‘’LES MONTANTS RÉCLAMÉS DÉPASSENT LE BUDGET DU SÉNÉGAL’’
LES AVOCATS DE MBAYE NDIAYE S’ATTAQUENT AU RÉQUISITOIRE DU PARQUET SPÉCIAL
Après le réquisitoire à charge du parquet et les plaidoiries des avocats de l’Etat, hier, c’est au tour de la défense d’entrer en scène. Premiers à plaider, les conseils de Mbaye Ndiaye ont surtout fustigé l’amende réclamée par le parquet spécial
“O n aura tout dit sauf le droit. Monsieur le président, j'ai vu qu'on vous faisait des éloges qui n'ont rien à ravir de ceux de Mbaye Pekh”, a d’emblée déclaré Me Borso Pouye pour démonter les réquisitions du parquet spécial et les plaidoiries des avocats de l’Etat.
Selon l’avocate de Mbaye Ndiaye, les accusateurs de leur client n’ont pas apporté une once de preuve de culpabilité. C’est pourquoi, Me Pouye a trouvé exorbitants les 250 milliards de francs CFA réclamés par le parquet spécial, en guise d’amende à chaque prévenu. “Nous ne sommes pas en matière de détournement de deniers publics et la loi parle d’amende, or les montants réclamés dépassent le budget du Sénégal”, a fulminé Me Pouye.
Tout compte fait, l’avocate a demandé à la Cour de déclarer “irrecevable” la constitution de partie civile de l’Etat du Sénégal, à défaut, lui allouer le franc symbolique. Me Pouye a également demandé que la procédure soit déclarée nulle.
“On se contente de dire qu’il est complice pour avoir aidé, mais les faits ne sont jamais spécifiés et l’instruction a duré plus de six mois”, a-t-elle avancé en guise d’arguments. A défaut de la nullité, l’avocat a demandé la relaxe pure et simple de leur client, d’autant qu’elle juge “léger” le réquisitoire du parquet spécial demandant que leur client soit condamné à quatre ans... pour complicité d’enrichissement illicite.
L’ancien directeur général de l’Agence des aéroports du Sénégal (ADS) est accusé d’avoir versé à Daport la somme globale de 2 milliards 612 millions 348 mille, de 2009 à 2012. Mais aussi d’avoir fait un emprunt d’une somme d’un milliard et enfin d’avoir viré la somme de 440 millions entre les deux tours de la Présidentielle de 2012 pour financer la campagne de l’ex-président Wade.
D’après l’accusation, ces divers montants ont été versés à Daport, une société partenaire des ADS et dont les frères Bourgi et Pape Mamadou Pouye seraient les bénéficiaires économiques, mais aussi les prête-noms de Karim Wade. C’est pourquoi Mbaye Ndiaye est accusé d’avoir aidé Karim Wade.
“Karim Wade avait menacé de mettre Mbaye Ndiaye en prison si...
” S’agissant de l’emprunt et du dernier virement, Me Michel Simel Basse a expliqué que ces opérations ont été effectuées à l’insu de leur client qui était hors du pays pour des raisons médicales. Pour les autres virements, l’avocat estime qu’il n’y avait aucune volonté d’aider le prévenu principal Karim Wade à s’enrichir. Parce que tout simplement, a argué Me Bass, Mbaye Ndiaye ignorait que Karim Wade était derrière Daport, comme le soutient l’accusation.
“C’est dans cette salle que j’ai su que l’argent qu’on payait était destiné à Afriport”, avait précisé le prévenu. C’est pourquoi Me Basse considère que l’ex-DG n’est pas “pénalement responsable”, d’autant qu’il n’a jamais été incriminé pour faute de gestion.
“Il ne fait pas partie de la bande organisée qui a essayé d’arracher une miche de pain. S’il est considéré comme complice, il n’y a pas d’élément intentionnel”, a conclu l’avocat.
L’autre argument qui conforte les avocats, c’est la nature des relations entre Karim Wade et son présumé complice. A en croire Me Basse, celles-ci étaient “exécrables” et Karim Wade avait menacé de mettre leur client en prison si son père gagnait les élections.
“En sa qualité de DG, il a subi des calvaires”, a renchéri sa consœur Me Borso Pouye. Relativement aux virements, l’avocate a laissé entendre que toutes les décisions étaient prises de manière collégiale avec le conseil d’orientation.
“ Vous avez dit à Mbaye Ndiaye qu'il a gaspillé et gardé l'argent du Sénégal. Je vous défie d'en apporter les preuves”, a lancé Me Pouye à l’endroit de Me Yérim Thiam qu’elle accuse d’avoir été “incorrect” avec leur client.
Le prévenu salue l’arrivée de Cheikh Tidiane Mara
Invité à faire ses observations à la suite de la plaidoirie de ses avocats, Mbaye Ndiaye a clamé encore son innocence. “Je n’ai jamais bouffé un seul sou des ADS. La preuve, nous avons subi des contrôles qui nous étaient favorables”, s’est défendu l’ancien DG des ADS. Il a réfuté être le complice de l’ex-ministre d’Etat. “Karim Wade a l’âge de mon fils, si je dois faire des choses, je l’aurais fait avec des personnes de ma génération”, a asséné Mbaye Ndiaye.
Aussi, s’est-il dit surpris des accusations de Pape Djéry Sène, directeur du Contrôle interne et de gestion des aéroports. Ceci d’autant que lorsque le ministre Ousmane Masseck Ndiaye lui avait demandé de le relever, il ne s’était pas exécuté.
Mais contre toute attente, celui-ci a rédigé un rapport accablant sur lui. Et c’est la raison pour laquelle il l’avait affecté à Tambacounda, car le ministère était revenu à la charge. Aujourd’hui, Mbaye Ndiaye pense qu’avec l’arrivée du nouveau Procureur spécial, “le droit sera dit”