‘’NOUS AVONS UN FINANCEMENT POUR ÉTENDRE LE PROJET DE LOGEMENTS SOCIAUX AUX RÉGIONS’’
FATOU BINETOU TAMBEDOU, MINISTRE DELEGUEE CHARGEE DE LA LUTTE CONTRE LES INONDATIONS

La ministre déléguée auprès du ministre du Renouveau urbain, chargée de la Lutte contre les Inondations, de la Restructuration et de la Requalification des banlieues, tire un bilan satisfaisant du processus de relogement des sinistrés. Dans l’entretien qui suit, Fatou Bintou Tambédou apprécie positivement l’implication des populations dans la gestion des inondations dans la région de Dakar. Elle affirme que plus de 1.800 logements sociaux ont été attribués dans des conditions transparentes.
Madame le ministre, pouvez-vous revenir sur ce que votre département est en train de faire pour consolider les acquis dans la lutte contre les inondations ?
Dans le cadre du Plan décennal entamé depuis 2012, le ministère s’occupe de la lutte contre les inondations. Nous travaillons aussi à corriger les irrégularités liées à la répartition des habitats dans des quartiers des banlieues aussi bien à Dakar que dans les régions.
Nous avons aujourd’hui conscience que nous ne pouvons pas lutter contre les inondations sans restructurer certains quartiers. Il faut impérativement revoir la répartition des habitats dans l’espace pour consolider les acquis en matière de lutte contre les inondations.
Si les voies d’écoulement d’eau sont obstruées, il va de soi que nous ne pouvons qu’avoir des inondations dans ces zones. C’est pour cela qu’il est impératif d’accorder à la restructuration une place de choix dans la lutte contre les inondations.
Nous sommes en train de travailler pour améliorer au maximum notre cadre de vie. Dans cette perspective, nous tiendrons compte de beaucoup d’aspects environnementaux. Nous avons non seulement des projets qui nous permettront de consolider les acquis mais de créer des emplois. Parmi ces projets, nous pouvons citer celui de « ville verte » pour l’emploi qui vient consolider l’idée de la restructuration et de la requalification des banlieues.
En fait, il s’agit de donner d’autres vocations aux superficies libérées par la suite de relogement des sinistrés dans leur habitat. Nous devons veiller à ce que les espaces libérés ne soient pas réoccupés.
Nous avons une superficie qui couvre 34 ha dans la banlieue. Nous sommes en train de travailler de concert avec les populations pour non seulement améliorer le cadre de vie, mais aussi créer des emplois.
Dans le cadre du Plan décennal de lutte contre les inondations, il y a des ouvrages structurants à Dakar. Est-ce qu’on peut s’attendre à des réalisations de ce genre dans les régions ?
Bien sûr ! Nous avons reçu des instructions du président de la République dans ce sens. Le Plan décennal de lutte contre les inondations couvre une période allant de 2012 à 2022. Nous sommes dans une phase intermédiaire, après celle d’urgence.
Nous avons réalisé des ouvrages dans les régions et des villes religieuses comme Touba, Tivaouane et Kaolack. Déjà à Saint-Louis, des actions sont en train d’être menées au niveau de la brèche. Il en est de même pour d’autres villes. Nous devons rompre avec les actions ponctuelles.
L’autre volet de la lutte contre les inondations, c’est le relogement des populations. Est-ce que le processus se poursuit avec la livraison du premier lot d’environ 700 logements ?
Les choses sont aussi en train de bouger dans ce domaine. Nous étions d’abord concentrés sur la gestion des inondations. Il fallait consolider les bons résultats enregistrés dans le cadre de la mise en œuvre du Plan décennal de lutte contre les inondations. Il fallait procéder par étape. Aujourd’hui, plusieurs bénéficiaires ont regagné des logements à « Tawfekh Yakaar ».
Auparavant, nous avons effectué des visites de terrain pour expliquer aux populations de la nécessité de démolir des maisons qui étaient dans des basfonds. C’était une question de sécurisation de ces personnes. Nous avons réalisé plus de 90 % du nombre des logements. De façon précise, 1.800 logements ont été construits contre 2.000. Il y a 3 entreprises qui vont nous livrer, d’ici mars prochain, tous les logements de « Tawfekh Yakaar ».
Nous avons d’autres projets dans des régions. Pour cela, nous avons obtenu un financement de la Banque islamique de développement (Bid) pour la réalisation des habitations. Ce lot de 700 logements sera réparti entre les régions de SaintLouis, Thiès et Kaolack.
Le financement nous permettra de prendre en charge à la fois la construction des maisons et des infrastructures. La restructuration des bidonvilles tient à cœur le président de la République, Macky Sall. C’est notre challenge.
Est-ce que les attributions vont se poursuivre ?
Nous pensons livrer d’autres logements dans les mois à venir. Nous avons eu des retards avec trois entreprises. Mais déjà j’apprécie à sa juste valeur ce qui a été réalisé. Parce que sur un total de plus de 2.000 logements, nous avons déjà remis les clés à plus de 700 ménages. Cela n’est pas négligeable. Cela montre qu’il y a un travail qui est en train d’être fait en matière de construction des habitats. Nous espérons livrer les derniers du programme dans les prochains mois.
L’attribution des logements sociaux est souvent sujette à des contestations. Quels sont les critères pour déterminer ou classer les sinistrés par ordre de priorité ?
Jusqu’à présent, nous n’avons pas encore enregistré de réclamations. Je rappelle qu’il y a une commission dirigée par le préfet. Dans cette commission siègent les représentants des services de différents ministères pour l’identification des bénéficiaires. Mais ce qu’il faut surtout noter, c’est la participation des populations, des sinistrés à l’identification des bénéficiaires, parce qu’avant tout, les personnes qui vivent ensemble se connaissent.
Elles savent que telle ou telle personne habite ou pas le quartier. Leur participation aide à prévenir en amont des contestations. Après l’identification, il y a une audience publique qui permet au public d’attester que tel bénéficiaire est un sinistré ou pas.
En plus, il y a une enquête de la police pour attester de tout ce qui a été fait en amont. Jusqu’ici, le système a bien fonctionné. Nous remercions le bon Dieu. Je peux garantir que l’attribution des logements n’a aucune connotation politique. Le travail va se poursuivre. Je veux dire que la lutte contre les inondations ne se limite pas à Dakar.
Quelle est la place réservée aux populations dans l’élaboration des stratégies et des ouvrages et dans la gestion des inondations ?
Je voudrais tout d’abord féliciter la prise de conscience des populations. Je prends l’exemple des jeunes de la banlieue de Dakar qui, par groupe ou association, participent à la mise en œuvre des mesures destinées à bien prendre en charge cette problématique.
Les jeunes se sont mobilisés volontairement. Aujourd’hui, il y a un éveil de conscience que chacun doit apporter et peut apporter sa contribution. Donc, nous ne déroulons pas les mesures en laissant de côté des bénéficiaires. Nous avons obtenu de bons résultats, nous continuerons d’être en alerte. Le dispositif a bien fonctionné l’année dernière, même s’il n’y a pas eu beaucoup d’inondations. Nous devons reconnaître qu’il y a eu de grosses pluies.
Comment la requalification des banlieues est-elle prise en compte ?
Nous sommes dans cette phase de requalification aussi bien à Dakar (Guédiawaye) que dans d’autres localités de l’intérieur du pays. Je peux aussi dire que les lenteurs observées ne dépendent pas de nous. Il nous faut parfois sensibiliser les populations.
Dans certaines zones comme Afia Yeumbeul et Guinaw rails, il nous fallait sensibiliser les populations. La lutte contre les bidonvilles est un axe prioritaire. Sur ce point, une mission a été effectuée en Indonésie pour s’inspirer de l’expérience de ce pays en matière de lutte contre les habitats précaires. Nous pensons que nous pourrons atteindre nos objectifs dans la concertation et avec l’implication des populations.