‘’C’EST INACCEPTABLE’’
DIENE FARBA SARR RÉCUSE LE CLASSEMEMNT DE DOING BUSINESS
La place attribuée au Sénégal dans le rapport 2014 de Doing business sur l’environnement des affaires n’est pas du goût de Diène Farba Sarr. Le ministre en charge de la Promotion des investissements et du Partenariat ne s’explique pas le rang du Sénégal, classé 178e sur 189 pays. Pour lui, ce rang ne saurait être justifié, vu les efforts qui ont été consentis dans le domaine de l’environnement des affaires.
Comment se fait-il que malgré tous les efforts consentis dans l’environnement des affaires, le Sénégal soit classé à la 178e place par Doing Business ?
Cela ne se justifie pas. Nous avons servi d’expert(s) à d’autres pays pour la création d’entreprises, cela n’a pas été pris en compte, encore moins les 24 heures de création d’entreprise au Sénégal. Je suis en ce moment à Londres et je vais aller les voir pour qu’ils me donnent d’autres explications. Parce que Mo Ibrahim a placé le Sénégal parmi les 10 pays les plus compétitifs, nous sommes classés 8e au niveau africain. Ils n’ont pas pris en compte nos réponses, parce qu’ils disent que quand ils viennent, ils font des enquêtes, l’année N-1, jusqu’à l’année N, par exemple, du mois de mai au mois de juin, et si nos efforts ne se trouvent pas dans cette fourchette, ils ne les comptabilisent pas. Ce n’est pas normal, parce que si vous dites que vous êtes venus au mois de mai 2012 jusqu’en juin 2013, alors que les réformes de création d’emplois nous les avons faites en janvier, on devait les prendre en compte. Nous sommes le seul pays qui crée une entreprise en 24 h. On ne nous note pas pour cela. C’est inacceptable.
Mais pourquoi ont-ils agi de la sorte ?
Je ne sais pas. Il faut demander à Doing Business. Les gens de l’Apix sont très étonnés. Ils sont en train de se poser des questions. Le président de la République a dit que nous allons créer le programme de réforme de l’environnement des affaires et de la compétitivité (Preac), en définissant quatre axes : l’autonomisation des procédures administratives, la mise en place d’un dispositif juridique réglementaire simplifié, la promotion des investissements à fort impact social, et l’amélioration de la compétitivité des facteurs de production. Dans le premier axe, l’autonomisation des procédures, nous avons créé l’entreprise en 24 h. En ce qui concerne les demandes de propriété, nous avons éliminé ce qu’on appelle la demande de transaction, qui nous prenait 52 jours. Nous avons pris un décret pour que cette demande de transaction ne soit plus faite. Nous avons cumulé l’enregistrement des droits réels du nouveau requérant dans le livre foncier à la publicité. Là, avons gagné six jours. Nous avons gagné 58 jours dans une procédure qui faisait 120 jours. Ils ne l’ont pas comptabilisé. Quand on prend l’exemple du commerce transfrontalier, nous avons mis en place le pré-dédouanement et le dédouanement, qui se fait en une heure, virtuellement, avec le système Gaïndé intégral, ils ne le comptabilisent pas. Nous sommes les premiers en Afrique dans ce domaine.
Quelles possibilités de recours s’offrent à vous, vous allez protester ou demander des comptes ?
Je suis avec eux à Londres. Je vais leur parler pour qu’ils m’expliquent. On ne comprend pas. Le Sénégal ne comprend pas ce classement, compte tenu de tous les efforts qui ont été consentis. Nous avons fourni beaucoup d’efforts cette année en matière d’environnement des affaires.
Et quelles peuvent être les conséquences ?
Il n’y a pas de conséquences. Cela n’a pas remis en cause l’arrivée des investisseurs dans notre pays, parce que nous avons actuellement créé 7500 entreprises pour l’année 2012 et nous devons doubler les investissements directs étrangers. Donc, cela ne se justifie pas. Si on arrive à doubler les investissements directs étrangers par rapport à 2011, notre rang actuel est alors contradictoire, c’est paradoxal. Il y a un problème. Si nos investissements s’étaient dégradés, je comprendrais, mais nous avons doublé aussi bien les investissements étrangers que nationaux. Le climat des affaires est favorable, tout le monde prend la direction du Sénégal. Cela ne se comprend pas. Je ne travaille que sur cela. Le Bénin réclamait le Sénégal pour la création d’entreprises, avec Yayi Boni ; il en est de même avec la Côte d’ivoire pour le guichet unique, la Mauritanie, Les Comores… Si nous avons cette expertise, je ne comprends pas que l’on soit aussi mal classé(s). Je pense que l’affaire a été politisée. La Côte d’ivoire vient d’avoir son guichet unique, et on vient derrière elle ! Ce n’est pas normal.