‘’SI LE CALENDRIER SCOLAIRE N’EST PAS RÉAMÉNAGÉ, NOUS AURONS ÉCHOUÉ’’
CHEIKH MBOW, COORDONNATEUR DE LA COSYDEP, SUR LA CRISE SCOLAIRE
Quelle appréciation faites-vous de cette crise qui secoue l’éducation aujourd’hui ?
Nous venons des Assises nationales de l’éducation et de la formation et nous pensions qu’on aurait comme résultat la stabilité du système éducatif. Mais nous avons remarqué l’incapacité des autorités à résoudre ces crises cycliques. Avons-nous un dialogue sincère ? Un dialogue où les acteurs se font confiance ?
Nous pensons qu’il faut aller vers la mise en œuvre des recommandations issues des Assises nationales. Lesquelles assises avaient abordé toutes les grandes questions, y compris celles qui sont posées actuellement par les organisations syndicales.
Qu’est-ce que vous pensez du gouvernement qui ne respecte pas ses engagements, mais aussi des enseignants grévistes qui reviennent sur des accords signés avec l’Etat ?
Notre impression, c’est que ce sont les citoyens qui sont les premiers responsables. Ce sont les citoyens qui, aujourd’hui, ont laissé le dossier de l’éducation entre les mains du gouvernement et des syndicats d’enseignants. Et finalement, le gouvernement et les syndicats d’enseignants nous prennent en otage.
Il faut qu’on comprenne que l’éducation est une question trop sérieuse. Si nous voulons aller vers l’émergence, il nous faut avoir un capital humain.
Qu’avons-nous fait durant cette crise ? Est-ce qu’on n’a pas la possibilité de peser en termes de pressions citoyennes. Nous avons vu qu’à chaque fois que des citoyens se sont mobilisés, ils arrivent à résoudre les questions les plus difficiles. Les Sénégalais ont le devoir d’exiger aux acteurs, notamment le gouvernement et les syndicats de s’entendre sur l’essentiel et permettre aux enfants de retourner dans les classes.
Nous demandons au gouvernement encore d’être plus disponible. Il n’est pas acceptable qu’un partenaire syndical veuille accéder à un ministre et qu’il ait des difficultés. Quand les enseignants servent les préavis de grève qui durent un mois, nous avons un mois pour en discuter.
Les trois mois de congés également devraient servir au gouvernement et aux leaders syndicaux pour discuter des problèmes de l’école. Nous demandons également aux syndicats de mieux coordonner leurs voix. On ne peut pas accepter qu’il y ait une quarantaine d’organisations syndicales. Cela fait un peu de cacophonie et l’Etat à une part de responsabilité. Il doit organiser des élections de représentativité afin qu’on sache qui est qui.
Faut-il revoir le calendrier scolaire, vu le nombre important de jours de grève ?
Nous pensons qu’il faut revoir le calendrier scolaire. Il faut le réaménager pour prendre en charge ce temps qui a été perdu à cause des grèves des enseignants. Donc, il faut réaménager ce temps et veiller à ce que les enfants puissent avoir le minimum qui puisse leur permettre de boucler cette année scolaire. Si on ne fait pas cela, nous aurons échoué. Et nous appelons les techniciens à nous faire des propositions de calendrier réaménagé.
Nous appelons les enseignants à être dans des dispositions d’accompagner les élèves en ce sens. Nous appelons également les parents à accompagner ce dispositif parce que nous savons qu’à une certaine époque, les parents sollicitent les élèves pour les travaux champêtres ou pour d’autres tâches. Il faudrait une forte solidarité autour de cette crise pour qu’au-delà on ne soit plus dans des situations où il faut dire : «Sauvons l’école !»