‘’LES COULOIRS DES PAVILLONS NE SONT PAS FAITS POUR ÊTRE HABITÉS’’
KHALIFA ABABACAR DIAGNE DU COUD
Si on laisse occuper les couloirs des pavillons, on ne pourra plus contrôler qui est étudiant et qui ne l’est pas. Ainsi s’exprime Khalifa Ababacar Diagne, chef du département de la gestion des cités universitaires du Coud qui est contre toute occupation des couloirs à l’Ucad.
Des étudiants qui squattaient les couloirs du Pavillon A ont été délogés. Pourquoi cette mesure forte ?
Nous avons pris cette décision par responsabilité. Il nous a été donné de constater que, depuis quelque temps, des étudiants, sous prétexte qu’ils n’ont pas de logement, sont allés chercher des tentes qu’ils ont installées dans les couloirs du pavillon A.
Les couloirs n’ont pas été faits pour être habités, ils servent à la circulation. En plus de cela, il y a une question de sécurité, parce que si on les laisse faire, on ne pourra plus contrôler qui est étudiant et qui ne l’est pas. Enfin, il y a une question d’hygiène et de santé publique.
Nous savons tous qu’il n’est pas décent de mettre des tentes dans les couloirs. D’ailleurs, nous avons reçu des rapports de notre service médical qui nous alertent dans ce sens.
Malgré tout, ces étudiants sont revenus et ont installé, à nouveau, ces tentes. Est-ce à dire qu’il n’y a pas eu de suivi ?
Il y aura un suivi. Quand nous avons fait l’opération, ils ont demandé à discuter avec les autorités. Nous avons entamé des discussions au cours desquelles nous leur avons marqué notre principe de ne pas les laisser s’y installer. Ils ont justifié leur acte en invoquant des questions sociales.
C’est la raison pour laquelle nous les avons invités à se rapprocher de notre service social qui va étudier leur situation au cas par cas et faire des propositions au directeur du Coud, qui, en définitive, va prendre une décision. C’est une approche allant dans le sens de les prendre en charge sur le plan social.
Mais, cela n’enlève en rien la décision et la volonté du Coud d’interdire, de façon catégorique, cette pratique. Il faut que les étudiants sachent qu’il n’est pas possible que le Coud discute de cette question. Cette pratique ne sera jamais autorisée. C’est une décision irrévocable.
Cette situation n’est-elle pas la conséquence du déficit de logement au sein du campus de Dakar ?
Absolument, c’est indéniable. Il suffit juste de voir les rapports en termes de capacité d’accueil et de la demande pour comprendre que c’est cela la source de ce problème. Nous sommes dans une université qui tourne autour de 80.000 étudiants et nous n’avons que 3891 lits. Mais, je dois rappeler que si la capacité d’accueil a baissé, c’est parce que des pavillons ont été démolis sur ordre du gouvernement, il y a deux ans.
Cette décision résulte d’un rapport de la Protection civile qui, en 2010, recommandait la démolition de ces pavillons au regard de leur état de décrépitude très avancé et qui constituait une menace pour les étudiants. Cette démolition a entraîné la perte de 1495 lits. Cependant, quand ces bâtiments ont été rasés, le rythme des travaux des pavillons qui étaient en cours de construction a été accéléré.
Ces pavillons ont été réceptionnés l’année dernière et mis dans l’actuelle capacité d’accueil. Ils sont au nombre de quatre, dont deux dans le grand campus, un à la Fastef et un à la cité Aline Sitoé Diatta. Ils ont chacun une capacité d’accueil de 200 lits.
La construction de ces pavillons avait connu un grand retard, mais l’actuel ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a fait preuve de beaucoup d’engagement pour qu’ils soient terminés et livrés. La construction de ces pavillons a été accompagnée par celle d’un nouveau restaurant qui est dans le circuit d’exploitation du Coud depuis le début de l’année avec une capacité d’accueil beaucoup plus grande que l’ancien restaurant Self.
Maintenant, nous attendons la livraison des trois pavillons en construction dans le stade du campus.
Pourquoi avoir choisi de construire ces trois nouveaux pavillons sur une partie du stade du campus ?
Tout d’abord, je tiens à préciser que le gouvernement a changé d’approche dans la construction des pavillons. Auparavant, le Coud n’était pas impliqué dans les projets. On ne faisait que réceptionner les infrastructures et les exploiter. Mais, depuis que le ministre Mary Teuw Niane est en place, à chaque fois qu’on doit construire des infrastructures sociales, le Coud, à travers ses techniciens, est associé en amont et dans toutes les phases.
Pour ces nouveaux pavillons en chantier, il s’agit de construction et d’équipement. Par le passé, il est arrivé que le Coud ait réceptionné des pavillons qui n’étaient pas équipés. On a choisi de construire ces nouveaux pavillons dans une partie du stade parce qu’il fallait anticiper, car au même moment, les autres pavillons étaient en cours de démolition.
On ne pouvait pas attendre la fin de la démolition pour commencer la construction des nouveaux pavillons. Il y avait urgence. Il fallait passer aux études de terrain et aux relevés géophysiques. Si on avait attendu, on n’aurait pas eu la possibilité de réceptionner bientôt ces trois nouveaux pavillons.