat ou tout autre travail de recherche pour en déterminer les causes, les conséquences et proposer des solutions.
La violence à l’université a rejoint la liste de ces expressions toutes faites et amplement reprises par la presse comme « la traque des biens mal acquis », « les partis de l’opposition », ou encore la relance économique ».
Pourtant, le paradoxe se trouve déjà dans la juxtaposition des mots « violence » et « université ». Dans un temple dédié au savoir et à sa quête sous toutes ses formes, comme sa devise le résume si bien « lux mea lex » (la lumière est ma loi », jamais l’université de Dakar n’a aussi faussement porté son titre et se révèle autant éloignée des valeurs de son parrain.
Lui, qui a su remporter sa bataille dans la guerre des idées qui régissent le monde, ne saurait reconnaître, dans cette catégorie d’étudiants, dont on se demande s’ils méritent encore ce titre.
Eux, se lancent dans une bataille avec leurs muscles et leurs armes, comme des milices rebelles engagées dans une guerre sanglante.
Dans le traitement consacré aux récentes manifestations à l’université, les comptes-rendus du saccage des locaux du Centre des œuvres universitaires de Dakar (Coud) reflètent tous la violence de l’assaut des « étudiants » et l’importance des dégâts constatés.
La situation est d’autant plus choquante et condamnable que ces actes rappellent des faits similaires qui avaient eu pour cible le Rectorat. Alors, parmi les médias, certains semblent trahir un parti pris envers les étudiants.
Ces derniers ont largement défendu leur position dans les médias, revendiquant le paiement de leurs allocations d’études et réclamant aussi la démission du ministre.
En revanche, certains journaux notamment La Tribune sont sortis du chœur des convenances pour condamner, tout comme les autorités, cette attitude des « étudiants ». « Le Sénégal vise l’émergence, ses futures élites sombrent dans la dé- cadence... ».
Au-delà du jeu de mots rappelant le plan du même nom, la réflexion a le mérite d’être posée. Cependant, le traitement médiatique dans sa grande majorité, présente les faits de manière simpliste, se contentant de faire endosser le rôle du « méchant » à l’Etat et le rôle du « gentil » aux étudiants.
Certains témoignages d’étudiants font même état de viols commis sur des étudiantes par des policiers. A quand les plaintes déposées par les victimes ? Dans une démarche équilibrée du traitement de l’information, il serait pertinent de verser une part d’analyse à la question de la violence à l’université.
Le problème est pourtant autrement plus complexe et la fréquence de sa manifestation en constitue les symptômes comme pour une maladie chronique.
Lorsque qu’un leader de parti se prononce sur la question en fustigeant l’attitude du régime au pouvoir, les enjeux politiques expliquent une telle attitude. L’une des causes de la violence réside aussi dans la politisation de l’espace universitaire.
Certains journaux ont consacré des dossiers sur la violence à l’université dont celui publié il y a quelques mois dans votre quotidien préféré. Au-delà des constats et des déclarations d’intention, il est temps que ces faits ne soient plus qu’un mauvais souvenir consigné dans les archives universitaires.
Pendant que les jeunes enfants sont éduqués dans le respect des valeurs civiques, certains de leurs aînés de l’université affichent leur non respect du bien public.
Revendiquer ses droits reste légitime, remplir ses devoirs l’est tout autant, en préservant le patrimoine commun.