Abdourahmane Moussa Ndoye, un self-made-man au service de la santé
Dakar, 30 juin (APS) – Abdourahmane Moussa Ndoye, ingénieur biomédical, Président-directeur général du Consortium d’études et de réalisations techniques (CERTEC) est un self-made-man, qui a su saisir les changements pour en faire des opportunités.
De retour de l’Europe après sa formation en 1986, M. Ndoye rejoint le ministère de la Santé où il est employé en qualité de responsable des infrastructures. Il quitte l’administration pour créer le CERTEC, en 1990.
"Ne disposant pas de beaucoup de moyens, je me suis installé dans une bourgade de la capitale, à Fass-Paillote, dans un local qui était tout petit, que j’avais loué moyennant 50.000 francs CFA par mois", se rappelle cet ingénieur qui s’est imposé à l’époque ''une vie modeste''.
Modestes ont été également ses débuts, car tout son cursus durant, il a dû batailler ferme en compagnie de ses deux employés jusqu’en 1992, année pendant laquelle il s’installe en plein centre-ville de Dakar, sur la rue Kléber. "Et là, j’ai commencé à recruter du personnel, parce que je commençais à gagner certains marchés", se souvient-il.
Il intervient sur la maintenance préventive et curative, parce qu’il a des capacités biomédicales. Aidé de sa valise électronique et d’un technicien qu’il a recruté, il commence à gagner quelques marchés d’équipement, en 1993.
"Une année faste où j’ai gagné un marché important portant sur l’installation d’équipements de la Banque mondiale", rappelle M. Ndoye, précisant que ce marché lui a rapporté quelque 150 millions de francs CFA. A la faveur de la faveur de la dévaluation du franc CFA, il se retrouve avec une enveloppe nette de 300 millions. Soit une marge de plus de 170 millions de francs CFA.
"Cela m’a permis de m’équiper et de transférer le CERTEC vers l’avenue Victor Hugo. C’est là que j’ai commencé à gagner des marchés importants, recruter du personnel technique surtout, mais aussi du fait de mon expérience et de mes connaissances, j’ai commencé à faire des études", dit-il.
Ces études portaient sur un certain nombre de secteurs, notamment les infrastructures, l’équipement et l’installation de la maintenance du ministère de la Santé. Mais aussi des études sur la modernisation. Il est sollicité aussi pour l’informatisation de la mairie de Dakar et d’autres sociétés.
Qu’à cela ne tienne, il trouve tout de même que la partie "études" était complexe et lui prenait beaucoup de temps. En 1996, M. Ndoye laisse tomber les études pour se concentrer à nouveau sur le matériel médical.
"J’ai eu beaucoup de marchés entre 1998 et 2000. J’ai commencé à vendre des équipements, surtout dans l’imagerie, avant d’équiper le Laboratoire national de médicaments, les laboratoires de la Faculté des sciences et technique (Université Cheikh Diop), de l’UIT, de l’ex-Ecole normale supérieure (actuelle FASTEF), de l’ISRA, etc."
Donc, a-t-il dit, la partie laboratoire s’est développée, notamment avec l’imagerie où il a eu à gagner pratiquement les marchés d'équipement de tous les centres de santé et des hôpitaux. Un domaine d'activité qu'il maîtrisait seul, à l'époque. Parce que le seul concurrent qu’il y avait, un Français, avait fini de mettre "la clé sous le paillasson pour rentrer en France''.
Aujourd’hui, la société CERTEC s’est développée et a même mis sur pied un service après-vente, recruté des ingénieurs formés chez Siemens, ABX et dans d’autres firmes. Ils sont souvent recyclés pour faire partie des meilleurs de la sous-région.
"Ce sont des ingénieurs sur lesquels s’appuient maintenant tous les grands fabricants pour installer les scanners. Nos techniciens installent des scanners dans toute la partie Afrique noire francophone et même anglophone, et actuellement toutes les installations faites en Afrique noire par Siemens le sont par les ingénieurs de CERTEC", se réjouit son Président-directeur général.
Il en veut pour preuve la deuxième imagerie à résonance magnétique (IRM), qui fonctionne au Sénégal depuis 2007, celle de l’hôpital Principal. Elle a été installée par le CERTEC, qui en assure la maintenance.
"Cet équipement, malgré le fait qu’il est très sophistiqué, continue à fonctionner. Ce qui n’est pas le cas de l’IRM installée au Centre national hospitalier universitaire (CNHU) de Fann, qui s’arrête parfois tous les six mois ou plus", explique Ndoye, président de l’Association des professionnels de l’équipement médical (APEM).
"Nous avons mis l’accent sur la formation et cela a permis au CERTEC, qui a démarré avec un chiffre d’affaires de 50 millions de francs CFA, d’atteindre aujourd’hui un chiffre d’affaires de quatre milliards de francs CFA'', ajoute-t-il.
Pour l’exercice 2013-2014, explique Abdourahmane Ndoye, également vice-président de la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (CNES), avec l’aboutissement de projets entamés ou en perspective de l'être, le CERTEC et son partenaire sont en passe de faire un chiffre d'affaires de neuf milliards ou plus.