"AJ, UN GRAND GÂCHIS"
BASSIROU SARR, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE "AND JERIN SENEGAAL"
Bassirou Sarr n’est plus avec Landing Savané. Il conserve son «And», pas jëf. Il est leader de And Jerin senegaal qui a son récépissé depuis avril 2013. Mais peut-on dire que c’est aussi And Jerin Macky Sall ? «Non», répond-il, précisant, que «Servir le peuple», la devise de son parti, peut aussi être aux côtés du Président. L’homme qui, pendant, «38 ans», s’est battu dans la clandestinité puis dans la légalité pour les idéaux de Gauche, dit avoir été ignoré par la Confédération des forces de gauche de Momar Samb et autres.
Que vous inspirent les propos de Me Abdoulaye Wade contre le Président Macky Sall ?
Les propos du Président Wade sont regrettables et inacceptables. Nous ne pouvons donc que les rejeter. Nous sommes pour une politique faite de paix et de respect mutuel entre les différents acteurs, qu’ils soient du pouvoir ou de l’opposition.
Et c’est cette ligne qui place le parti And Jerin senegaal comme nous l’avons décidé au centre gauche. Les invectives, les injures, les menaces ne doivent pas être le lot des politiques. Les relations doivent tendre à un climat apaisé et serein pour un débat politique fécond.
Malheureusement les propos de Wade ne vont pas dans cette direction. Au contraire, ils visent à abattre un individu moralement et pour nous ce n’est pas éthique. Cela n’est d’ailleurs pas en faveur de Me Wade qui les a prononcés.
Faites-vous partie de ceux qui pensent qu’il faut comprendre le Président Wade parce que son fils est en prison ?
Même si on comprend qu’il est acculé, ses propos sont déraisonnables. Ils n’ont pas la place dans ce type de relations que nous voulons et souhaitons entre les acteurs politiques. D’ailleurs, notre peuple, qui prône le Yar (respect) et le Tegguine (décence), n’accepte pas ce genre de propos. Nous ne pouvons le comprendre, ni le cautionner.
Vous qui avez travaillé avec Wade à un moment donné, êtesvous surpris d’entendre de tels propos de lui ?
J’aurais compris Me Wade opposant jusqu’en 2000, tenir de tels propos. Mais aujourd’hui avec son âge, il est l’un des doyens de la politique au Sénégal. Il fut président de la République de ce pays ; une posture que peu de gens ont eu l’honneur au Sénégal.
Quelle devrait être l’attitude du pouvoir en place et Macky Sall en particulier ?
Nous avons invité le Président (Macky Sall) à ne pas répondre, à faire preuve de retenue et de pondération. Et je crois qu’il est allé dans cette direction.
Nous saluons cette posture qui est celle de dire : «Je ne réponds pas à Me Wade. Je le considère comme un père. Ensuite, je demande à mes collaborateurs aussi de ne pas s’immiscer dans ce débat et de voler aussi bas.»
Je crois que c’est de la sagesse de la part du Président Macky Sall. Cette posture, on l’attendait de Me Wade. Mais aujourd’hui, c’est le plus jeune, le «fils» même, qui a fait preuve de sagesse.
Est-ce qu’aujourd’hui, après ces propos, il y a possibilité de dialoguer comme Wade l’a prôné il y a quelques semaines ?
Nous sommes les hérauts du dialogue politique. Dans notre dernière déclaration, nous appelions à un dialogue politique national pour une démocratie apaisée. Et nous disions que c’est au Président Macky Sall luimême, le dépositaire de la volonté populaire, d’initier ce dialogue. Le dialogue politique dépasse la sortie de Me Wade et s’impose à tous.
Les gens vont se retrouver pour parler de quoi ?
De tout ! On peut parler par exemple du Code de la presse, de l’Acte 3 de la décentralisation, de la réforme des institutions, du Pse, de la crise scolaire et universitaire, de l’agriculture... Pour moi, c’est ce consensus fort autour de grandes questions qui serait la garantie du Plan Sénégal émergent.
Nous invitons le Président à l’initier. Quelles en seraient les formes et les modalités ? C’est à discuter dans un débat libre. Pour nous, il n’y a pas de préalables, ni de conditions ; c’est un dialogue inclusif.
Pas question de discuter d’une éventuelle libération de Karim Wade par exemple?
J’ai dit que le dialogue implique tout. C’est comme si on se disait qu’on se retrouve autour d’une table pour manger ensemble et chacun doit apporter quelque chose. On verra ce que les uns et les autres apporteront...
Y compris la libération de Karim Wade ?
Certains peuvent venir avec une telle idée. Mais ceux qui dialoguent peuvent dire que cette question relève de la justice. Mais on ne doit interdire à personne de venir avec quoi que ce soit.
Maintenant, ce sont les acteurs du dialogue qui diront : «On peut discuter de ceci ou de cela.»
Que pensez-vous de la gestion de Macky Sall ?
Comme tous les Sénégalais, nous observons. Il a fait de grands pas, de grandes réalisations que nous saluons au passage. Il y a la Couverture maladie universelle qui touche, pour le moment, les enfants de 0 à 5 ans, alors qu’avec le Président Wade, le Plan Sésame ne concernait que le 3ème âge.
Il y a aussi les bourses familiales, de nouveaux projets avec le Centre de conférence de Diamniadio qui permet au Sénégal de devenir un hub d’affaires. Bref, il a fait des choses que nous saluons. Et nous n’avons rien à dire sous ce rapport.
Et qu’est-ce que vous ne saluez pas ?
Nous ne disons pas que tout est parfait. Le parfait n’est pas de ce monde. Nous disons simplement qu’il reste beaucoup à faire. Ce qui intéresse le Sénégalais en premier, c’est le panier de la ménagère, qui n’est pas encore très bien fourni.
Nous savons aussi qu’il y a de gros efforts à faire dans le domaine de l’emploi des jeunes parce que ce pays ne décollera que lorsqu’il arrivera à gérer de manière raisonnable et acceptable les problèmes liées à cette question.
Nous avons une population de jeunes qui est de 60% de moins de 18 ans, moins de 25 ans ; c’est extraordinaire ! Certains pensent que c’est un handicap mais, mais nous disons que c’est un atout. Il faut simplement le transformer en force économique. C’est là que nous attendons le Président et nous sommes prêts à l’accompagner dans ce sens.
And Jerin senegaal, c’est aussi And Jerin Macky, non ?
Ah non ! Le Sénégal dépasse de loin le Président Macky Sall. C’est une temporalité. Il ne sera là que pour un ou deux mandats et le Sénégal sera toujours là. Je rappelle que la devise de And Jerin Senegaal, c’est d’ailleurs «Servir le peuple».
Et pour quelqu’un qui connaît notre trajectoire d’organisation, inspirée par la révolution chinoise et Mao, «Servir le peuple» est une question plus profonde et fondamentale. Maintenant, «Servir le peuple» peut se faire aux cotés du Président Macky Sall comme cela peut se faire...
Est-ce le cas ?
Nous disons très clairement que notre parti a fait campagne pour le Président Macky Sall, particulièrement au 2ème tour de la Présidentielle de 2012. Nous avons mobilisé toutes nos forces et appelé à un vote massif pour lui. Nous avons même dit qu’il était le candidat de l’unité nationale.
C’est autour de ces thèmes là que nous avons fait campagne pour lui, quand bien même nous étions dans un cadre citoyen, le M23, qui a permis de mettre en place Benno bokk yaakaar.
Il s’est avéré qu’aussitôt la victoire obtenue, cette coalition n’a roulé que pour les grands partis qui l’ont constituée, excluant, écartant ou ignorant beaucoup d’autres partis comme le nôtre. Nous faisons notre bonhomme de chemin sans Benno bokk yaakaar.
Mais vous accompagnez Macky Sall ?
Nous l’accompagnons, le soutenons et voulons qu’il réussisse son mandat et qu’il arrive même à réaliser un 2ème mandat. Mais, nous ne sommes dans aucun cadre proche du Président, ni dans Macky2012 ni dans Bby. Nous restons un parti indépendant. Nous avons participé aux dernières élections locales sous notre propre bannière, sans moyens du tout.
Et nous avons couvert 8 régions sur les 14 que compte le pays. Résultat : nous avons eu une centaine de conseillers et notre liste a remporté une mairie sous sa bannière. Il s’agit de la ville de Tassette, dans la région de Thiès.
Ailleurs, dans le Sud du pays, c’est un de nos camarades, dans le cadre de Benno bokk yaakaar, qui a été porté maire.
Vous êtes au M23 au titre de dirigeant de parti ou acteur individuel ?
J’y suis en temps que membre fondateur du M23. Il faut dire que lorsque le M23 naissait, nous étions à And jëf (Ndlr : le camp de Landing Savané) que nous représentions. Chemin faisant, les élections sont arrivées et nous avons eu une divergence politique (Ndlr : entre lui et Landing) relativement à la stratégie électorale.
Nous nous sommes démarqués et nous avons créé le mouvement And Jerin Senegaal. En janvier 2012, nous avons enclenché une démarche pour la reconnaissance politique de notre parti et depuis 2013, notre And Jerin Senegaal est un parti légal, reconnu.
Nous sommes toujours restés au M23 qui a renouvelé ses instances. J’y occupe le poste de président de la Commission orientation et stratégie.
Est ce qu’il n’y a pas de confusion à ce niveau en tant que président de parti ?
Non, il n’y a pas de confusion. C’est parce que nous sommes des politiques et nous pensons que l’action citoyenne fait partie de notre spectre d’action. Il y a d’autres partis politiques au M23, y compris celui du président de la République, de Moustapha Niasse, etc. La preuve, l’Apr était fortement représentée à la dernière activité de commémoration de la mort de Mamadou Diop et à l’inauguration de notre siège qui porte son nom.
Comment expliquez-vous qu’à chaque fois que le M23 critique le pouvoir, que des responsables de l’Apr l’attaquent ?
Cela se comprend. Ils jouent leur rôle. La démarche du M23 reste autonome et indépendante et nous l’avons signifié au Président.
A l’occasion des deux audiences qu’il nous a accordées en 2012 et 2013, nous lui avons dit clairement que notre ligne est une ligne de veille, de sentinelle par rapport à l’orientation fondamentale du M23, par rapport aux engagements du Président et aux intérêts du peuple.
Sous ce rapport, quand ça marche, nous le disons et nous applaudissons ; nous appuyons et nous relayons. Mais, quand ça ne marche pas, nous le disons aussi. Et le Président comprend parfaitement cette position-là. A notre dernière rencontre, il nous a dit clairement : «Vous êtes mes meilleurs alliés».
Certains disent que le M23 n’a pas été senti dans la manière dont le dossier les jeunes de Colobane, condamnés, a été géré...
Un dossier en justice n’est pas une question simple. C’est un agent de la police qui a été tué froidement. Donc, ce n’est pas une mince affaire. Pour les jeunes de Colobane, nous n’en savons absolument rien. Par contre, c’est en marge de cette manifestation que l’agent a été tué. La justice a fait son travail. Et nous avons soutenu les jeunes.
En quoi faisant ?
Nous leur rendons visite en prison. Nous avons été à leur procès. A chaque occasion, nous avons dépêché des personnes pour rencontrer leurs parents. Nous avons pris un avocat pour les soutenir. Nous avons fait ce que nous avons pu et nous déplorons le verdict qui a été rendu parce que 20 ans de prison pour des jeunes, c’est trop fort. Mais, nous avons fait appel et espérons qu’il y aura, peut-être, une réduction de la peine.
Le reproche que les gens font au M23, c’est qu’il y a une condamnation dans l’affaire du meurtre du policier alors que dans le dossier de Mamadou Diop, c’est une impunité.
Le dossier Mamadou Diop est aussi difficile parce qu’il n’est pas individuel. Il y a eu beaucoup d’autres morts que nous gérons aussi. Nous avons obtenu des avancées avec l’ancienne ministre de la Justice, Aminata Touré et avec le Président dans le cadre de la compensation et de la réparation. Malheureusement, le comportement des uns et des autres n’aident pas à la solution du problème.
Qu’est-ce que vous voulez dire parlà?
Non, c’est par rapport aux réparations. Il y a certains qui ont accepté et d’autres qui ont refusé. Donc, c’est difficile.
Des compensations ont été payées ?
Je ne peux aller plus loin dans le dossier pour ne pas blesser certaines personnes. Mais, nous avons été très loin avec le Président pour qu’il trouve une solution à cette situation. Evidemment, nous disons que la famille de Mamadou Diop attend toujours que ses enfants soient déclarés pupilles de la Nation.
Vous avez parlé de «divergence profonde» avec Landing Savané. Pourquoi vous n’étiez pas d’accord avec son soutien à Tanor en 2012 ?
Je me permettrais tout simplement de dire que ceci relève maintenant du passé. Nous nous tournons vers l’avenir. A l’époque, nous avions sanctionné cela et nous avions pris nos responsabilités. Maintenant, on est dans une nouvelle situation. And Jëf de Landing Savané est devenu, entre temps, And Jëf/Pads Authentique. Nous sommes devenus And Jerin Senegaal.
Voudriez-vous soutenir Macky Sall plutôt que Tanor.
Peut-être dans le cadre d’un mémoire nous pourrions revenir sur cette question.
Mais la «divergence profonde», elle est intéressante.
Très franchement, je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie. Pour nous, cela relève de l’histoire.
And Jëf, maintenant, c’est quatre entités. Qu’est ce que cela vous fait aujourd’hui ?
Ce qui s’est passé (Ndlr : la crise à And jëf), je dis que c’est un grand gâchis. J’étais, peut-être, parmi les plus jeunes membres fondateurs de And jëf. Pourtant, j’ai fait 38 ans dans ce parti. Et je ne le ferai plus dans un autre parti. Nous avons donné notre jeunesse à ce parti-là avec tous les sacrifices que cela implique, par rapport à nos études, nos carrières.
Certains d’entre nous auraient pu devenir des professeurs agrégés, aller en France avec une bourse mais ils ont refusé. Maintenant quand l’affaire se casse pour des raisons politiques, stratégiques, de positionnement politique, nous disons que c’est malheureux.
On aurait pu ne pas en arriver là. Ou ceux qui prennent la responsabilité du départ sont excessifs dans leur position ou la mesure prise par le parti de les exclure l’est aussi. Il y a aussi qu’un pouvoir politique ne laisse jamais ce genre de parti libre ou indépendant. Il a toujours envie de les contrôler.
Vous avez prêté le flanc ?
Nous avons résisté pour sauvegarder notre parti au moment où d’autres sont allés se livrer au parti au pouvoir.
Il faut citer les gens à qui vous faites allusion. Vous étiez avec Landing quand il y a eu fissure ?
Comme je vous l’ai dit, je ne veux pas remuer le couteau dans la plaie. Peut-être qu’on l’écrira mieux un jour.
And Jëf était sorti de sa ligne politique, c’est ça ?
Oui, quelque part.
De la ligne de gauche aussi ?
Pourquoi on parle de la Gauche aujourd’hui. Et And Jëf n’y est pas. C’est ça qui est extraordinaire.
Ni And Jerin Senegaal. Et pourquoi vous n’avez pas été làbas ?
Parce qu’on n’a pas été associés.
Vous en avez été exclus ?
Non, nous avons été ignorés.
Momar Samb l’explique par le fait que tous ces partis de la Confédération pour le socialisme et la démocratie étaient membres des Assises nationales...
Mais And jëf a rattrapé les Assises nationales en 2009 et c’est à partir de là qu’il a fréquenté aussi Benno siggil Senegaal et a signé la Charte de gouvernance démocratique. Donc, il est aussi légitime que n’importe quel membre fondateur des Assises.
Que vous inspire cette Confédération des forces de gauche ?
Rien du tout ! Tout ce que je peux dire, c’est que la démarche est biaisée dès le départ parce que je puis vous dire que certains, sans les nommer, ne sont pas plus à gauche que d’autres. Alors, on ne peut pas aller jusqu’au milieu du gué et dire aux gens «venez !».
J’ai été invité à la rencontre de l’Endss le 21 février et il était même dit qu’on devait donner la parole à tous les invités présents. Finalement, ils ont décidé de ne donner la parole qu’à ceux qui ont participé jusqu’à la dernière réunion. Nous avons dit que nous n’avons plus notre place là-bas et nous sommes partis.
Est-ce que vous diriez que c’est voué à l’échec comme avec le Mouvement des assises de la gauche ?
Je ne prédis rien. Je leur souhaite même de réussir. Mais certainement, ils auront aussi d’autres gens qui se retrouveront pour un rassemblement de gauche. D’ailleurs, j’ai entendu dans la presse un certain Camara de Thiès dire qu’il est en train d’initier avec d’autres le regroupement des partis de la gauche africaine et ce qu’ils font n’a rien à voir avec ce qui se fait avec cette Confédération des forces de gauche.
Il y a un troisième groupe avec l’Initiative pour la refondation de la gauche. Avec eux, nous avons créé And jëf à l’époque. Ces gens-là n’ont pas été associés à cette confédération de gauche.
Est-ce que, à votre avis, c’est la gauche qui est au pouvoir qui organise cette confédération ?
Je n’ai pas encore ce sentiment-là.
Qu’est-ce qui explique que vous glissiez un peu vers le centre puisque vous dites que vous n’êtes ni de gauche ni de droite ?
Vous savez, tôt au tard, les gens se retrouveront vers le centre. Mao TséTung lui-même, président du Parti communiste chinois, dans un célèbre livre intitulé La Construction du socialisme en Chine, dit : «On gouverne au centre.»
Nous partons de là et nous rajoutons : «On rassemble au centre.» Lorsque vous voulez rassembler des gens, il faut être sur une position du centre pour y arriver parce que chacun va devoir laisser quelque chose pour accepter l’autre.
Ça n’a rien à voir avec le Centrisme de Abdoulaye Baldé ou du Bcg de Jean Paul Dias.
Non. Evidemment notre centrisme sera un centrisme de gauche. Notre histoire, notre culture et notre trajectoire nous placeront toujours à gauche.
Alors peut-on s’attendre à des retrouvailles And jëf avec vous qui êtes au centre ?
Pour moi, c’est un vœu que And jëf puisse se retrouver un jour, qu’il y ait un grand parti de la gauche...
C’est un idéal ?
C’est un vœu.
Est-ce possible ?
Je ne dis pas que c’est impossible.
On constate que les jeunes ne sont pas attirés par les partis de gauche et, par conséquent, il y aura un problème de relève. Comment l’expliquez-vous ?
Je vous assure que lorsque j’ai été à la rencontre du 21 février à l’Endss, j’ai dit que la moyenne d’âge tournait autour de 45 à 50 ans. Quelqu’un m’a dit : «Tu es généreux ; la moyenne d’âge ici c’est entre 50 et 55 ans.» Cela veut dire que nous avons raté quelque chose qui était pourtant la marque distinctive de nos différents partis : la formation de la jeunesse. Ces jeunes que nous formions sont devenus aujourd’hui des quadragénaires.
Après un tel constat, peut-on dire que la Gauche n’a pas d’avenir ?
Elle peut se rattraper si elle en prend conscience. Nous avions des cadres politiques hommes et femmes ...
Qui ont été récupérés par les différents pouvoirs qui se sont succédé. Est-ce que vous n’avez pas finalement formé pour les autres.
Mais bien sûr !
Il y a l’exemple de Macky Sall...
Oui, mais pour revenir à 2000, il y avait les ministres des Finances, des Affaires étrangères, de la Santé, de l’Industrie, de la Communication, du Budget, qui ont été tous de And jëf. Et aujourd’hui, il y a le président de la République (Macky Sall), son frère (Aliou Sall), son ex-Premier ministre (Mimi Touré), certains de ses conseillers et ministres-conseillers qui ont été également de And jëf. C’était le cas aussi avec le régime socialiste. Donc, quelque part, nous savons former, organiser, éduquer, mais nous ne savons pas retenir.