AÏDA NDIONGUE DEVANT LE JUGE
AUDITION AU FOND CE JEUDI
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Aujourd’hui est un jour décisif pour Aïda Ndiongue. Depuis son inculpation par la commission d’instruction près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei), c’est la première fois que l’ancienne mairesse des Hlm passe devant l’équipe du juge Bèye pour une audition au fond. Le dossier sera donc épluché aujourd’hui à partir de 9 heures. Et pendant ce temps, le juge d’instruction du deuxième cabinet, Samba Sall, va examiner sa demande de liberté provisoire déposée hier par ses avocats pour des contestations sérieuses.
Après 6 mois d’instruction, c’est aujourd’hui que Aïda Ndiongue sera entendue par la Commission d’instruction près la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). L’ancienne sénatrice libérale qui sera auditionnée sur le fond du dossier va enfin avoir l’occasion de s’expliquer clairement sur les 41 milliards de nos francs qui lui sont imputés qu’elle aurait illicitement acquis. Après avoir inculpé l’ancienne mairesse des Hlm, l’équipe du juge Bèye s’est attardée à chercher des éléments à charge ou à décharge concernant la soeur de Bakhao Ndiongue.
Dernièrement, la commission d’instruction attendait les rapports de l’expert financier qui était censé passer à la loupe les biens immobiliers de l’ancienne sénatrice libérale. La Ci a voulu certainement être édifiée sur le montant exact dont Aïda Ndiongue se serait illicitement enrichie. C’est manifestement forts de cela que le juge Bèye et son équipe ont convoqué l’exédile des Hlm à la Crei aujourd’hui à 9 heures. Une audition qui risque de tirer en longueur, étant donné les nombreux biens (bijoux, comptes bancaires, chèques…) sur lesquels la mise en cause devra s’expliquer.
Par ailleurs, pendant qu’elle est entendue par la commission d’instruction, Aïda Ndiongue verra certainement le juge d’instruction du deuxième cabinet Samba Sall examiner sa demande de mise en liberté provisoire. En effet, de sources dignes de foi, la responsable libérale a déposé hier une autre requête aux fins de mise en liberté provisoire sur le bureau du juge Samba Sall. Malgré le refus qu’elle a essuyé d’abord devant le magistrat instructeur, et ensuite devant la chambre d’accusation (qui a confirmé le juge), elle ne désarme pas. Loin de se décourager, Aïda Ndiongue est revenue à la charge avec quasiment les mêmes arguments. Elle se fonde cette fois sur deux motifs : les contestations sérieuses et le cautionnement judiciaire.
DEMANDE DE LIBERTE PROVISOIRE DEPOSEE HIER DEVANT LE JUGE SAMBA SALL
Concernant les contestations sérieuses, l’ancienne sénatrice libérale soutient que le chèque de 3.789.988.967 francs a été reçu à bon droit par sa société EGFED qui avait exécuté intégralement le marché relatif à l’équipement des 35 maisons de l’outil. A l’en croire, les autorités judiciaires ont été induites en erreur par les dépositions des nommés Samba Faye, Abdoulaye Sarr, El Hadji Falilou Sall et Gilbert Faye qui ont déclaré n’avoir jamais réceptionné le matériel. A en croire Aïda Ndiongue, ces personnes ne savent pas ce qu’elles disent puisqu’elles ne sont pas concernées par le marché. Cependant, le matériel a été bel et bien déposé au Lycée Technique Maurice Delafosse, sur instruction de l’autorité contractante qui avait un problème d’entreposage. L’ancienne mairesse des Hlm a failli tomber des nues quand elle a appris que le Parquet avait également greffé le marché relatif aux produits phytosanitaires qui porte sur 3.998.750.000 francs.
A l’en croire, ce marché fait déjà l’objet d’une procédure d’instruction au niveau du cabinet du doyen des juges d’instruction. S’agissant du chèque de 5 milliards de francs qui a été payé à son entreprise « YA KHALIFA ABABACAR SY », elle soutient qu’il s’agit d’un marché relatif à la fourniture de motopompes. Le matériel a été livré à l’entrepôt se trouvant à Colobane, en présence du contrôleur des Opérations Financières du ministère des Finances, de Amadou Ndiaye du Plan Jaxaay, de El Hadji Massèye Ndiongue, Adama Konaté, Mamadou Bâ et des quatre gardiens de l’entrepôt que sont Mamadou Tine, Boukary Diallo alias Samba, Alassane Diarra, Cheikhouna Koné et Davy Hubert Thiour, comptable matière du Plan Jaxaay. Pour étayer ses arguments, elle a également produit 450 bons de sortie pour justifier l’enlèvement des motopompes. C’est pareil pour le marché de 1.350.000.000 francs qui a été attribué à sa société WALO SERVICES et qui est relatif à la fourniture de bacs à ordures et celui relatif à la fourniture de tentes en coton, payé par chèque de 5,9 milliards de francs à l’entreprise EGTFGM. Tous ces marchés ont été avalisés par la direction centrale des marchés publics (Dcmp).
Outre les contestations sérieuses, l’ancienne sénatrice libérale s’appuie sur le cautionnement judiciaire.
Selon Aïda Ndiongue, c’est le Parquet Spécial et le Procureur de la République qui ont évalué sa richesse à plus de 40 milliards de nos francs. Comme elle est poursuivie pour 20.688.638.967 francs, le juge d’instruction du deuxième cabinet a rendu une ordonnance de mesures conservatoires sur tous ses biens. Du coup, la partie civile, en l’occurrence l’agent judicaire de l’Etat, voit ses intérêts garantis. Autant de motifs qui ont poussé Aïda Ndiongue à demander la liberté provisoire.