ADJURATION DE NDËPP
Ce sont les Sénégalais qui feront bloc autour de Macky Sall pour conjurer les démons de sociétés primitives qui ont eu à perpétrer des génocides
Je suis triste pour mon peuple. Mon indignation est indescriptible devant la manifestation à la face du monde, de l'ignominie extravagante provenant de notre ex-Président. Abdoulaye Wade accuse une famille d'être esclave et adepte d'anthropophagie. Alors là ! Il faut le dire clairement- si devant un tel affront de notre société, nos hommes et femmes de valeurs ne peuvent se dresser comme un seul homme, et dire qu’une ligne rouge a été franchie, c'est que nos remparts normatifs contre les dynamiques de la barbarie ont disparu.
Aucune excuse n'est valable pour ce que Wade a dit. Il faut arrêter de nous rabâcher qu'il y a un lien direct entre défendre son fils et, au prétexte d'une légitime colère, accuser d'anthropophagie une famille modeste, mais respectable.
User de lobbying politique ou religieux, ou tenter de discréditer une juridiction pour arriver à faire acquitter son client, comme s'y prennent les avocats de Wade fils, cela fait partie du jeu. L'on peut être contre le procédé, mais jamais détester quelqu'un pour autant. Par contre "telle personne est un esclave", cela est grave venant de la bouche d'un ancien élu de la nation. "Telle personne est un mangeur de bébé", le dire est tellement monstrueux que personne dans notre société ne doit pouvoir s'en tirer s'il lui arrivait de le faire.
On ne met pas un pays à feu et à sang, juste pour sortir son fils de prison, surtout quand on doit tout à ce pays. Quand on a eu le privilège de signer des années durant des décrets pour gracier des prisonniers, on ne peut ignorer tous ces fils d'autres citoyens en détention et exiger une exception juridique à son fils, dans les liens de la prévention.
Après coup, une fois le choc de la déclaration passée, j'ai eu une pensée navrante pour ceux qui suivent Wade loyalement dans tout ce qu'il leur demande de faire. J'espère pour eux que la raison personnelle leur a fixé une limite comme gage de leur morale et que celle-ci est atteinte, avec cette vacherie. Sinon, vont-ils se contenter de réactualiser, par un déni des évidences et le ressassement d'expériences politiques passées, un modèle incarné par un être vivant qui passe son temps à démontrer qu'il est un imposteur né ? Ce serait dommage pour la Nation.
Savoir raison garder
En nous dotant d'une raison qui nous donne une orientation fondamentale de l'éthique et une capacité illimitée d'analyse de l'action morale, Dieu nous a affranchi, à l'effet de le servir en toute sincérité. Notre prophète (Psl), interrogé par Ali sur son comportement général a dit : "La raison est la base de ma religion, le souvenir de Dieu est mon camarade, la science est mon arme, la patience est mon manteau, l'humilité est ma fierté, la certitude est ma nourriture et la véracité est mon intercesseur."
Dieu merci la majeure partie des hommes et femmes de notre société, arrivée au troisième âge, reflète cette sagesse dans ses actes. Par contre, Wade du haut de ses 90 ans, oublie ce que le peuple sénégalais a fait pour lui, pour ne voir que ce que lui a fait et, de nous reprocher de manquer, tous, de discernement et d'ambition morale pour accepter d'être diriger par Macky. Ce que son fils et lui seraient incapables de faire, du fait de leur noblesse.
Cette notoriété qui fait qu'il soit encore là à nous parler et jouir d'une bonne audience, c'est nous qui le lui avons donné en le portant à la tête du pays, alors que de désespoir il s'était retiré en France. Le nom de ses enfants ne sont connus de la majorité des Sénégalais qu'après son accession à ce poste, suivie, des années plus tard, de l'information sur leur enrichissement intrigant.
Eh bien, c'est de la même façon que nous avons conféré ce statut à son successeur. Si lui et son fils respectent le peuple, ils doivent autant aux institutions de sa République. À l'endroit de Sénégalais qui le soutiennent, je dis que Wade ne pouvait être plus clair quant à ses motivations paternelles, l'orientation de son combat à contre-sens de la morale et de l'intérêt général, de ses méthodes scatologiques. Il n'y a rien de bon à attendre de cela.
Dieu préserve notre Sénégal
Ce pays n'est pas le sien, ni celui de son fils comme il se plait à le croire, c'est le nôtre. Il n'y a que leurre pour notre jeunesse, dans cet avenir présidentiel illusoire, prêté à Karim Wade. Avec la fortune qui l'attend à sa sortie de prison, il ira rejoindre sa sœur en Europe et nous oublier, comme cela en a toujours été avant la parenthèse avantageuse du magistère de son père. Se laisser entrainer par Wade dans son escalade vers l'anéantissement des fondements de notre République, c'est œuvrer à la ruine de l'héritage de nos enfants.
Pour lui le Sénégal n'a que faire de juridiction, de juges et d'avocats compétents. Il a exercé le pouvoir et en a ainsi abusé, sans coup férir. Alors la rupture n'a point de sens pour lui, même si en fin de compte il avait perdu le pouvoir à cause de ses turpitudes. Pour lui, l'actuel Président n'a qu'à user des mêmes méthodes pour tirer son fils d'affaire et lui laisser ses biens, sinon il pourrait actionner ses lobbys politico-religieux d'hier, encore à sa solde aujourd'hui, pour le contraindre. Telle est sa conviction.
Puisque personne n'est arrivé à contraindre le Président, alors ne pouvant se résoudre au fait que Macky ait choisi la vertu, il se dit avoir affaire à un diable. Macky ne répondra pas à cela, pourvu qu'il n'en soit que plus motivé à travailler à être le leader que l'on attend. Ce sont les Sénégalais qui feront bloc autour de lui pour conjurer de notre terroir, ces démons de sociétés primitives qui ont eu à perpétrer des génocides, au nom de pareilles inepties.
Dans nos sociétés africaines, quand un vieux en arrive à ce niveau d'insanité, il appartient à ses parents ou ses amis et alliés, de s'occuper de lui et non de le suivre dans ses dérives séniles. Pour le PDS, ce grand parti d'hier, aujourd'hui traversé par tellement de courants maléfiques et se trouvant dans des eaux si troubles que l'on ne sait plus qui est qui, avec toutes ses faces qui se signalent autour du vieux totem, il est temps que quelqu'un se décide à jeter les prémices d'un catharsis, d'une introspection et d'un recentrage politique et morale. Les mots choisis par leur leader ne sont pas fortuits. Ndëpp jotna na nak.