‘’LE GROUPE DE TRAVAIL DE L’ONU N’A PAS DIT QU’IL FAUT LIBÉRER KARIM WADE’’
Me Mame Adama Guèye, membre de la Plateforme Avenir Senegaal bi nu bëgg
Dans le débat entre la défense et les avocats de l’Etat sur l’avis du Groupe de travail des Nations Unies contre la détention arbitraire, il y a «un abus dans l’interprétation». C’est la conviction de Me Mame Adama Guèye. Ce membre de la Plateforme Avenir Senegaal bi nu bëgg estime, par ailleurs, dans cette dernière partie de l’entretien, que la suite de la traque des biens mal acquis «n’est pas rassurante». «Ce serait, selon lui, inadmissible» que la Crei s’arrête à Karim Wade.
Mamadou Diop Decroix a fait appel aux partis de l’opposition pour venir intégrer sa structure. Peut-on s’attendre à ce que vous ralliez le Fpdr ?
(Rires) Nous n’avons aucune raison d’intégrer le Fpdr. Nous avons notre projet qui n’a rien à voir avec leur vision. Nous remettons en cause la démarche de la culture politique traditionnelle. Ce serait totalement illogique d’intégrer ce front-là.
Croyez-vous au Plan Sénégal émergent ?
Il faut savoir qu’il a quelque chose de positif. C’est l’approche de la vision, c’est à dire le fait de se projeter sur un terme assez lointain pour réaliser l’émergence. Cependant, il y a à redire dans la conception et la mise en œuvre de ce Pse.
Je pense qu’il y a un certain nombre de pré-requis qui ne sont pas satisfaits. L’exemple que je donnerai est le plan qui est identifié comme un facteur de risque : le fonctionnement satisfaisant de l’administration.
Ce qu’on constate est qu’alors que le Pse est lancé, un comité de pilotage a été mis en place pour engager les chantiers de la réforme de l’administration. Cela veut dire que les chantiers n’ont pas été engagés alors que l’Administration est la cheville ouvrière du Pse.
C’est pourquoi, je dis que, sur certains points du Pse, on a mis la charrue avant les bœufs dans la mise en œuvre. Sous ce rapport, je ne suis pas optimiste.
La Cour suprême a confirmé l’arrêt de la Crei qui a condamné Karim Wade à 6 ans de prison ferme. Est-ce que pour vous le droit a été dit ?
Je pense que les juridictions ont statué. Il faut en prendre acte. Mais j’espère que cela ne s’arrêtera pas là parce qu’il est certain que cette question de la traque de biens mal acquis ne concerne pas uniquement Karim Wade. D’autres personnes doivent suivre.
N’avez-vous pas l’impression que la traque est centrée sur Karim ?
Non, cela ne peut pas viser uniquement Karim Wade. D’autres personnes sont visées. Mais ce qui est surprenant, c’est que les choses ne semblent pas bouger. Et, ce n’est pas rassurant. Ce serait inadmissible que cela s’arrête à Karim Wade.
La défense de Karim Wade estime que le Sénégal devait respecter l’avis du Groupe de travail de l’Onu sur la détention arbitraire en libérant Karim Wade. Etes-vous du même avis ?
On fait dire au Groupe de travail ce qu’il n’a pas dit. Il n’a pas dit qu’il faut libérer Karim Wade. Ce Groupe a, par contre, affirmé que sa détention est abusive. Mais les gens ne disent pas tout par rapport à cet avis. Les organisations des droits de l’Homme avaient monté tout un plan pour engager un processus visant la liquidation de la Crei en soutenant que c’était contraire à tous les engagements internationaux.
Elles ciblaient le renversement de la charge de la preuve, la violation de la présomption d’innocence. Le Groupe de travail s’est clairement prononcé en signifiant que le renversement de la charge de la preuve n’est pas une violation de la présomption d’innocence. Il a, en même temps, validé la Crei.
Et pourtant les gens ne le disent pas. Et sur la détention abusive, le Groupe de travail s’est basé sur celle préventive et non sur celle résultant de sa condamnation. Sur cette dernière question, le Groupe de travail ne s’est pas prononcé. Je dis qu’il y a un abus dans l’interprétation de cet avis.