‘’LA PROTECTION DES SOURCES, PILIER FONDAMENTAL DE L’INDÉPENDANCE DES MÉDIAS’’
Dakar, 17 jul (APS) - Les ONG Article 19 Afrique de l’Ouest, Amnesty international Sénégal, La Ligue sénégalaise des droits humains (LSDH), la Rencontre africaine pour la défense des droits de l’homme (RADDHO) rappellent, dans un communiqué, que la protection des sources journalistiques est ‘’un pilier fondamental de l’indépendance des médias’’.
Dans ce document conjoint reçu à l’APS, les quatre ONG se disent ‘’préoccupées par la procédure judiciaire contre les directeurs de publication des quotidiens “L’observateur” et “Le Quotidien”.
Elles ‘’condamnent fermement ces interpellations et intimidations qui menacent la liberté d’expression et portent atteinte au principe sacré de la protection du secret des sources’’.
Le Directeur de publication du journal “L’observateur”, Alioune Badara Fall, et le journaliste Mamadou Seck, ont été arrêtés, mardi et placés en garde à vue avant d’être déférés au parquet.
Ces arrestations font suite à un article publié le 8 mai 2015 et signé par le reporter Mamadou Seck.
L’article incriminé, “Schéma des 2 100 soldats pour la guerre au Yémen : Deux groupements de combat Alpha et Bravo, deux groupes d’appui et de soutien” évoquait en détails le schéma de l’envoi en Arabie Saoudite de 2 100 soldats sénégalais.
Les ONG estiment que l’article incriminé ‘’ne donne aucune information sensible qui peut être qualifiée de secret défense ou pouvant porter atteinte à la sécurité car il ne fait qu’énoncer le nombre d’hommes, la composition et leur répartition’’.
‘’Les informations qui y sont contenues ne constituent pas une menace réelle et imminente sur la sécurité nationale et celle des soldats’’, ajoutent-elles.
Le directeur de publication du journal Le Quotidien, Mouhamed Guèye, arrêté mardi, doit être interrogé dans le cadre de la publication du procès-verbal d’audition de Thione Seck, en détention préventive dans une affaire de faux billets
Les ONG signalent que dans les deux affaires, ‘’les journalistes on subi des pressions visant à les amener à divulguer leurs sources’’, ce qui constitue ‘’(une) violation du droit à la protection des sources journalistiques, un pilier fondamental de l’indépendance des médias’’..
‘’Dans le deuxième cas, note le communiqué, même si des précautions professionnelles auraient dû être prises dans le cadre de la publication intégrale des informations du PV de l’interrogatoire, les mesures judiciaires prises, notamment la privation de liberté, sont disproportionnées’’.
Les ONG rappellent que les journalistes ‘’sont soumis à des devoirs et des responsabilités qui ne leur permettent pas de mettre en danger leurs sources’’.
Elles ajoutent que le Principe XV de la Déclaration de Principe sur la Liberté d’expression en Afrique ‘’réitère l’importance de la protection des sources et autres documents journalistiques’’.
En vertu de ce principe, ‘’les journalistes ne doivent pas être obligés de révéler leurs sources d’information ou autres documents détenus dans le cadre de l’exercice de leur fonction de journaliste, sauf si c’est en conformité avec les principes de droit prévue par les standards internationaux les plus élevés’’.
Les ONG rappellent que la constitution du Sénégal ‘’garantit et protège la liberté de la presse (….) qui ne peut être une réalité si les journalistes sont contraints de révéler leurs sources’’.