AÏDA MBODJI DÉFIE MACKY SALL
Choisie par sa base comme candidate pour la prochaine présidentielle, la responsable libérale de Bambey annonce qu'elle ne laissera aucun "répit" au chef de l'État tant que ses frères de parti emprisonnés resteront en détention
L’assemblée générale extraordinaire de la fédération départementale du Pds tenue hier dans la commune de Bambey, a servi de tribune à Aïda Mbodji pour tirer à boulets rouges sur Macky Sall et son régime. La responsable libérale de Bambey, qui a listé les carences et errements de l’actuel régime, jure de rendre la vie dure à Macky Sall aussi longtemps que «les prisonniers politiques du Pds» ne seront pas libérés. Après s’être démarquée du processus ayant abouti au choix de Karim Wade comme candidat du Pds, Aïda Mbodji a été désignée candidate à la présidentielle de 2017 par ses partisans.
Aïda Mbodji n’a pas du tout été tendre avec le président de la République Macky Sall, qui en a pris pour son grade lors de l’assemblée générale extraordinaire de la fédération départementale du Pds, tenue hier à Bambey. D’emblée, l’ancienne ministre de la Femme a égrené un long chapelet de maux qui, selon elle, expliquent la situation catastrophique dans laquelle le régime de Macky Sall a plongé le pays. Aïda Mbodji a décrété la fin de l’état de grâce pour le président de l’Alliance pour la République (Apr).
«Je ne laisserai plus aucun répit à Macky Sall aussi longtemps que Karim Wade, ainsi que tous nos frères et soeurs qui ne sont que des prisonniers politiques, resteront en prison. C’est le lieu de lancer un appel à tous les camarades responsables du Pds à l’unité. Il est évident que la seule obsession de Macky Sall, c’est d’éliminer les ténors libéraux car il sait que nous sommes les seuls susceptibles de le virer du pouvoir», martèle la présidente du Conseil départemental de Bambey.
Ainsi, elle a tenu à expliquer aux responsables des douze sections de la fédération départementale Pds de Bambey les conclusions du bureau politique du Pds tenu le 21 février dernier. Revenant sur le choix de Karim Wade comme candidat du Pds aux présidentielles de 2017, Aida Mbodji s’en démarque. «Lors de ce bureau politique du Pds qui a été improvisé en congrès qui devait avoir lieu le 08 du mois prochain, Bambey n’avait pas voté, ni participé à aucun moment audit processus », souligne-t-elle.
«CE N’EST PAS SÉRIEUX DE DÉSIGNER COMME CANDIDAT QUELQU’UN QUI EST ENTRE LES MAINS DE LA JUSTICE»
«Je ne peux pas concevoir certaines réflexions dans le Pds qui constitue la seule alternative au Sénégal. Ce n’est pas sérieux de désigner comme candidat quelqu’un qui est entre les mains de la justice. Et ce, même si tout le monde sait pertinemment qu’il est innocent. On ne peut pas se permettre de jouer avec le destin d’un pays. Dans ce Sénégal, les gens sont trop fatigués des difficultés qu’ils vivent quotidiennement et nous les libéraux constituons l’alternative. Où sont ceux qui se disaient les avocats du peuple sénégalais ? Ils se sont tous rangés du côté du pouvoir et se la coulent douce aux côtés de Macky Sall où ils passent leur temps à l’applaudir», peste Aïda Mbodji.
«JE NE SUIS PAS D’ACCORD AVEC L’APPEL A LA CANDIDATURE DU PDS ET JE L’AI FAIT SAVOIR A ME WADE»
Revenant sur l’appel à la candidature qui a abouti au choix porté sur Karim Wade comme candidat du Pds à la présidentielle de 2017, Aida Mbodji précise : «Tout le monde sait que je ne mâche pas mes mots et que je ne suis pas hypocrite. Je n’ai pas été d’accord avec cette idée de lancer une compétition pour désigner notre candidat à la présidentielle de 2017, alors qu’au même moment vingt-six (26) parmi nos frères et soeurs du parti, y compris Karim Wade le seul fils de notre mentor Me Abdoulaye Wade à qui nous devons tout, sont toujours emprisonnés. J’ai pensé que c’était inopportun et j’ai fait en sorte que tout le monde sache mon point de vue sur cette question, tout en prenant l’opinion à témoin.» Et d’ajouter : «C’était ma conviction, ma décision. Et ce n’est pas parce que j’étais en colère ou parce que je voulais quitter le Parti démocratique sénégalais (Pds) pour rallier l’Apr, comme le disaient certaines mauvaises langues.
Malheureusement, dans le Pds chaque fois que tu défends des idées différentes de celles de certaines personnes qui n’ont pas d’arguments pour te convaincre, on te prête certaines intentions. Qu’est-ce que je vais faire chez Macky Sall dont tout le Sénégal connaît désormais les énormes carences avec ses errements à n’en plus finir ?», s’interroge-telle.
AÏDA MBODJI DESIGNEE CANDIDATE DU PDS EN 2017 PAR LA FÉDÉRATION DE BAMBEY
Au terme de ce conclave, les responsables des douze sections que compte la fédération libérale du département de Bambey ont unanimement désigné Aïda Mbodji comme candidate du Pds à l’élection présidentielle de 2017.
Dans la résolution qui a sanctionné leur assemblée générale extraordinaire, les responsables libéraux de Bambey ont «dénoncé vigoureusement les arrestations abusives des responsables du Pds». Aussi, ils alertent l’opinion nationale et internationale sur «les dérives liberticides et antidémocratiques du régime de Macky Sall».
Aïda Mbodji et ses camarades ont tenu à réaffirmer leur ancrage dans le libéralisme et leur appartenance au Pds. D’ailleurs, ils n’ont pas manqué de mettre en garde l’actuel régime dans sa volonté de remettre en cause les libertés et droits acquis de haute lutte par le peuple sénégalais. Ils condamnent toute tentative d’entrave aux libertés d’opinion et d’expression au nom de quelque raison que ce soit.