80 MILLIARDS PLOMBENT L’AÉROPORT DE DIASS
MENACES D'ARRÊT DU CHANTIER DE L'AIBD EN DÉCEMBRE
Le délai de 92 mois, qui expire en novembre 2014 et qui était prévu pour livrer l’aéroport international, ne sera pas respecté. A ce jour, les travaux de génie civil ne sont pas terminés et contrairement aux affirmations des responsables de l’ouvrage, les gros œuvres ne sont pas achevés et le seront au plus tôt en 2017 si toutefois, l’Etat honore ses engagements vis- à-vis des entreprises.
Annoncé sur tous les toits qu’il sera livré au mois de novembre 2014, l’aéroport international Blaise Diagne de Diass n’ouvrira certainement pas ses portes cette année. C’est du moins, le sentiment le mieux partagé par des techniciens qui travaillent à sa mise en œuvre. Sous couvert de l’anonymat, certains ingénieurs confient que «la tour de contrôle n’est terminée qu’à 70%.
Le côté électromécanique est encore loin d’être achevé. Le réseau électrique n’est terminé qu’à 60% au niveau de la centrale où la Senelec gère la moyenne tension. A ce jour, seuls les travaux au niveau des quatre bâtiments principaux que sont le pavillon présidentiel, la centrale électrique, la tour de contrôle et le terminal principal sont très avancés.» Toutes choses qui font qu’on est loin des 63% de niveau de réalisation affichés sur le site de l’aéroport.
Outre les bâtiments, le budget initialement prévu pour construire cet aéroport aurait connu, d’après des informations obtenues d’autres personnes, «un dépassement de 200 milliards sur le montant prévu à l’origine».
L’autre hypothèque qui plane sérieusement sur ce projet, c’est la créance de 80 milliards de francs Cfa que l’Etat doit à l’entrepreneur principal, le groupe BinLaden. Ce qui d’ailleurs était à l’origine du déplacement du ministre des Affaires étrangères en Arabie saoudite, pour négocier avec les dirigeants saoudiens, qui menaçaient de plier bagages si l’Etat ne payait pas.
Les personnes sur le site de Diass ont même rap- porté au journal Le Quotidien que «les ingénieurs saoudiens étaient restés trois mois sans salaires». Même si actuellement une partie de la créance a été épongée, «les Saoudiens menacent toujours de quitter si au mois de décembre, l’intégralité de la créance n’est pas payée», affirment les mêmes personnes.
Ces mêmes techniciens confient par ailleurs que ce ne sont pas seulement les entreprises étrangères qui éprouvent des difficultés pour rentrer dans leurs fonds, et que les Sénégalais sont aussi dans une situation similaire, sinon pire, et cela a bien sûr, des répercussions sur le niveau de réalisation de l’ouvrage. A ce jour, des entreprises comme Matforce, à qui l’Etat devait 1 milliard de francs Cfa, qui viennent à peine d’être épongés, a fortement diminué son personnel sur le site de l’aéroport.
Au niveau du chantier de l’Aibd, les effectifs qui tournent autour de 2 000 personnes, ont connu une réduction d’environ 500 têtes. Ce qui fait que les travaux de génie civil ne sont pas encore terminés. Ce qui fait que le premier décollage d’aéronef ne pourra pas se faire en novembre 2014, après que le Président Wade a atterri à Blaise Diagne en 2010.
D’autres techniciens doutent même que l’édifice puisse être définitivement réceptionné en 2017. Ces personnes, très pessimistes, vont jusqu’à donner raison à l’ancien président de la République, qui disait que lui seul avait «les capacités de terminer ses projets parce que dans leurs discussions, les Saoudiens ne parlent que de Wade et de son fils Karim».
Plusieurs personnes ne s’expliquent pas les difficultés de l’Etat à lever les fonds pour ce projet, étant donné que diverses taxes, en tête desquelles la Redevance pour le développement des industries aéroportuaires (Rdia), qui est prélevée sur tout billet d’avion émise à destination ou au départ de Dakar, est censée permettre de lever des fonds à cet effet.
Et cette Rdia est prélevée sans discontinuer sur les billes d’avion depuis 2006, et a déjà engrangé des milliards de Cfa. Malgré les pleurs des opérateurs touristiques, l’Etat maintien vaille que vaille cette Rdia, qui contribue fortement à renchérir les prix de la destination Sénégal pour tout voyageur.
Alors, comment dans ces conditions, l’Etat pourrait-il justifier un défaut de paiement pour l’aéroport ?