"ÊTRE AMBITIEUX MAIS HUMBLE"
KHALILOU FADIGA : CAN-2017

Invité à commenter le groupe du Sénégal pour les éliminatoires de la CAN-2017, Khalilou Fadiga est d’avis que les Lions sont supérieurs à leurs adversaires. Mais, le gaucher magique appelle les poulains d’Aliou Cissé à plus d’humilité et de concentration.
Kali, pensez-vous comme la plupart des Sénégalais que le groupe K que les lions partagent avec le Niger, le Burundi et la Namibie est facile à jouer ?
Vu les qualités intrinsèques de notre équipe, on n’a pas à avoir peur de nos adversaires. on a un nouveau sélectionneur, avec une vision, des ambitions et plein d’humilité. À partir de là, le sénégal n’aura pas de problème majeur, mais à condition qu’on respecte bien les adversaires. il ne faut pas sous-estimer ces derniers, ni surestimer nos qualités par rapport à ce groupe. je pense que la meilleure des choses c’est se dire que le sénégal doit se qualifier sans souci, mais avec la manière et sans se mettre la moindre pression.
Etes-vous de ceux qui pensent que le Sénégal a des problèmes avec des équipes qui lui sont inférieures sur le papier ?
Justement, cette tendance doit être inversée. Vous savez, l’équipe soi-disant inférieure à son adversaire redouble d’efforts. on a pu le constater. Les petites équipes sont souvent sublimées face aux grandes parce qu’elles veulent tout le temps créer l’exploit. Si tous ces contextes-là ne sont pas pris en compte, elles rendent souvent difficiles la tâche aux équipes favorites. Mais, si on part du principe de la qualité de jeu et de l’expérience, je pense que le sénégal est vachement au-dessus. Maintenant, il y a quelque chose qui ne doit pas être négligée, c’est l’humilité. il faut rentrer dans ce genre de compétition avec beaucoup d’humilité, mais aussi et surtout se dire que les soi-disant petites équipes ont envie de bousculer les grands.
A quel niveau se trouvera le piège dans ce groupe ?
On connaît bien ces équipes-là et, personnellement, l’équipe que je connais mieux, la namibie, est anglophone. Là-bas, ce sont des gens qui ont beaucoup de fierté. en jouant contre le sénégal, ils vont convoquer l’histoire parce qu’on les avait battus sur le score de 5-0, sur la route de la Coupe du monde 2002. après cette humiliation à Windhoek, ils viendront certainement avec un esprit revanchard. Mais, avec les données tactiques et techniques que le sélectionneur du sénégal mettra en place, la namibie ne pourra pas rivaliser avec nous.
Quel est, selon vous, le secteur en chantier pour Aliou Cissé ?
je ne pense pas qu’il rencontrera un problème particulier dans un secteur donné. Vous savez, le travail d’un technicien, c’est toujours se poser les bonnes questions et rectifier le tir au fil des rencontres. C’est ce qu’aliou Cissé est en train de faire. il suffit juste de jeter un regard sur ses deux premières sorties pour vous rendre compte qu’il est dans le bain. Maintenant, il faut toujours peaufiner. Mais, au niveau de la tactique, la mayonnaise est en train de prendre forme. il faut laisser au coach le temps de bosser pour savoir les aspects auxquels il faut apporter des solutions.
Le sélectionneur précédent avait un réel problème de communication avec certains joueurs…
Aliou Cissé n’est pas giresse et vice-versa. La mauvaise communication, les malentendus avec certains joueurs sont un réel problème dans un groupe. et ça, aliou le comprend très bien pour avoir été un des leaders du vestiaire de notre génération. Mais il y aura impérativement un onze de départ avec des remplaçants qui savent qu’ils seront remplaçants. Mais, quand ils rentrent, ils devront donner le meilleur d’euxmêmes pour faire douter le sélectionneur. il est clair que c’est lui qui vit avec le groupe. je ne pense pas qu’il y ait quelqu’un d’autre que lui qui puisse connaître mieux que lui son équipe. Aliou est venu en sélection avec un état d’esprit plus positif que celui qui était là, avec une autre conception du football. C’est surtout ces choses-là qu’il faut faire comprendre aux joueurs.
Ce serait quand une catastrophe si le Sénégal ne se qualifiait pas dans ce groupe ?
où est-ce que vous êtes allé chercher ce pessimisme ? C’est ça aussi le problème. De temps en temps, les gens oublient que nous devrons être optimistes sans être arrogants. nous devrons être optimistes sans être prétentieux et nous devrons être optimistes en étant très humbles. C’est comme ça qu’on doit attaquer ce genre de tournoi. Mais ne commençons pas déjà en étant pessimiste, en disant si on ne se qualifie pas. ne soyons pas négationnistes. Essayons d’être dans un état d’esprit positif. Parce qu’une attitude positive et une pensée positive ne peuvent amener que de bonnes choses.
Ambassadeur du dernier CHAN U20, qu’avez-vous ressenti ?
J’ai ressenti un certain engouement au niveau de la jeunesse sénégalaise. il y a énormément de potentiel dans ce pays. il faut signaler aussi qu’il y a eu un travail de titan qui a été fait en amont par la Fédération sénégalaise de football, qui a réussi à mettre cette équipe nationale des u20 dans des conditions de performance.
Qu’est-ce qui vous a le plus marqué dans cette compétition ?
Ce qui m’a beaucoup plu lors de ce Chan, c’est la montée en puissance de cette équipe du sénégal. C’est vrai qu’au début, elle avait un peu l’air d’être frileuse, mais on a pu constater qu’ils ont mis sur la balance le courage et l’abnégation qui leur ont manqué au début. si on devrait parler tactiquement et techniquement, on dirait que le début du tournoi a été compliqué, mais au fur et à mesure qu’on avançait, joseph Koto a réussi à faire comprendre aux joueurs qu’ils étaient chez eux et qu’ils devraient être la fierté de tout un peuple. Même s’il fallait perdre, il fallait que ça soit dans la dignitié. C’est-à-dire perdre la guerre avec les armes en main. C’est ce qui a fait que cette équipe est allée jusqu’en finale. Cela est dû aussi à toute l’organisation qu’il y a eu autour de cette sélection qui a de l’avenir.