‘’80% DES POPULATIONS SÉNÉGALAISES NE BÉNÉFICIENT PAS DE COUVERTURE SOCIALE’’
ANTA SARR, DÉLÉGUÉE GÉNÉRALE À LA PROTECTION SOCIALE ET À LA SOLIDARITÉ NATIONALE
En visite à Kédougou dans le cadre d’une tournée de sensibilisation pour une meilleure appropriation du Programme national des bourses de sécurité familiale des collectivités locales, l’administration territoriale, Mme Anta Sarr, déléguée générale à la Protection sociale et à la solidarité nationale, s’est arrêtée pour évaluer le travail de la structure qu’elle dirige. Dans cet entretien, elle revient sur les missions de l’institution qu’elle gère tout en déclinant les objectifs et le bilan à mi-parcours de ses activités.
Dans quel cadre s’inscrit votre visite à Kédougou ?
La visite à Kédougou s’inscrit dans la tournée nationale de partage avec les acteurs locaux et l’administration territoriale. Pour une meilleure compréhension et appropriation du Programme national des bourses de sécurité familiale qui tient à cœur le chef de l’Etat Macky Sall. Cette visite de grande portée a permis de nouer un bon axe de collaboration qui débouchera sur une collaboration féconde avec les collectivités locales. Car, jusque-là, le problème du programme était au niveau du ciblage.
C’est pourquoi, pour ce qui est des 100 mille ménages ciblés pour l’année en cours, il fallait tenir de larges consultations avec les acteurs à la base sur le nouveau dispositif qui a été mis sur pied. Il s’agit en effet de la création de comités communaux pilotés par les maires, les comités de quartier dirigés par les délégués de quartier entre autres.
Tout sera mis sur pied pour que ces dispositifs puissent fonctionner d’autant qu’il y a un suivi de conditionnalités qui devra se faire avec l’administration territoriale pour arriver à une bonne mise en œuvre du programme.
Certains Sénégalais méconnaissent les missions de la Délégation générale à la protection sociale et à la solidarité nationale. Quel est le rôle de cette institution ?
Bien, la Délégation générale à la protection sociale et à la solidarité nationale a été mise en place par le chef de l’Etat Macky Sall dès qu’il a accédé à la magistrature suprême en 2012. C’est donc une vision du chef de l’Etat qui se traduit en actes concrets à travers ladite délégation.
Elle a pour missions de dérouler toutes les interventions de politiques sociales permettant de lutter contre la pauvreté, la création du registre national unique, la coordination de toutes les interventions visant à réduire la pauvreté au Sénégal, d’harmoniser toutes les actions dans le cadre de la protection sociale et la solidarité nationale, mais également la mise sur pied de la Caisse autonome de protection sociale universelle (Capsu) et la mise en œuvre du Programme national de bourses de sécurité familiale. Ce dernier a pour objectif majeur de renforcer la capacité productive et éducative des populations démunies.
C’est un programme qui englobe la scolarisation des enfants, le maintien des enfants à l’école, le bon suivi du carnet de vaccination des enfants. Ce, en développant le capital humain et en changeant le comportement des populations de ces couches vulnérables et démunies. La mise en place des bourses de sécurité familiale va, en outre, permettre aux bénéficiaires de pourvoir être accompagnés par des activités génératrices de revenus qui, au bout de 5 ans, vont sortir de leur situation de vulnérabilité et de pauvreté.
Ces ménages vulnérables, ciblés dans le cadre du programme de distribution de bourses de sécurité familiale, bénéficient également de la Couverture maladie universelle. La porte d’entrée est le ménage. La gestionnaire de la bourse est la femme quand bien même tout le ménage va bénéficier de la Couverture maladie universelle.
Quel est votre bilan à mi-parcours depuis votre accession à la tête de la Direction générale à la protection sociale et à la solidarité nationale ?
Il faut dire que 2013 a été l’année de la phase-pilote du programme, 2014 la phase de généralisation puisqu’en 2013, le programme se limitait uniquement aux familles pauvres ayant des enfants scolarisables. Toutefois, depuis l’année dernière, il y a un élargissement de ces cibles vers les ménages très pauvres n’ayant pas d’enfants, des ménages très pauvres ayant des personnes âgées de plus de 60 ans, des ménages très pauvres ayant des enfants de 0 à 5 ans plus les ménages qui ont été ciblés en 2013.
C’est-à-dire ayant des enfants scolarisables. Cet élargissement va donner beaucoup plus de chance à d’autres familles pauvres à bénéficier du programme des bourses de sécurité familiale.
Ensuite, le président de la République nous a donné des instructions pour cibler 100 mille autres ménages au lieu de 50 mille et de tous les autres enrôlés dans la Couverture maladie universelle. Déjà, nous avons de bons résultats, vu les appréciations des bénéficiaires et des non-bénéficiaires qui ont mesuré à sa juste valeur, l’impact et la haute portée sociale que ce programme a eu sur les populations en deux ans seulement.
Il y a eu une nette régression de la mortalité infantile, une augmentation du taux de scolarisation de ces enfants. Il y a également des familles, qui étaient complètement oubliées, qui reprennent vie à travers le programme des bourses familiales. Ces familles se sentent citoyennes. Elles sont conscientes qu’elles ne sont plus exclues de la société et c’est réconfortant.
Pourquoi avoir pris l’initiative de tenir une tournée nationale ?
C’est vrai que nous sommes en tournée depuis un certain temps. Il faut comprendre que la réussite du programme dépend en grande partie du ciblage des populations. Parce qu’on a un ciblage communautaire. Il se fait de la base vers le haut. Par conséquent, il doit se faire de façon transparente, impartiale avec une bonne représentation de toutes les parties prenantes.
C’est pourquoi, on a demandé l’instauration de comités locaux qui vont s’installer au niveau des villages, des quartiers avec comme représentation, les délégués de quartier, les imams, le curé, bref tous les acteurs. Pour qu’on puisse identifier les véritables ayants droit, les familles les plus pauvres.
Il y avait des erreurs d’exclusion qui se faisaient du fait d’un mauvais ciblage. Aujourd’hui, on a initié une nouvelle démarche pour que la population sénégalaise soit plus sensible, qu’elle s’approprie le programme et soit consciente qu’il appartient aux Sénégalais.
Il permettra d’ici des années de faire sortir beaucoup de Sénégalais de cette vulnérabilité, de cette pauvreté. Ce, en les permettant d’avoir une bourse de 25 000f Cfa par trimestre et pendant 5 ans, d’avoir des activités génératrices de revenus qui les permettront d’avoir d’autres sources de revenus que les 25 000f Cfa, de bénéficier gratuitement de la Couverture maladie universelle.
C’est une vision noble du chef de l’Etat qui doit être accompagnée par toutes les forces vives de la Nation pour l’intérêt et l’émergence des populations en luttant efficacement contre la pauvreté. C’est ce qui a motivé le chef de l’Etat à nous donner des instructions pour mettre sur pied le registre national unique qui va être la base de données de tous les ménages pauvres se trouvant au Sénégal.
En fin 2017 où nous atteindrons les 300 mille ménages, il y aura 450 mille ménages pauvres. Le registre permettra en outre de coordonner toutes nos opérations permettant aux ménages pauvres de sortir de la pauvreté. Pour cela, nous travaillerons avec tous les partenaires, les élus locaux, les Ong qui viendront utiliser ce registre national unique. C’est ce tir groupé qui nous permettra de sortir ces ménages de la pauvreté en un temps record.
Cette initiative a fortement porté ses fruits au Brésil où le Président Lula a été réélu. Est-ce avec la même cadence que vous comptez bâtir la réélection de Macky Sall en 2017 ?
Je vois bien. Vous avez fait référence au Président Lula. Parce qu’il y a son Peuple qui a bien compris l’objectif porté par ce programme. C’est la raison pour laquelle, je fais cette tournée nationale pour que les Sénégalais sachent réellement qu’est-ce que le Programme national de bourses de sécurité familiale. Il y en a beaucoup qui soutiennent que c’est politique.
Certainement des personnes de mauvaise foi. Mais, je vous assure que ce programme n’a rien de politique. C’est seulement que nous avons un chef de l’Etat qui a une vision noble, qui a un programme et qui veut depuis très longtemps, depuis la campagne je ne cesse de le dire, rehausser le niveau de vie des populations en sortant les ménages pauvres de leur situation de pauvreté. Il a sillonné tout le territoire national et il sait ce qui se passe. Il sait les difficultés auxquelles sont confrontées les populations.
C’est pourquoi, il a initié toute cette batterie de mesures, de projets et programmes pour venir en aide aux populations. 80% des populations sénégalaises ne bénéficient pas de couverture sociale.
Alors, si les Sénégalais ont aujourd’hui un tel programme et qu’ils se l’approprient, on le réussira comme l’a fait le Brésil. Malheureusement, chez nous, il y a toujours des politiques qui cherchent à interférer et à faire échouer le président de la République dans sa mission.
Or, c’est une vision salutaire qui n’a ni d’appartenance ni de coloration politique et qui doit être soutenue par tous. Partout où je suis passée, les populations ont magnifié cet élan de solidarité du chef de l’Etat et prient pour lui.
C’est le seul programme que nous avons depuis les indépendances et qui a été mis par le chef de l’Etat pour permettre à ces familles pauvres de bénéficier des fruits de la croissance économique de ce pays.