ALERTE !
CONCESSIONS PORTUAIRES : MENACE SUR 3000 EMPLOIS
Le collectif des 33 députés contre la concession du terminal vraquier du Port autonome de Dakar (Pad) à Necotrans et les travailleurs des sociétés de manutention se sont donnés la main pour faire face à la procédure enclenchée par le Port de Dakar. Les patrons des sociétés de manutention qui ont reçu des sommations leur demandant de quitter le Pad avant le 31 mai craignent pour leurs investissements, mais aussi pour les 3000 employés poussés vers le chômage.
L’affaire de la concession du terminal vraquier du Port à la société Necotrans continue de faire des vagues. Les patrons des sociétés de manutention lésées par cette concession, les travailleurs ainsi que les sociétés minières comme la Société sénégalaise de phosphate de Thiès (Sspt) qui craignent la fin de leurs activités ont rencontré le Collectif des 33 députés dirigé par Mamadou Lamine Diallo. La Sspt s’inquiète des retombées négatives sur son activité logistique d’exportation, du fait de la concession par le Port à Necotrans d’un périmètre de son domaine au môle 8. D’ailleurs, la direction du Port leur demande tous de céder la place avant le 31 mai.
Selon les acteurs, l’application de cette concession et leur sortie du Pad entraineront la fermeture de plusieurs sociétés sénégalaises et la perte de 3000 emplois. Ndiankou Mbengue, représentant des patrons des sociétés de manutention, n’arrive pas à comprendre ce qui motive la décision du Directeur du Port. «Comment on peut imaginer sans aucune forme de procès que le Port de Dakar dise que nous allons donner à Necotrans toute l’activité de manutention, de déchargement des navires de pondéreux, déjà effectués au Port par une dizaine de sociétés ?», se demande Ndiankou Mbengue de Mlt.
Pour lui, la contrepartie financière que Necotrans va verser ne représente rien rapport à ce qu’il va gagner. «On nous dit que Necotrans va investir 48 milliards, verser un ticket de 2 milliards de francs Cfa pour 91 000m2 pendant 25 ans, pour facturer 22 milliards par an. Cette société a le jackpot !», s’exclame M. Mbengue.
HELENE TINE : «POUR QUI TRAVAILLE-T-ON?»
Pour sa part, Hélène Tine considère qu’un pan de l’économie nationale est en train d’être phagocyté car Necotrans va payer à l’Etat du Sénégal 45 milliards de francs Cfa pour une concession de 25 ans et gagner sur cette période 550 milliards de francs Cfa, soit 22 milliards par année. «Pour qui travaille- t-on ? Pour le Sénégal ou pour des intérêts étrangers ? Cela va entraîner la perte de 3000 emplois, pour seulement 56 emplois créés. On va se battre pour que cela ne prospère pas», martèle Hélène Tine.
Dans cette logique, Pape Abdou Khadre Mbodji de l’Apr, membre du collectif, pense que le Sénégal ne doit pas liquider ses investisseurs locaux. Il considère que si on ferme les activités portuaires du secteur minier, c’est la mort programmée de l’activité minière de Thiès.
Très en colère contre la gestion du Directeur Cheikh Kanté, Pape Mbodji révèle que les manutentionnaires locaux paient 3 milliards par an à l’Etat, alors que la concession de Necotrans ne va pas rapporter plus de 800 millions par an. «Le Directeur du Port veut faire baisser les ressources alors qu’il a fait des recrutements politiques de prés de 400 jeunes ; ce qui entraîne même des problèmes de salaire», fulmine le député de l’Apr.
BLOCAGE DE LA QUESTION D’ACTUALITE PAR MOUSTAPHA NIASSE
Prenant la balle au rebond, Mamadou Diop Decroix invite à intensifier le combat car, dit-il, «ce qui se passe au Port de Dakar est une sorte de recolonisation qu’il ne faut pas laisser passer». Même son de cloche chez Aida Mbodj, Oumar Sarr et Thierno Bocoum de Rewmi qui jugent cela «inadmissible ». Mamadou Lamine Diallo, président de ce collectif, a regretté le blocage par le président de l’Assemblée nationale de la question d’actualité servie au Directeur du Port de Dakar. A son avis, cette affaire Necotrans est contre les intérêts du Sénégal.