‘’LE SLOGAN 'LA PATRIE AVANT LE PARTI' N'AURA ÉTÉ QUE LES SONGES D'UNE NUIT D'HIVER’’
DAME SECK, EX-PRÉSIDENT DE LA COMMISSION COMMUNICATION DE ‘’MACKY 2012’’
C'est une véritable sortie au vitriol que Dame Seck, ex-président de la Commission communication de la Coalition ''Macky 2012'', a faite, hier, contre le régime de Macky Sall. Dans l'entretien qu'il nous a accordé, ce dernier - qui a récemment intégré les rangs de l'Alliance des forces de progrès (Afp) - descend en flammes les tenants du pouvoir.
Quelles sont les raisons de votre départ de la Coalition ''Macky 2012'', dont vous étiez le président de la Commission communication ?
Plusieurs raisons sous-tendent ma démission de la Coalition ''Macky 2012''. Mais, elle est surtout une réponse à l'offense faite aux populations de Guédiawaye. En soutenant Macky Sall, nous soutenions la République des valeurs. Mais, aujourd'hui, lorsque Macky Sall arme son frère pour agresser les populations de Guédiawaye, je dis qu'il y a problème. C'est l'une des raisons qui justifie ma démission de la Coalition ''Macky 2012''.
A cela s'ajoute la promotion à grande échelle des anti-valeurs et de la médiocrité. Tout porte à croire que Macky Sall ne s'était pas préparé à l'exercice du pouvoir. Les tâtonnements, les errements et les cafouillages dans la gestion de la chose publique s'étalent au grand jour. Beaucoup d'engagements qu'il avait pris ne sont pas encore respectés. Il nous parlait de gouvernance sobre et vertueuse. Mais, à l'heure actuelle, qu'est-ce qu'on constate ? Le slogan ''La patrie avant le parti'' n'aura été que les songes d'une nuit d'hiver.
Qu'est-ce qui vous fait dire cela ?
Aujourd'hui, le slogan qui fait fureur, c'est les beaux parents d'abord, les parents ensuite, et enfin les flagorneurs. Comment expliquez le parachutage de son frère à Guédiawaye, de son beau-frère à Saint-Louis, de son cousin à Pikine ? Au lieu de consolider les fondamentaux de la nation, Macky Sall est en train de les déconstruire de manière dangereuse. La Coalition ''Macky 2012'' est devenue une Arche de Noé, où toutes les espèces sont représentées.
Les uns travaillent pour avoir la reconnaissance d'un homme, Macky Sall, et il y a une infime partie qui travaille pour avoir la reconnaissance du peuple sénégalais. Il y a aussi un conflit de générations. Il y a ceux que j'appelle les vieux, qui sont là, taillables et corvéables, et qui sont à la merci du président de la République. Ils sont capables de faire n'importe quel type de besogne. De l'autre côté, il y a les jeunes, avec une certaine virginité politique et des convictions. L'autre a raison de dire qu'il doit se réveiller avant minuit. Parce qu'il va directement au mur, avec tous les gens qui font bloc autour de lui.
C'est le moment de tirer la sonnette d'alarme pour qu'il se ressaisisse et se souvienne des engagements qu'il avait pris. Les urgences sont toujours là. Mais, au lieu de les régler, on amène une meute à Paris pour la réunion du Groupe consultatif. Pourquoi tout ce tintamarre-là ? Quelle est la masse monétaire qui a été mobilisée pour convoyer des gens à Paris ? Pourquoi ne pas organiser, ici, au Sénégal, un Forum des investisseurs, qui aurait donné les mêmes résultats ou même plus ? Ce tintamarre est vraiment incompréhensible.
Pourquoi avez-vous choisi l'Afp pour continuer votre vie politique ?
En tant que mouvement citoyen, nous ne pouvons continuer notre combat que, dans un cadre purement politique. Et l'Afp est le seul parti avec qui nous partageons beaucoup d'idéaux. Nous connaissons Moustapha Niasse, avec tout ce qu'il a fait pour la République du Sénégal. Et son fils spirituel, c'est Malick Gackou, qui est notre frère. Malick Gackou est un vrai patriote, un miroir et un modèle pour les jeunes de la banlieue. Un ami qui dérange certains lobbies très proches du président de la République, du fait de son envergure et de son aura. Un homme qui dit ce qu'il fait et qui fait ce qu'il dit.
Un homme, dont la générosité et l'ouverture ne sont plus un secret pour personne. C'est avec cet homme-là, que nous avons décidé de cheminer ensemble. Parce que nous avons de très grands chantiers pour Guédiawaye. Nous avons de très belles ambitions pour notre département. Il est hors de question que la gestion de notre localité soit entre les mains de personnes étrangères à notre chère banlieue. Nous appelons à un large rassemblement des dignes fils de Guédiawaye pour cet idéal-là. Nous allons tout faire pour faire de l'Afp la première force politique dans la banlieue.
Ne pensez-vous pas que votre discours musclé à l'endroit du régime de Macky Sall risque d'altérer les relations de votre parti avec la formation présidentielle ?
Non. Je ne le pense pas. Il faut savoir faire la part des choses. Vous dites que mon discours est musclé. Je dirais que je suis véridique. Ce que nous avons de plus cher, c'est le Sénégal. Nous devons confier ce pays à des gens responsables. Ce pays doit être géré avec sérieux, en tenant compte des générations futures. On se dit des vérités. Chacun a le droit de défendre ses positions et ses convictions.
Pour finir, quel commentaire faites-vous des attaques tous azimuts contre les membres de la Commission nationale de réforme des institutions (Cnri) ?
Les Sénégalais doivent rendre un vibrant hommage à Amadou Makhtar Mbow et compagnie pour le travail qu'ils ont accompli. J'aurais été très étonné, si les membres de l'Apr n'avaient pas critiqué le travail de la Cnri. C'est le contraire qui m'aurait surpris. Parce que les auteurs de ces attaques ne sont mus que par des intérêts purement partisans. Alors que le travail de Makhtar Mbow et de son équipe, c'est pour l'intérêt général. Les gens qui s'agitent, ils le font, parce qu'ils voulaient avoir des tailleurs sur mesure. Ils doivent savoir raison garder. Il faut saluer le patriotisme d'Amadou Makhtar Mbow et de tous ceux qui ont travaillé avec lui. Ils sont à féliciter et à encourager.