200 milliards font déguerpir 3 villages à Kédougou
Convention minière entre l’Etat et Teranga Gold jusqu’en 2017
Les villages de Sabodala, Faloumbou et Dambakhoto, zone d’exploitation minière par excellence vont bientôt être rayés de la carte du pays. Et la cause est toute simple, ils se trouvent dans le périmètre minier vendu à Mdl, aujourd’hui possédée par la société canadienne Teranga Gold Opérations.
La région de Kédougou renferme une énorme quantité d’or qui attire en grand nombre les sociétés étrangères. Et l’Etat du Sénégal qui en tire des revenus, même si les populations locales disent ne rien voir des retombées de l’or tiré de leur zone, a déjà vendu plus de 20 km de superficie à des entreprises étrangères.
L’un des exemples les plus récents est l’accord que l’Etat vient de conclure avec la société canadienne Teranga Gold. Selon la Coalition nationale des associations de la Société civile sur la gouvernance des ressources minérales du Sénégal (Cnascgrm), l’Etat du Sénégal, avec ce nouvel accord, engrangerait quelques 400 millions de dollars américains, équivalent à 200 milliards de francs Cfa environ, d’ici 2017.
Et cela constitue selon Sory Diallo, coordonnateur national de la Cnascgrm, un véritable pas de géant de la part de ces nouvelles autorités, dans leur volonté de revisiter les contrats miniers et la loi minière, lors une conférence de presse à Tamba. Dans cet accord, la coalition note l’engagement de l’Etat à travailler avec la compagnie minière pour assurer un accès total aux sites d’exploration jusque là occupés par les mineurs artisanaux, mais aussi l’exploration dans le gisement de Niakafiri, situé dans le titre minier. Niakafiri est le site dans lequel se trouve l’usine de Sabodala.
Cependant, fera remarquer Sory Diallo, ces accords signés avec la compagnie minière posent de réels mobiles de troubles sociaux, même s’il ajoute que force doit rester à la loi. Dans cet ordre, il a souligné que des récriminations sont notées chez les populations riveraines du périmètre minier et vivant dans les villages de Sabodala, Faloumbou et Dambankhoto, qui jurent d’ailleurs de ne jamais céder les lieux pour quelque motif que ce soit.
Des villages condamnés
Il faut que l’Etat annonce aux populations qu’elles sont assises sur de l’or déjà vendu à une compagnie minière prête d’ailleurs à démarrer l’exploitation, a indiqué M. Diallo. Toutefois, il faudrait que les opérations de déguerpissement se fassent dans les règles a-t-il souhaité. Le préfet de Saraya, département dans lequel se trouve le périmètre minier, ainsi que le sous-préfet de Sabodala, ont pris les devants en rencontrant les communautés concernées pour mettre en place un cadre de concertation et de dialogue autour de la question.
Et d’ailleurs, toutes les couches de la société sont représentées dans le comité, a fait savoir Sory Diallo. Et même suite à une correspondance de sa tutelle, le gouverneur de Kédougou a convié le 17 avril dernier, les membres du comité et les représentants des compagnies, entre autres acteurs, sur la problématique afin de trouver une issue heureuse. Et il a été retenu de descendre sur le site des opérations pour voir concrètement les dispositions à adopter sans empêcher les sondages encore moins perturber la quiétude des populations.
La coalition s’est réjouie de l’attitude du gouverneur. Néanmoins, Sory Diallo a insisté sur la nécessité de dire une fois pour toutes la vérité aux populations. Elles ne pourraient pas rester sur le site car leurs villages sont dans le périmètre des 20 km attribués à Mdl, aujourd’hui propriété de Teranga Gold. Les sondages vont démarrer incessamment pour déterminer les réserves.
Si les choses se passent telles que prévu, ces trois villages seront rayés de la carte du Sénégal sous peu. Sory Diallo assure que sa coalition est prête à accompagner l’Etat dans la sensibilisation de ces populations qui tiennent comme à la prunelle de leurs yeux à leurs localités.
Il indique que ce qui est fait est dans leur propre intérêt et dans celui de l’Etat, et que ces communautés devraient accepter de quitter ce site pour un autre qui sera aménagé par la compagnie minière, avec toutes les commodités requises et selon les normes internationales en vigueur.