ABUS ?
26 décrets d’avances d’un montant global de 100 milliards en 2013
26 décrets d’avances d’un montant global de 100 milliards ont été signés par le président de la République en 2013.
L’exception est érigée en règle. Après l’installation du nouveau régime en avril 2012, la loi de finance rectificative de la session budgétaire en cours (2013) aura été noire de zones d’ombres au point d’indisposer les députés de la majorité. Des pratiques jadis déplorées sous le magistère de Wade ont refait surface. Aujourd’hui, ils s’élèvent à 26 au total sur lesquels les députés n’ont jusqu’ici aucune information sur leur destination.
Estimés à 100 milliards de francs de Cfa, ils couvriraient, selon le ministre des Finances, des annulations d’emprunt d’égal montant. Ce qui a soulevé l’ire du président du groupe parlementaire de la majorité (Bby), Moustapha Diakhaté qui promet l’ouverture d’une commission d’enquête si aucune justification n’est donnée. Il a demandé une enquête parlementaire sur les décrets d’avance de Wade estimés à 8 milliards.
«On ne peut pas combattre une pratique sous Wade et l’accepter maintenant. Les décrets d’avances sont légaux, mais ils devraient être une exception. Lister des décrets d’avances sans justifier leurs motifs ni leurs destinations, ce n’est pas normal. On va passer au peigne fin ces décrets d’avances et au besoin ouvrir une commission d’enquête parlementaire à la moindre zone d’ombre», s’est offusqué (en Wolof) M. Diakhaté qui rejoint son compère de l’opposition Mamadou Diagne Fada.
Pas très convainquant dans ses explications, le ministre des Finances Amadou Kane justifie : «La loi dit que c’est en cas d’urgence que des crédits supplémentaires sont ouverts par décret d’avance. Chaque décret d’avance est gagé sur des annulations d’égal montant». À l’en croire, les décrets d’avances ont couvert l’annulation de crédits dépensés pour la subvention allouée aux universités qui n’était pas prise en charge par le budget de 2012 d’un montant de 9 milliards, de même que l’organisation de l’Africité ; le paiement des bourses des étudiants ; la gratuité de l’hémodialyse pour les insuffisants rénaux (1milliard) ; l’octroi de vivres de soudures pour le monde rural (9 milliards)…
Loi de finances rectificative : La Présidence connaît une hausse de 32 milliards
La loi de finances rectificative a relevé une nouveauté. Le budget de la Présidence et de la Primature a connu une hausse. Si on justifie le relèvement du budget de la Primature par l’organisation de Conseils des ministres décentralisés, l’augmentation des ressources de la présidence de la République de 32 milliards serait sous-tendu par le renforcement de la sécurité nationale ainsi que la construction de la salle de conférence devant abriter le sommet de la francophonie en 2014 (14 milliards). Par ailleurs, 5 milliards sont alloués au paiement de la bourse familiale, l’entretien et la réhabilitation des aéronefs (l’avion de commandement et la pointe de Sangomar).
Au moment où les paysans serrent la ceinture pour se procurer des semences pas accessibles à toutes les bourses, voilà qu’une ponction de 8 milliards est prélevée sur le crédit budgétaire du ministère de l’Agriculture. En revanche, les crédits alloués au secteur de l’Energie ont connu une hausse considérable. En plus des 80 milliards alloués au fonds de soutien à l’Energie, une subvention de 4 milliards a été enregistrée pour baisser le prix du gaz butane et 12 milliards ont été affectés à la Sar.