‘’MON PROGRAMME, SI JE PASSE…’’
ME BABACAR NDIAYE
La situation préélectorale en prélude à l’Assemblée générale ordinaire de samedi prochain sera au centre d’un face à face du Comité de normalisation du basket (Cnbs) avec la presse, ce matin, à partir de 11 heures, au stadium Marius Ndiaye. L’occasion de faire certainement le point des préparatifs de l’Ag et surtout de l’élection du futur président de la Fédération sénégalaise de basket qui revient après la transition du Cnbs. Deux candidats sont en lice : Mathieu Faye, ancien international et président de Mbour basket club, et Me Babacar Ndiaye, président du Dakar université club. A la veille de ce vote, nous donnons la parole aux deux postulants qui déclinent leurs ambitions pour la balle orange.
« Vous n’avez pas un passé de basketteur, ne vous sentez-vous pas visé lorsque certains disent qu’il faut donner la fédération aux basketteurs ?
Cela ne me fait rien ! Je crois qu’on n’élit pas un ancien basketteur ou quelqu’un qui a joué au basket. Mais un président de fédération. C’est-à-dire quelqu’un qui sera chargé de gérer, de manager le basketball sénégalais. Sur ce point là, ce n’est pas parce qu’on n’a pas été joueur qu’on ne peut diriger la fédération.
A titre d’exemple, dans le passé la fédération a été dirigée par des gens qui n’ont jamais pratiqué le basket mais qui ont été de grands dirigeants. Je pense à Ibou Diagne, à Alioune Badara Diagne entre autres qui ont servi et bien travaillé pour le développement du basket. Je pense donc avoir le profil pour prétendre diriger le basket sénégalais.
Parce que je suis du mouvement associatif et cela fait 25 ans que je suis dans le milieu du basket et plus de 10 ans que j’assume des responsabilités. J’ai été membre du comité directeur du Duc, puis son premier-vice président pendant 7 ans.
Et depuis trois ans, je suis le président de ce club qui est l’un des plus grands au Sénégal. Il est également le deuxième club africain en termes de palmarès. J’ai également été membre de la commission de révision des textes de la fédération sénégalaise de basket. Et depuis 18 mois, je coordonne le cadre de concertation des clubs. Je pense que toutes ces expériences peuvent m’aider à exécuter la mission de dirigeant de fédération.
Je ne suis pas sorti du néant !
Mathieu Faye a soutenu que vous n’êtes pas éligible au même titre que Baba Tandian. Que lui répondez-vous ?
Je suis juste surpris et étonné des déclarations de Mathieu Faye. Tout ce qu’il a dit est absolument faux. Le Duc ne comptait aucun joueur parmi les sélectionnés des U18 lors des dernières coupes d’Afrique ; ni en équipe masculine, ni en équipe féminine.
On ne peut se lever un beau matin pour dire que le Duc avait fourni 7 des 13 joueurs incriminés, et que son président est d’une façon ou d’une autre impliqué dans ce qui s’est passé. Je n’ai rien à voir avec cette affaire, mon club non plus. Je ne faisais d’ailleurs pas partie des membres de la fédération à l’époque.
Donc c’est avec étonnement que j’ai appris ces accusations. Mais cela ne me surprend pas, parce que depuis le début, je suis sur le terrain en train de rencontrer les acteurs et les personnes qui vont voter.
J’ai fait le tour du Sénégal. Maintenant, si quelqu’un veut devenir président de la fédération en restant dans son salon, il est tout à fait normal, qu’il cherche à trouver des prétextes pour rester l’unique candidat. Tout ce qu’il a dit est faux et j’espère qu’il aura la galanterie de rectifier son erreur.
Il soutient aussi que le choix porté sur vous au sein du cadre de concertation comme candidat à la présidence de la fédération n’a pas été fait dans les règles...
Le processus de sélection a été clair !
Le cadre de concertation des clubs de basket ne date pas d’aujourd’hui. Il a été créé après la mise en place du CNBS. C’était pour permettre aux clubs de participer à la phase de normalisation.
On avait estimé avoir le droit ou la possibilité de soulever les difficultés que rencontrent les clubs, d’autant qu’on n’était pas représenté dans le comité. On a travaillé pendant 18 mois, et on a mis en place un comité scientifique.
J’ai eu l’honneur d’être désigné coordinateur de ce cadre de concertation avec Ameth Dieng comme président du comité scientifique. Nous avons travaillé et rédigé un document qui a été remis au CNBS et au ministre. Nous avions comme principale préoccupation, le vote des clubs lors des élections des membres du bureau fédéral. Car avant c’étaient les ligues et un groupe de personnes qui votaient.
J’ai rencontré les clubs de Dakar, et un responsable m’a dit qu’il est dans un club depuis 15 ans mais n’a jamais assisté à une AG de fédération. C’est la première fois donc qu’il a cette opportunité. C’est un des acquis du cadre de concertation. Lorsqu’on a rencontré la Fiba Afrique, elle nous avait dit qu’on avait l’obligation de tenir une assemblée générale dans les meilleurs délais. J’en ai parlé au cadre de concertation et les gens ont estimé que le travail que nous avons entamé devait être continué.
Cette continuation ne pouvait se faire que lorsque les clubs auront la possibilité de gérer la fédération. On avait alors décidé que le cadre devait avoir un candidat lors des élections fédérales pour pouvoir continuer le travail. C’est dans ce sens qu’une réunion s’est tenue pour recevoir les candidatures. Il y en avait 5 en tout. Les trois se sont désistés en ma faveur et le dernier était absent.
L’assemblée a ainsi décidé que je suis le candidat naturel du Cadre de concertation. Mais, ce n’était pas suffisant pour gagner les élections, car je savais que je n’avais pas tous les clubs derrière moi. J’ai fait le tour des toutes les équipes du Sénégal pour rencontrer les acteurs du basket, connaitre la famille du basket et leurs préoccupations. Et aujourd’hui, je suis vraiment optimiste.
Avez-vous rencontré Mathieu Faye entre-temps ?
J’ai rencontré Mathieu deux fois, car le cadre m’avait mandaté de le rencontrer. Cela n’a pas abouti.
Certaines indiscrétions disent que vous lui avez proposé un poste de vice-président ?
Ce n’est pas vrai ! Je n’ai négocié aucun poste avec Mathieu Faye.
Vous pensez donc que la voie est balisée pour vous ?
Jusqu’au jour J, cela peut changer. Je suis optimiste et je pense qu’on a bien travaillé. Maintenant laissons les choses entre les mains de Dieu, pour que ca se passe normalement comme prévu. Mais vraiment nous sommes optimistes et nous pensons s’il plait à Dieu que samedi nous serons élus.
Que pensez-vous du rejet de la candidature de Baban Tandian ?
Je n’ai aucun commentaire à faire.
Votre seul adversaire Mathieu Faye vous invite à un débat télévisé pour parler de la situation du basketball et de vos programmes respectifs. Etes-vous partant ?
Je ne suis pas au courant de cette invitation. Vous savez, je suis allé vers les acteurs du basket. J’ai rencontré le peuple du basket, et c’est ce qu’un candidat doit faire. Il faut aller expliquer aux clubs son programme et recueillir leurs avis et suggestions. Car ce n’est pas à travers la presse qu’on gagnera les élections, mais sur le terrain.
Autour de quoi tourne votre programme ?
Mon programme est simple. En gros, le basketball sénégalais s’est toujours fondé sur la formation de la petite catégorie. Aujourd’hui on voit qu’elle est en train de mourir. Il faut nécessairement essayer de trouver une solution par rapport à cela. J’ai parcouru le Sénégal et dans les régions nous n’avons pas assez d’équipes pour organiser des compétitions.
Il faut donc faire des compétitions zonales, par exemple entre Fatick, Kaolack, Kaffrine pour des championnats entre petites catégories. Ensuite, on pourra organiser un championnat national. Et cela va nous permettre de détecter des jeunes talents, de les encadrer pour en faire de futurs internationaux.
C’est une priorité pour moi. J’ai rendu une visite de courtoisie aussi aux doyens Mamadou Sow et Dimitri qui est à Ziguinchor, pour leur dire qu’ils sont les seuls entraineurs témoins de l’époque de la formation des leaders du basket au Sénégal. Je vais d’ailleurs tenir compte de leurs suggestions dans le cadre de la politique de formation des jeunes. Mais cette formation suppose de bons encadreurs.
Ce que j’ai découvert à travers ma campagne, c’est qu’il n’y a assez pas de techniciens. J’étais à Sédhiou ; l’entraineur le plus diplômé « Paco » n’a que le diplôme d’animateur-initiateur. Le même problème se pose à Fatick. Donc il faut former des entraineurs pour encadrer les jeunes.
Moi-même j’ai proposé dans le cadre de ma campagne, la possibilité de créer une commission de formation, qui va parcourir l’intérieur du pays pour former des entraineurs, leur faire suivre des examens et leur délivrer des diplômes.
Cela va nous permettre de faciliter la formation. Mais cela ne sert à rien de former des gens et de ne pas leur donner la possibilité de poursuivre leur carrière. En fait, j’ai constaté que certains entraineurs ont leur diplôme de premier degré mais depuis 10 ans n’ont pas la possibilité de faire leur deuxième degré.
Ils vont vieillir sans servir le basket. Donc à ce niveau, on va faire des calendriers pour espacer les examens de 3 à 4 ans. On aura aussi la possibilité de faire des séminaires de formation. Un autre point important de mon programme, est le développement du championnat pour permettre le retour des clubs sur la scène africaine.
Sans la participation des clubs, on n’aura pas une équipe nationale locale forte. Le quatrième point c’est la reconquête des titres africains. Le Sénégal est le pays le plus titré en Afrique, 10 en filles et 5 en garçons. Celui qui va diriger la fédération, doit avoir pour ambition de reconquérir les titres.
Maintenant le problème des infrastructures c’est du domaine de l’Etat. On va essayer de sensibiliser les autorités étatiques sur la nécessité de doter nos régions de centres de basket, et d’avoir une deuxième salle de basket digne de ce nom à Dakar pour permettre au Sénégal de pouvoir organiser des compétitions africaines.
Pensez-vous que l’entraineur Cheikh Sarr a raison de s’inquiéter par rapport à la phase de transition entre le Cnbs et le Fsbb ?
Il n’y aura pas de couacs parce que la gestion de l’équipe nationale est du domaine de l’Etat. Le CNBS a reçu un programme proposé par l’entraineur. Ce programme a été validé par le ministre des Sports. Donc s’il y a fédération demain, elle ne fera que continuer le travail déjà entrepris.
A ce niveau je n’ai pas d’inquiétude.
Allez-vous quitter la présidence du Duc, si vous êtes élu ?
C’est une question qui revient souvent mais je pense que les textes tels qu’ils sont conçus ne permettent même pas à quelqu’un lorsqu’il est élu comme membre du bureau fédéral de délaisser son club. Sinon, demain s’il veut être réélu, il n’aura pas de mandat de son club. Et sans mandat vous ne pouvez pas participer aux élections.
Ce que j’ai toujours dit c’est que une fois élu je deviendrai le président de tous les clubs du basket du Sénégal. Pour le reste, le moment venu on appréciera. Je pense que le fait d’être le président du Duc, ne peut rien influer sur le fonctionnement de la fédération ».