48 MILLIARDS VS 500 MILLIONS
Le verdict de l'affaire du compte de Singapour fixé au 28 mai
Poursuivi pour faux, usage de faux en écritures et escroquerie par Karim Wade qui lui réclame 48 milliards en guise de dommages et intérêts, l'expert-comptable Alboury Ndao juge abusive la procédure initiée contre lui. Il réclame à son poursuivant la rondelette somme de 500 millions pour procédure abusive et tentative de diabolisation. Le verdict sera connu le 28 mai.
L'affaire qui oppose Karim Wade à Alboury Ndao, n'a pas encore connu son épilogue. Après les plaidoiries des avocats de la partie civile et les réquisitions du parquet, c'était au tour hier des conseils de la défense de plaider.
Me El Hadji Diouf et confrères ont dénoncé la procédure initiée par le fils de l'ex-président de la République contre leur client. Dénonçant ce qu'ils qualifient de mauvaise foi de la part de Karim Wade, les avocats de Alboury Ndao exigent le paiement de 500 millions pour toutes causes de dommages et préjudices subis par leur client.
À en croire les avocats de la défense, l'expert-comptable Alboury Ndao ne cherche pas à gagner de l'argent dans cette affaire en réclamant la somme d'un demi-milliard. Il s'agit juste d'une "compensation du temps perdu et passé à faire de multiples va-et-vient entre chez lui et le tribunal depuis des mois".
D'ailleurs, Me Ndéné Ndiaye voit dans ce procès ce que la justice peut avoir "d'inhabituel, d'inédit et de symbolique". "C'est un voleur à col blanc qui attrait à la barre un honnête citoyen, de surcroît un expert commis par une Cour pour faire un travail", martèle-t-il. Poursuivant sa plaidoirie, Me Ndiaye soutient que son client n'a fait que livrer des informations à la Crei qui l'a commis.
"On ne peut pas lui reprocher le faux encore moins l'usage du faux ou l'escroquerie parce que ce n'est pas lui qui juge", clame Me Ndiaye qui pense que Karim Wade a eu tort de vouloir se venger de quelqu'un qui n'a fait qu'exécuter un mandat.
Karim passible de nouvelles poursuites
Considérant que leur client est victime d'une procédure abusive et d'une tentative de diabolisation, Me El Hadji Diouf et ses confrères ont sollicité la relaxe pure et simple sans peine ni dépens pour Alboury Ndao. "Jeté en pâture, voué aux gémonies et agressé au sortir de la salle d'audience, Alboury Ndao a permis l'ouverture des commissions rogatoires à l'étranger. Car c'est grâce à son travail d'expert-comptable que la Cour de répression de l'enrichissement illicite (Crei) a pu ouvrir ces commissions rogatoires pour fouiller partout dans le monde", affirment ses conseils.
Très prolixe dans ses plaidoiries, Me Ndéné Ndiaye a levé un coin du voile sur la décision rendue par la Crei sur l'affaire Karim Wade. Si la Crei a écarté les 47 milliards de Singapour dans son arrêt, explique Me Ndéné Ndiaye, "c'est que les commissions rogatoires ne sont pas encore revenues".
Mais cela ne veut pas dire que cette affaire n'existe pas et que son client a menti pour enfoncer Karim Wade. "Le juge de la Crei en rendant la décision condamnant Karim Wade à 6 ans de prison ferme a mis en standby cette affaire des 47 milliards en attendant la collaboration et le retour des commissions rogatoires", affirme-t-il.
Après les plaidoiries de la défense, l'affaire a été mise en délibéré jusqu'au 28 mai prochain.